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À trente-cinq ans, Evan Hunter, déjà auteur d'un roman à succès (Graine de violence, 1954), se voit confier l'écriture du scénario du nouveau film d'Hitchcock, inspiré d'une nouvelle de Daphné Du Maurier : Les Oiseaux (1963). Passé l'émerveillement à l'idée de travailler avec un réalisateur qu'il admire, Hunter va connaître ses premiers désenchantements : difficulté à boucler la version définitive du texte, atermoiements de Hitch, interventions in extremis de « lecteurs critiques » et parasites divers, scènes peaufinées à force de réécriture qui ne seront jamais tournées. Le baptême du feu est rude mais, même s'il s'achève sur un désaccord majeur entre les deux hommes à propos de la conclusion du film (le dernier mot revient évidemment au cinéaste), Hitch embauche Hunter pour travailler au scénario de son long métrage suivant, Pas de printemps pour Marnie. Cette fois, les divergences de vue qui se font jour dès le début du projet sont fatales à l'écrivain : après avoir mis le point final au scénario, Hunter se voit signifier son licenciement sans préavis : il a osé proposer une version alternative d'une scène de viol qui lui déplaisait mais qui, aux yeux d'Hitchcock, était la raison d'être du film. Ce texte se révèle fascinant à plus d'un titre. C'est d'abord un formidable témoignage de l'intérieur sur la « méthode Hitchcock », à un moment charnièren de sa carrière. Obsédé par l'idée de tourner à nouveau avec Grace Kelly et désireux d'être enfin reconnu comme un artiste et non comme un raconteur d'histoires, Hitchcock oscillait constamment entre rigidité et indécision avec ses collaborateurs. Le ton, encore très amer, de cette expérience ne transforme pour autant jamais le récit en règlement de comptes : il donne à voir, avec un humour toujours caustique, un « Maître du suspense » au naturel, tantôt généreux et émouvant, tantôt capricieux et mesquin... Hunter revient aussi longuement sur des questions filmiques, scénaristiques, prenant le lecteur à témoin de ses choix. En outre, Hunter insère dans son texte plusieurs scènes non filmées ou jamais montées et nous offre donc l'équivalent des « scènes coupées » que l'on trouve en bonus des DVD. Plusieurs textes complètent utilement le récit d'Evan Hunter : Jean-Luc Douin signe la préface du livre et procède à un inventaire commenté des thèmes cinématographiques chers à Hitchcock. Une analyse du film Les Oiseaux par Donald Spoto restitue le film dans la chronologie et l'oeuvre d'Hitchcock, avec une lecture de la mise en scène et du contenu. Une lettre de cinq pages adressée par Hitchcock à Hunter après avoir pris connaissance de sa première mouture du scénario des Oiseaux est retranscrite in extenso. Enfin, un texte, fruit d'un travail de documentation de Pierre Brévignon, commente les rapports de Hitchcok avec les scénaristes.
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