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François Rouan est de ceux qui ont regardé Matisse. Les papiers découpés des années 1965-1966 en témoignent d'abord : tout a commencé avec ces travaux sur papier, colorés, découpés, entrecroisés, retournés ou tressés. Mais déjà la découpe ne sert pas seulement à quantifier la couleur. Elle devient pour Rouan un outil - ou mieux, un modèle - pour arracher le plan moderniste à la tentation du lisse, de la pureté simplificatrice et minimaliste.
Des premiers papiers aux toiles tressées de plus en plus complexes des années 1969-1970, tressées dessus/dessous, dedans/dehors, à trois ou quatre trames, la peinture a fait surface, littéralement. Le champ du tableau se fend et s'ouvre pour produire une épaisseur de sillons et de plis, pour laisser passer du corps.
Aujourd'hui, le travail de peinture de François Rouan reconduit ces mêmes procédures de tressage, toujours pour ouvrir le plan du tableau à plus de corporéité, pour affirmer la réalité d'une rugosité, pour faire surgir la présence de corps et de figures non immédiatement identifiables en tant que tels, mais empreints dans la substance même du tableau.
Le livre La découpe comme modèle confronte ces deux séquences de travail de peinture de Rouan, distantes de quarante ans : celle des années 1966-1970, et la plus récente, celle des années 2007-2011.
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