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Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible », écrivait Antoine de Saint-Exupéry. C'est exactement ce que font les rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec, ou IPCC en anglais), créé par les Nations unies. Depuis bientôt trente ans, les scientifiques évaluent, compilent, calculent, estiment la situation pour rendre l'avenir possible. Les trois derniers rapports spéciaux - sur le réchauffement à 1,5 °C ; sur les sols et l'alimentation ; sur l'océan et la cryosphère (les surfaces gelées) - qui ont été publiés rappellent la situation alarmante dans laquelle se trouve l'humanité du point de vue du climat. Dans le premier rapport, les scientifiques évaluent les conséquences d'un réchauffement limité à 1,5 °C en 2100 par rapport à l'ère préindustrielle - objectif de l'accord de Paris -, comparé à un réchauffement à 2 °C. Les différences entre un monde 1,5 °C et 2 °C plus chaud sont importantes. « Il y a des différences régionales très claires du niveau moyen de réchauffement à terre et en mer, des changements statistiques des événements extrêmes, à savoir les vagues de chaleur sur toutes les régions habitées, des précipitations torrentielles ou des épisodes de sécheresse pour certaines régions comme le pourtour méditerranéen », précise Valérie Masson-Delmotte.
Sur les sols, le constat est critique, comme nous l'explique Nathalie de Noblet-Ducoudré. La pression ne cesse de croître, qu'elle résulte directement de la déforestation, des pratiques agricoles intensives, de l'érosion amplifiée par le changement climatique. Une remise en cause de nos modes de fonctionnement, spécialement de nos systèmes agricoles, devient urgente. En changeant drastiquement nos manières de produire de la nourriture, de la distribuer et de la consommer, nous pourrons lutter contre cette insécurité alimentaire qui menace. Le dernier rapport aborde l'eau et la glace, qui couvrent la majorité de la surface du globe. Là encore, pas de quoi se réjouir. Les glaciers fondent, l'équilibre des courants marins est rompu. Le niveau des océans monte et continuera de le faire. En première ligne, les populations des zones côtières, qui n'auront pas d'autre choix que de s'adapter ou partir.
« S'adapter » est le terme qui traverse ces analyses. S'adapter est nécessaire : le changement climatique est là et bien là, n'en déplaise à ses contempteurs. Mais continuer à agir pour le limiter reste primordial. L'interconnexion de ses multiples facteurs rend l'équation complexe : il n'y a pas de solution miracle que l'on puisse appliquer partout. Chaque région du monde est particulière. Des efforts importants devront être faits, car les flux financiers nécessaires, considérables, ne pourront pas être mis en oeuvre sans une volonté politique et sociétale. Sinon, la réalité nous rattrapera et l'équilibre de notre humanité sera en danger. Une menace qui était déjà la préoccupation des scientifiques de la fin du XVIIIe siècle, qui commençaient à s'inquiéter de notre rôle possible sur le climat. Aujourd'hui, ce rôle est évident. Écoutons les scientifiques : ce sont des zélateurs et non des zélotes. Ce dossier est donc aussi une exhortation, pour chacun de nous, à être partie prenante de l'action.
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