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Lever le regard sur le monde est la seule façon de saisir le véritable horizon des luttes de la classe ouvrière. Nous publions une étude de la bataille sidérurgique mondiale au moment où un chapitre concernant les grands processus de restructuration en est à peine à ses premières page en Chine. D'autre part, sur le Vieux Continent, la bataille européenne pour ILVA, que se disputent le regroupement autour du colosse ArcelorMittal et l'ensemble AcciaItalia, ou même l'intérêt exprimé par ThyssenKrupp pour les installations britanniques et néerlandaises de Tata Steel, ne sont que les épisodes les plus récents de la longue concentration sidérurgique en Europe. C'est un processus long de plus d'une décennie, accéléré par la crise de restructuration des années 1970, et qui s'est poursuivi en relation avec l'unification politique de l'impérialisme européen, aiguillonné à son tour par l'ascension de la Chine.
Restructuration européenne et restructuration chinoise, donc. En réalité, ce sont deux chapitres qui se complètent réciproquement, parce que la Chine entreprend, dans des proportions différentes et avec des caractères spécifiques différents, un processus que les vieilles puissances - et donc l'Europe - ont traversé il y a une quarantaine d'années.
Il y a un fait crucial, et c'est peut-être la principale réflexion à laquelle ce livre peut contribuer : même la bataille de défense des intérêts immédiats de la classe ouvrière dans la sidérurgie européenne ne peut avoir pour point de départ qu'une vision mondiale. Une indication d'Arrigo Cervetto, dans une école de parti du 14-15 août 1970 (aujourd'hui disponible dans les oeuvres récemment publiées en Italie), s'avère utile : « Voir les rapports de production comme étant limités à l'usine ou au pays signifie ne pas comprendre la situation de la classe ouvrière par rapport aux autres classes. C'est en ce sens qu'il faut apporter la conscience de l'extérieur des masses ouvrières. » Si les liens mondiaux ne sont pas expliqués en termes internationalistes, « on prépare l'utilisation de la classe ouvrière par une fraction de la bourgeoisie dans la lutte inter-impérialiste, ouvrant ainsi la voie au social-impérialisme ».
Sans une solide vision internationaliste, les travailleurs sont enrôlés dans un combat entre capitalistes européens et capitalistes chinois, et ne peuvent même pas organiser leur propre défense de façon réaliste. L'Europe a engagé une bataille sur la compétitivité pour être en mesure de soutenir la lutte internationale entre les capitaux, et la politique impérialiste contre les salaires en fait partie intégrante. La simple défense des intérêts immédiats de notre classe n'est même pas possible sans une opposition énergique à l'impérialisme européen.
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