"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai failli être à ta place un jour, et c'est pour ça que je me suis permise d'inventer ce monde pour parler avec toi. On peut supporter la tristesse, mais elle est une garnison impuissante contre la cécité de la tragédie. Une mère et son enfant ne peuvent pas être contemporains, quel que soit l'âge, et pour cette raison même, celle que j'étais à seize ans ne pourrait pas se lier d'amitié avec toi. Chacun refusant d'être sauvé, jeunes nous ne pourrions pas nous sauver l'un l'autre. Plus vieille - et tu étais encore jeune -, j'étais la Reine Blanche qui installait le panneau. Ne laisse pas chère mère nous trouver. C'était toi le plus doué pour se cacher.
D’emblée j’ai imaginé cette maman convoquer l’image et la voix de son fils qui a choisi le suicide à 16 ans.
Faire son deuil comment ? Cela semble impossible, faire une tentative de compréhension du geste le plus intime qui soit et qui laisse les parents dans la douleur la plus absolue.
« Quelle mère considérerait comme un poids de vivre dans le vide laissé par un enfant ? Expliquer ; du latin ex (« dé- » + plicare (« plier »), (« déplier »). Mais qualifier d’inexplicable le geste de Nicolai, c’était comme qualifier de perdu un oiseau migrateur se retrouvant sur un nouveau continent. Qui peut dire que l’oiseau vagabond n’a pas une bonne raison de modifier le cours de son vol ?»
S’engage une joute verbale entre la maman et le fils qui montre leur fonctionnement et le niveau intellectuel de ces deux êtres à fort potentiel.
« Comment peut-on croire qu’un jour il était là et le lendemain il n’était plus là ?
Comment peut-on savoir un fait sans l’accepter ? Comment peut-on accepter le choix d’une personne sans le contester ? »
Le lecteur avance à pas feutrés dans cette intimité faite de mille petits riens qui tissent une existence.
Le lien si particulier et unique entre une mère et son enfant.
Un enfant, à la fois familier dans sa chair et un étranger dans le grand bain du monde qui nous entoure.
Redonner vie à son enfant par la magie des mots plutôt étirer sa vie encore quelques instants, comment l’imaginer et comprendre l’indicible.
Comment s’accrocher à une paroi lisse ?
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 12 janvier 2020.
J'étais très enthousiaste à l'idée de lire ce livre m'attendant à être complètement bouleversée par cette conversation écrite par une mère ayant perdu son enfant de 16 ans.
La plume délicate est là, la beauté des échanges, les souvenirs très touchants. Il n'y a pas de pathos mais de l'amour et de la tendresse dans ces discussions.
La discussion ne tourne pas autour de reproches heureusement donc pas de lamentations. La mère se confie à son fils sur sa vie après son décès tout en y intégrant des fragments de souvenirs. J'ai aimé le rapport à l'écriture de la mère.
Mais voilà je n'ai pas été touchée car ce sont des discussions un peu trop décousues pour moi. La magie n’a pas opéré malgré la jolie plume.
Explorateur de la rentrée littéraire 2019
J’ai ouvert le nouveau livre en grande partie autobiographique de Yiyun Li avec angoisse et un pincement au cœur. Le sujet du suicide d’un enfant est, en effet, terrible et j’appréhendais de me lancer dans ma lecture, de partager, à travers les mots de Yiyun Li, son expérience tragique et sa douleur.
Nikolaï, fils de Yiyun Li, s’est donné la mort à l’âge de seize ans. Yiyun Li ne comprend évidemment pas le geste de son enfant qu’elle n’a pas su anticiper et surtout éviter. Sa peine et sa souffrance sont si grandes et si profondes qu’elle commence à écrire pour exorciser. Son roman tel une catharsis est le reflet de ses pensées, l’évocation de ses souvenirs, un dialogue post mortem avec son fils.
J’avoue, j’ai eu beaucoup de difficultés à rentrer dans ce roman. Tout d’abord, les thèmes abordés sont effroyables (suicide d’un enfant, le deuil d’une mère) à lire pour la maman que je suis. Il est évident qu’être confronté en tant que lectrice à un tel chagrin, partager la culpabilité et les tourments de Yiyun Li a été pour moi difficile et j’ai plusieurs fois dû interrompre ma lecture.
Yiyun Li rend, c’est indéniable, un bel hommage à son fils avec délicatesse et poésie mais j’ai cependant été dérangée par son style. En effet, l’auteur utilise le plus souvent la forme du dialogue pour évoquer des discussions fictives mais réalistes avec son fils, elle relate des joutes verbales, des digressions sur l’étymologie des mots entre lesquelles s’intercalent des bribes de souvenirs, des réminiscences d’évènements marquants. Ce procédé narratif m’a paru fastidieux et j’ai parfois été perdue lors de ma lecture. De plus, je confesse que les parties du texte relatives à l’étymologie et les finesses de la langue ne m’ont pas du tout intéressée alors qu’il s’agissait de passions communes à Nikolaï et sa mère.
Enfin, j’ai regretté de ne pas mieux connaître Nikolaï, de ne le rencontrer qu’à travers les yeux de sa mère. De ce fait, je n’ai pas réussi à m’attacher à cet enfant si singulier, indubitablement précoce et très souvent déconcertant. Evidemment, la relation qui l’unissait à sa mère était unique mais je ne l’ai pas ressentie comme universelle, pouvant s’inscrire dans la normalité car très (trop ?) particulière.
