"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au printemps 581, deux armées se préparent à s'affronter dans la plaine de Champagne. L'enjeu de la bataille est le contrôle de l'Austrasie, le plus grand des royaumes mérovingiens. Soudain, une femme en armes apparaît entre les lignes ennemies et exige des guerriers qu'ils mettent fin à leur querelle. Par ce fort belliqueux geste de paix, Brunehaut vient de faire son entrée dans l'Histoire.
Cette grande dame du vie siècle souffre pourtant de la légende noire attachée à son nom. Trop souvent, son règne est décrit comme une suite de meurtres, de vengeances et de sacrilèges, dont le moteur aurait été une haine inexpiable envers sa belle-soeur Frédégonde. Quant à l'épouvantable supplice qu'elle subit en 613, on le donne généralement en modèle de la barbarie mérovingienne. Par-delà l'image d'Epinal, il est aujourd'hui nécessaire de revenir aux sources contemporaines. Le rôle du médiéviste est de relire ces textes, de les confronter avec les résultats des disciplines nouvelles, pour bâtir un récit plus attentif à la vérité historique ; peut-être moins « romantique », mais tout aussi vivant et trépidant.
Brunehaut retrouve alors sa véritable dimension, gigantesque, à la mesure d'un royaume qui s'étendait de la Bretagne à l'Adriatique et du Pays basque aux frontières du Danemark. Là, pendant près de quarante ans, cette « Barbare » oeuvra à la préservation de la civilisation romaine. Sous son règne, l'autorité de l'Etat, le principe d'un impôt équitable et la littérature classique vécurent un été indien. Mais Brunehaut fut aussi une femme dépourvue de toute nostalgie. Sa pratique subtile de la justice et son usage des relations d'homme à homme - ou doit-on dire de femme à homme ? - font d'elle l'une des créatrices de la civilisation médiévale. Amie des papes et des moines réformateurs, elle rendit également possible l'évangélisation de l'Angleterre et contribua grandement à l'émergence de la chrétienté occidentale.
A la rupture entre Antiquité et Moyen Age, entre passion pour le pouvoir et espoir permanent d'une existence paisible, Brunehaut est un personnage étrange et complexe, une figure qui mérite assurément d'être redécouverte.
Né en 1976, Bruno Dumézil est maître de conférences en histoire médiévale à l'université de Paris-X. Ancien élève de l'Ecole normale supérieure et agrégé d'histoire, il a récemment écrit un brillant ouvrage sur les Racines chrétiennes de l'Europe (Fayard, 2005), qui a connu un extraordinaire succès (plus de 10 000 ex. vendus et une presse unanime).
Bien qu'il ne se contente pas de raconter que la vie de Brunehaut, il commence avec la chute de l'empire romain, et finit avec la chute des Mérovingien et l’avènement des Carolingien, ce livre est excellent à lire. Très facile d'accès, il se lit comme un roman. Clair, bien travaillé, simple à suivre, et accompagné de carte sur le royaume franc de l'époque, (ce qui peut se révéler très utile pour suivre et comprendre, surtout au début) j’ai adoré lire ce livre, et en découvrir un peu plus sur la chute de l’empire romain ou sur les mérovingiens. Et même s’il n’existe plus beaucoup de source sur cette époque, - et les sources ne sont pas toujours fiables en plus -, je l’ai trouvé plutôt bien exhaustif, car l’auteur a su prendre de la distance par rapport aux documents en replaçant dans le contexte certains écrits. Certes ça reste de la supposition et je ne suis pas experte sur les mérovingiens, mais comme il faut accepter l’idée qu’on ne connaîtra pas tout sur cette époque, pour le moment et en attendant d’en apprendre plus, ça me va. Le truc c'est que les documentaires sur Brunehaut ne court pas les rues. Bref.
A côté de cela, l’autre atout de ce livre, c’est qu’il nous fait découvrir en plus de la politique mérovingienne, les personnages de cette époque, qui faut le dire ne manquait pas de grands esprits (personnellement j’ai adoré découvrir Venance Fortuna), et surtout de grands stratèges ; et ça c’est quelque chose qui saute aux yeux quand on lit ces pages. Bien sûr beaucoup ont été des girouettes, mais comme à l’époque il fallait savoir, pour survivre et aussi maintenir l’équilibre, jouer avec ses amis comme avec ses ennemis ça reste compréhensible. D’ailleurs à un moment dans le livre l’auteur fait un parallèle entre les jeux et la politique, et je pense vraiment que cette comparaison n’est pas de trop, puisque c’était un peu comme une partie d’échec ou de Go la politique à l’époque et chose étrange ça marchait plutôt bien.
Pour parler un peu plus de Brunehaut, j’ai trouvé cette femme IN-CROY-ABLE ! Certes elle a souffert d’une légende noire, les récits qui ont réécrit l’histoire comme le "Liber Historiae Francorum" et les écrits de Frédégaire (et il y a d’autres sources), n’ont pas été toujours sympas avec. Mais mine de rien, malgré la légende noire qui n’a pas toujours lieu d’être, cette femme de pouvoir était un génie de la politique. Rusée, habile, elle savait manier la justice (se montrer ferme et magnanime à des fins politiques), et faire jouer les alliances… mieux que personne. Elle était d’ailleurs tellement douée comme reine ou plutôt comme régente, que beaucoup de grands de l’époque, comme le pape ou l’empereur de l’empire romain d’Orient, s’adressaient à elle avant de s’adresser aux rois des royaumes francs, enfin là je parle surtout des rois de la Burgondie et de l’Austrasie. Mais c’est tellement complexe à suivre que je ne rentrerai pas dans les détails, même si c’est pourtant très simple à comprendre. Sachez seulement que c’est une histoire de mort, d’alliance et d’âge. Cela dit on peut noter en passant que malgré ces aléas Brunehaut a toujours su retomber sur ses pattes. Toujours ? presque. La chute de cette branche mérovingienne arrivera par Clotaire II, et la mort de Brunehaut sera à la hauteur du personnage, à côté Marie-Antoinette a eu une mort plus douce…
Enfin bon, ce livre reste une excellente base et si la vie de Brunehaut et même plus, (le côté politique, religieux) vous intéresse, lisez-le vous ne serez pas déçus.
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