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Mars 1930, Henry Miller pose un premier pied à Paris, un premier pas vers la réalisation de son rêve, vivre à Paris, vivre de rien et, surtout, écrire. Si la rage d'écrire devait être définie par une personne, ce serait par Henry Miller. À 40 ans, le New-Yorkais d'origine n'a pourtant encore rien publié. Menant à Paris une vie de bohème, il y fait la rencontre de ceux qui l'influenceront et qu'il influencera, publiant enfin en 1934, Tropiques du Cancer, qui sera très vite suivit de nouveaux succès.
Henry Miller est né au mitan de la journée du 26 décembre 1891, à New York. Fils d'un tailleur, Heinrich, et de Louise, femme puritaine, psychorigide et autoritaire. Très vite, Henry s'ennuie, il flâne et lit beaucoup, ce qui n'est pas bien vu dans son milieu. C'est dans les livres qu'il découvre son attrait pour la France et Paris : Rimbaud et Rabelais le fascinent. En attendant, il trouve des boulots, s'y ennuie, se marie, divorce, fréquente June Mansfield et l'épouse. C'est elle qui le poussera à écrire et qui lui paiera le voyage jusqu'à Paris ainsi que lui donnera quelques sous pour y vivre. De 1930 à 1939, Henry Miller vivra à Paris, y croisera Brassaï, Céline, Cendrars... et surtout Anaïs Nin. Ils se rencontrent, s'aiment et s'encouragent tous les deux à l'écriture. En 1934, sort Tropic of cancer, son premier livre, traduit en français une dizaine d'annés plus tard.
François-Xavier Freland fait revivre Miller à Paris et Miller en gestation. C'est à Paris qu'il deviendra un écrivain. Ce n'est pas une biographie qui narre tous les faits et gestes de l'auteur, mais un portrait à un moment donné : les années 30 à Paris. La seconde partie, plus courte évoque les années suivantes et le rapport qu'entretenait l'écrivain avec la France et Paris : ses allers-retours, ses écrits...
L'essai est court et abondamment illustré d'extraits de livres ou de lettres de Miller et quelques autres qui ont écrit sur lui, comme ses proches : Anaïs Nin, Blaise Cendrars, Brassaï ou Alfred Perlès. Ceux-ci sont inclus dans le texte à la fois exigeant et accessible de FX Freland et s'y coulent parfaitement. L'exercice n'a pas dû être simple que de faire coller ces extraits dans sa propore prose, mais l'auteur lui-même belle plume, le fait sans que l'on sente la difficulté. Tout est fluide.
Sans faire l'impasse sur ses frasques, sur son amour des femmes, FX Freland ne s'arrête pas à cela. En son temps, certains l'ont traité de pornographe -il y a d'ailleurs eu un procès en France contre lui pour ce motif et son Tropic of cancer a été interdit aux USA jusqu'en 1961-, mais c'est évidemment très réducteur. On assiste à la naissance d'un écrivain qui influencera bon nombre d'autres, qui libérera l'écriture, un peu comme Céline l'a fait en France, permettant au langage oral une percée remarquée dans le roman. Plus largement, il sera cité par des chanteurs, des écrivains, des artistes de la beat generation, des hippies... et tellement d'autres.
De retour aux USA pendant la guerre, Miller n'aime pas ce qu'il y voit : "L'Amérique change à vitesse grand V. L'industrie de l'armement tourne à plein régime, le pays devient lentement La puissance. Les buildings s'imposent, écrasant les maisonnées. Le bonheur est vertical à en avoir la nausée." (p.136) Lui l'adepte d'une vie simple, anticonsumériste, écolo lorsque l'on ne parlait pas encore d'écologie devrait être (re)découvert par tous en ces temps où la planète va mal. Ce n'est pas la seule raison, mais c'en est une bonne.
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