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Du Discours du?Caire, adressé en 2009 par Barack Obama à un «?monde musulman?» dont il présupposait l'unité, à la prolifération des «?dialogues interreligieux pour la paix?», la religion apparaît aujourd'hui comme centrale dans les relations internationales. Cette perception débouche sur des initiatives politiques présentées comme autant d'antidotes face aux troubles attribués au «?retour du religieux?» dans l'espace mondial.
Pourtant, contrairement à ce que laisse entendre le mythe d'un système international sécularisé, les dieux n'ont jamais cessé d'être mêlés aux affaires du monde. En Europe même, où la souveraineté de l'État s'est formée contre l'autorité de l'Église, les relations entre religion et politique sont restées imbriquées. Dans le monde postcolonial, des mobilisations à dimension religieuse ont souvent formé un ressort de l'accès à l'indépendance et donc une condition de l'acquisition de la souveraineté.
La longue ignorance de cette «?part des dieux?» a laissé place, à partir des années 90, à une surinterprétation du retour du religieux dans l'analyse des relations internationales. Le succès des représentations confessionnalisées du désordre mondial et des initiatives politiques qui s'en sont inspirées, souvent en réponse à différents avatars de la thèse du «?choc des civilisations?», a eu un effet auto-réalisateur?: elle a incité des acteurs qui échappaient jusqu'alors aux labels religieux à les mobiliser stratégiquement. C'est au prisme du terrain indonésien notamment que l'auteure étudie cette évolution, tout en s'attachant à montrer l'autonomie d'individus et de sociétés échappant aux assignations d'identités religieuses uniformisantes.
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