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La bonne vie... Ce récit, sous-titré "roman du Milieu" lors de sa parution en 1925, dépeint avec une sombre truculence, parfois sordide et toujours juste, la vie au sein des maisons closes où le bourgeois vient étancher sa soif de plaisirs interdits, ces temples dédiés à l'amour à la française où l'on se presse du monde entier pour goûter au raffinement du Paris des années folles. Mais loin glorifier le folklore de cette autre "belle" époque après la grande boucherie de la première guerre mondiale, Jean Galtier-Boissière.
L'un des grands journalistes polémistes de l'après-guerre, nous fait découvrir l'envers du décor. La bonne vie, c'est le récit du quotidien de trois "macs", représentant bien le Milieu de l'époque. Il y a là Ptit Louis, ancien condamné militaire ; petit proxénète qui a jeté son dévolu sur deux jeunes soeurs fraîchement débarquées de leur Bretagne natale. Il a tout prévu : le train jusqu'à Bordeaux avec un complice, on ne sait jamais, les gamines pourraient se rebeller, et après l'embarquement pour les Amériques : elles ont gobé l'histoire de la tournée de music-hall et ne se doutent pas qu'elles ont été vendues à un bordelier de Buenos Aires.
On découvre aussi Eugène Fouat, dit "Gras-du-genou", le commerçant spécialisé en femmes, qui va s'associer avec Sarah, l'ex-prostituée pour constituer un empire dans le Paris de l'entre-deux guerres. On croise aussi Joseph Mourron dont une prostituée s'est amouraché : il a de la chance, c'est une travailleuse "un bon bifteck", il n'a pas besoin d'aller à l'usine. Pour eux il y a deux sortes d'hommes : "ceux qui payent les femmes et ceux auxquels les femmes en lâchent".
Écrit sous forme de récit, il dépeint une réalité quelque peu occultée par les romans policiers, le cinéma, la presse... toute la production de cette mythologie du Milieu, des voyous et de Paris capitale du plaisir et des amours. Tout ceci n'est en fait qu'une industrie du sexe, pour laquelle travaille un peuple de femmes et d'enfants, sous la coupe réglée des "beaux-mecs", des proxénètes sans scrupules, et encadrée par la République qui maintient ordre et santé publique en fermant les yeux sur la violence au sein de ces maisons.
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