Pour conclure, je dirais que je suis restée en dehors de ce roman malgré toute la sensibilité et l’amour que Yiyun Li a consacré à son récit, son témoignage. Je n’ai pas été sensible à sa plume, je n’ai pas éprouvé les sentiments profonds et intenses auxquels je m’étais pourtant préparée et c’est, contre toute attente, une lecture qui ne m’a pas touchée alors que le sujet aurait dû intensément me marquer. Dommage.
http://cousineslectures.canalblog.com/
La Douceur de nos champs de bataille est le court dialogue d’une mère avec son fils Nikolai qui s’est donné la mort à 16 ans. Ce n’est pas à proprement parler un récit mais plutôt un dialogue à la première personne où la mère se souvient, se pose des questions et donne seule le point de vue de son fils.
Ce roman a été très déroutant pour moi de prime abord.
Le titre est merveilleusement bien choisi avec tout ce qu’il comprend de tendresse maternelle. Mais les 30 premières pages m’ont laissée perplexe. J’ai en effet été surprise par la narration qui mêle intimement le monologue avec le fils, l’échange des souvenirs et des sentiments et une conversation portant sur la forme, l’importance des mots, la rhétorique qui, je l’imagine, était un de leurs sujets de prédilection.
Au fil des pages, je suis finalement rentrée dans l’intimité de cet échange. On comprend le fils brillant, idéaliste, se questionnant sur la vie à cet âge charnière de notre existence. On entrevoit la lente descente vers la tristesse, la mélancolie, la souffrance. On ressent la douleur de la mère, la confusion des sentiments qui rappelle la construction des mots dont le sens questionne. On devine le manque, les regrets, la culpabilité.
Ce qui fait la force de ce récit à la narration complexe, est à mon sens la pudeur et la force poétique des mots qui subliment le drame et le transforment en un hommage sensible et beau d’une mère à son fils.
Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 page 80 :
Yiyun Li a perdu un fils de fils de 17 ans et dans ce récit, pour se reconstruire, elle dialogue avec lui. Avec ce fils qu’elle a sublimé, elle parle de poésie, se chipote sur l’étymologie des mots, les adjectifs, etc…
les 80 premieres pages, explorateurs de la rentrée
Douceur? ce mot peut il rimer avec deuil?
sans doute oui, quand il est développé en 150 pages par Yiyun Li!
Douceur, champs de bataille , oxymores , ces mots ne vont pas ensemble !
Le deuil le plus impossible à imaginer, celui d'un enfant après son suicide. D'ailleurs il n'y a pas de mot pour définir un parent qui a perdu un enfant.
J'avais repéré ce livre mais éliminé d'emblée car le sujet me paraissait trop dur..Je n’avais pas envie de le lire, en fait !!
et donc quelqu'un l'a choisi pour moi..merci pour ce cadeau !!
Explorateurs de la rentrée..suite!!et fin
Lecture commencée … passée la surprise, un poème, bon point, j'aime la poésie, je n'en lis pas assez.. ca va me plaire.. dialogue, sans guillemets, une mère.. sans nom, un enfant Nikolai, son petit frère J. Très vite on comprend que Nikolai s'est suicidé il y a peu, par une journée normale, il était allé en classe, comme tous les matins, comme tous les enfants de 16 ans. Sa mère discute avec lui par l'esprit.
Par cette porte, nous pénétrons leur intimité, celle d'avant, pas de reproches, pas d'explications non plus, nous ne saurons jamais ce qui a poussé ce jeune homme au pire geste, juste que sa mère a eu la même idée au même age.. mais elle est là !
Comment donc expliquer que je n’ai pas aimé ce livre, que parfois je me suis vraiment ennuyée, que je l'ai posé 10 fois et repris..11
En fait j’avais accepté l'idée de lire un livre dont j'avais volontairement évité le sujet.. les poèmes m'avaient accrochée, tout comme les mots dont les deux protagonistes décortiquent l'origine, qu'elle soit anglaise, latine ou autre tels fathom, deadline, enfold, unfold..comme ils décortiquent le vocabulaire utilisé » par l’un ou par l’autre, d'ailleurs le fils critique sans cesse les mots utilisés par sa mère, il « chipote » la pauvreté de son vocabulaire, l'incite à employer davantage d'adjectifs ou moins..
Dès qu'un passage me plaît, je reprends confiance et la suite me déçoit : « le vide n'est pas la même chose que le dépouillement « dis je
« encombre, dans ce cas, dit il. Clutter, clatter, clot, cluster »
« aucun mot ne me délivrerait du néant qu'il laissait »
Je pourrais citer des dizaines de phrases qui m'ont touchée, mais dont l'ampleur est retombée très vite. En fait, je pense que le livre n'est pas servi par la traduction, je n'ai pas retrouvé la poésie annoncée par les critiques américains, j'ai plutôt lu des phrases qui ont alourdi les pensées de l'un comme de l'autre. Délibéré ou involontaire, je ne sais, mais je suis restée sur ma faim, c'est peut-être du au fait que je traduis moi aussi des textes originaux et n'ai pas retrouvé la fluidité recherchée et attendue.
Le livre aborde de très nombreux thèmes, sans doute réellement discutés par la mère et le fils qui se dévoile très probablement précoce dans sa vision du monde et très différent des jeunes de son age.
J'ai trouvé la mère touchante de douleur et de retenue, le fils.. exaspérant et l'ensemble .. dérangeant !
Merci tout de même à Karine Papillaud et à Lecteurs.com..
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !
Je suis tout à fait d'accord. J'aurais voulu connaître le fils et leur relation avant le drame.