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Et si Rachi, le plus grand commentateur de la Bible, était aussi un médecin ? Une plongée dans l'univers de ce grand humaniste, toujours moderne. Rachi (1040-1105), le célèbre rabbin de Troyes, est connu dans le monde entier comme le plus grand commentateur de la Bible et de la grande majorité du Talmud, l'exégète, le penseur, le grammairien, le linguiste, l'enseignant... Ce symbole du génie français et du judaïsme était-il aussi un médecin ? Et si c'était le cas, quelle formation avait-il suivie ? Comment ne pas s'interroger quand on constate la précision avec laquelle Rachi aborde de nombreux domaines médicaux : la prévention, l'hygiène, l'anatomie, la nutrition, la fertilité...
Si l'on réunit ses commentaires liés à la santé, on relève l'étendue de ses connaissances médicales et sa grande érudition dans ce domaine. Se dessine alors le portrait du praticien qu'il aurait pu être : une importante connaissance livresque associée à un vrai sens clinique, qui laisse supposer qu'il a lui-même réalisé des actes médicaux. Une facette méconnue de Rachi. Une plongée dans l'univers de ce grand humaniste, symbole toujours moderne d'un judaïsme ouvert sur le monde.
En cette période grise de crise sanitaire, un livre qui épouse parfaitement les attentes des citoyens du monde entier : que la médecine apporte une réponse scientifique mais également humaine.
Dès l’introduction Ariel Toledano donne le ton : « La médecine, quels que soient son évolution et les progrès à venir, doit conserver une approche individualisée du patient, car elle n’a pas pour ambition de sortir les humains de leur condition d’humain (…) ne pas rentrer dans une ère du post-humanisme technologique ».
Rachi, nommé aussi Rabbi Salomon, est né vers 1040 en Champagne. Vigneron de son état, il a commenté la Bible hébraïque et une large part du Talmud, mais, plus surprenant, ce sont ses écrits sur la médecine alors que d’aucuns doutent d’une quelconque formation scientifique. Pourtant, ses descriptions sont précises et ses conseils visionnaires. Et intemporels puisqu’il précise bien que la médecine se pratique en trois phases : l’interrogatoire, la clinique et le traitement et que « Rachi attribue une grande importance à l’observation ».
Visionnaire, vous avez dit visionnaire ? La preuve apportée par le Dr Toledano. Au onzième siècle, Rachi préconisait…le lavage des mains pour l’hygiène alors que ce n’est pas du tout dans l’air du temps et qu’il faudra attendre jusqu’à Pasteur au XIX° pour qu’enfin on prenne en compte cette règle élémentaire de protection. Et encore… L’anecdote sur le médecin Ignace Philip Semmelweiss en dit long : en 1846 il recommandait le lavage des mains pour empêcher les germes invisibles d’être transmis sur les femmes en couches et ainsi éviter les fièvres puerpérales ; il fut moqué, dédaigné, jusqu’à être révoqué !
Autre préscience de Rachi, celle sur l’élevage. Ô combien ses recommandations diététiques sont modernes tant sur la quantité de ce que nous avalons que sur la qualité, bel exemple avec : « Le lait de vache est le meilleur des laits mais à condition qu’il soit produit par des vaches au repos et non par des vaches qui travaillent en continu ». Beau coup de sabot envers les futures fermes industrielles et désastreux élevages intensifs.
Mais ce qui interpelle le plus dans le parcours de Rachi, c’est sa pensée et sa croyance en l’homme et sa force pour affronter l’adversité, en s’appuyant sur les textes hébraïques. Là, se dessine un petit traité sur le bonheur et l’espérance, le tout baigné dans un esprit d’humanisme et de tolérance. En ces temps obscurs, ce livre devient manuel, Rachi un mentor et Ariel Toledano un prescripteur.
Déjà la Genèse montre que les difficultés peuvent être surmontées « Il fut soir, il fut matin, jour un », d’où l’explication que « cette image symbole d’espérance rappelle la création conjointe des ténèbres et de la lumière, de la maladie et des moyens d’en guérir ».
Quelques parties plus techniques restent un peu plus étrangères au lecteur profane mais c’est l’ensemble du document qui est une ordonnance pour le monde en général et la médecine en particulier, un protocole pour que cet art du soin demeure avant toute chose un geste humaniste en considérant chaque personne singulière et en apportant autant de science pour le corps que de réconfort pour l’âme. D’Hippocrate aux médecins d’aujourd’hui et ceux de demain. Sans oublier de contempler la beauté du monde comme le clamait Rachi, tenter de la saisir malgré l’éloignement de la nature et de ses bienfaits par nos enfermements citadins.
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