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L'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933, sur fond de crise européenne, a donné une nouvelle figure et un nouvel élan à un antisémitisme qui avait puisé des racines profondes et anciennes dans la chrétienté occidentale. Désormais sont associés racisme et nazisme, formant une doctrine que le christianisme considère comme un retour au paganisme. De là pour l'Eglise catholique une situation difficile à la fois sur le plan politique et sur le plan intellectuel.
Devait-elle condamner haut et fort cette haine d'État qui débouchait sur la "solution finale" - l'extermination d'un peuple -, et comment le pouvait-elle sans contredire son histoire ? Le recul historique a modifié notre regard sur cette période tragique. Tout ce qui avait été plus ou moins confusément accepté a été remis en question. On a découvert avec étonnement un silence à double face : silence réprobateur des autorités qui auraient dû condamner ces mesures ; silence protecteur de tous ceux qui ont contribué à sauver des juifs.
Ce double silence a particulièrement affecté l'Eglise catholique en France et à Rome. Depuis les années 60, venue d'Allemagne, la dénonciation du silence du Vicaire - Pie XII - a beaucoup occupé les médias, simplifiant à outrance une affaire plus complexe et nuancée, mais aussi évolutive. Le paradoxe qu'explore cet ouvrage, c'est qu'on reporte toute la responsabilité de ce silence sur une Église que, par ailleurs, on voudrait cantonnée dans la vie privée.
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