"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec La Révolution brune de David Schoenbaum, l'étude du nazisme est passée du stade anecdotique au stade scientifique, de l'horreur des charniers et des champs de bataille à la froide objectivité de données sociologiques et quantitatives.
1933, date de l'accession de Hitler au pouvoir, plus que 1918, date de la déposition de Guillaume II, marque le début réel d'un processus de « modernisation » de l'Allemagne traditionnelle.
Arrivé au pouvoir avec une idéologie prônant le retour à la terre et à la petite entreprise, plus généralement à une image mythique de l'Allemagne médiévale, féodale ou barbare, le régime nazi accéléra dans la pratique le processus de transformation du pays en une société industrielle moderne, n'empêchant finalement ni l'exode rural, ni la liquidation de la petite entreprise, ni le travail féminin, « démocratisant », mieux que ne l'avait fait la République, l'armée et les administrations, en noyant les élites aristocratiques et bureaucratiques traditionnelles sous un flot d'arrivisme petit-bourgeois. En 1945, terme du processus, année zéro d'une nouvelle Allemagne, la vieille Prusse a cessé d'exister. Paradoxalement, le nazisme a créé les conditions d'exercice du régime démocratique stable qu'est la République fédérale.
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