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Nous étions en août 2007 lorsque la crise éclata dans le coeur de l'impérialisme américain et de l'impérialisme européen. La profondeur de la crise financière apparut clairement, dans une accélération frénétique, à partir du printemps 2008. Entre mars et septembre, une dizaine d'établissements financiers américains majeurs ont fait l'objet d'une faillite.
Dans le même temps, en Europe, à peu près autant de banques ont été sauvées par les gouvernements ou par d'autres banques. La catastrophe s'est en grande partie concentrée dans le mois de septembre. Elle est passée dans la mémoire collective, sous forme simplifiée, comme « l'écroulement de Lehman Brothers ». La panique qui apparut alors fut le catalyseur de la récession.
La récession a été tenue en bride par les interventions publiques massives, budgétaires et monétaires, mais surtout par l'Asie émergente, qui a continué à croître à un taux proche de 7 % tandis que les économies avancées reculaient de 3,2 %. Sans cette vaste région du monde qui a maintenu ses moteurs à plein régime, la récession des économies matures aurait été beaucoup plus longue et il aurait été bien plus difficile de contenir les tensions protectionnistes initiales.
La crise elle-même a entériné certains changements qui sont déjà des résultats de la lutte interimpérialiste. Le modèle financier anglo-saxon en est sorti gravement mutilé.
Les colosses financiers ont démontré qu'ils avaient encore un réseau d'influence très dense sur le monde politique, mais le mythe de leur indestructibilité est anéanti.
L'extension globale de la crise et de la nouvelle phase de la confrontation impérialiste a confirmé la nécessité pour les États et les régions monétaires de prendre des dimensions continentales.
Les dimensions continentales de la Chine changent non seulement les proportions mais aussi le sens stratégique de la lutte entre puissances ascendantes et déclinantes, selon toutes les perspectives.
La dette publique écrasante avec laquelle les vieilles métropoles sortent de la crise les rendra vulnérables pour au moins dix ans. Le défi, dont le résultat n'est pas garanti, sera de conserver le caractère libre-échangiste du cycle, en délimitant les transgressions ou les exceptions protectionnistes.
Les crises produisent déceptions et désillusions, mais aussi peur et confusion. Pour la classe ouvrière, ce sont des moments de souffrance, et de besoin de clarté. C'est une conquête difficile car, précisément dans les moments de crise, les fractions bourgeoises cherchent à diriger les prolétaires contre d'autres prolétaires, opposant l'instinct de survie à l'instinct de solidarité. Mais il n'en reste pas moins le fait que les crises sont la confession d'impuissance du capitalisme face à ses contradictions, la trahison de ses promesses aux jeunes générations, démasquant la démocratie devant l'accroissement de l'inégalité sociale. Les crises sont le moment de réaffirmer encore une fois que le nombre de la classe n'est une force que s'il est guidé par la science et par l'organisation.
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