"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le projet Face au Silence de Christophe Agou s'est vu décerner le 17e Prix européen du livre de photographie (European Publisher's Award for Photography). Réuni en mai 2010 à Athènes, le jury était composé des six éditeurs européens de livres de photographie : Apeiron Photos (Project Leader 2010) , Dewi Lewis Publishing, Braus Verlag, Peliti associati, Lunwerg Editores et Actes Sud, et de Mme Fani Konstantinou, conseillère pour la photographie au Benaki Museum d'Athènes.
Déjà remarqué par la critique internationale pour plusieurs travaux (notamment Life Below, 2004, une traversée en noir et blanc du métro new-yorkais), Christophe Agou, né en 1969 à Montbrison (Loire), petite commune située au pied des monts du Forez, quitte la France en 1992 pour s'installer à New York. Cet exil précoce et volontaire, cette soif d'immersion dans un monde tout autre, est à l'image de l'oeuvre que Christophe Agou développe depuis une vingtaine d'années : une exploration empirique et intuitive d'univers, de situations, d'êtres, qu'il appréhende par imprégnations progressives et dont il ne rend compte qu'au moment où il se sent entré en résonance intime avec eux. Adepte de la sentence rimbaldienne «Je est un autre», Agou semble habité par la seule mais entêtante quête des formes multiples et mouvantes de l'altérité. Passant avec une égale aisance du noir et blanc à la couleur, du paysage au portrait, du reportage au document, il ne privilégie aucun style, veillant à renouveler sans cesse les formes et les conditions de sa propre vision.
Durant l'hiver 2002, Christophe Agou revient dans sa région du Forez et parcourt ces âpres territoires dont il n'a rien oublié. Il y fait la connaissance de familles d'agriculteurs dont il devient un proche, au fil des visites régulières et des échanges épistolaires. Face au silence, fruit de huit années de rencontres et de partage, ne constitue en rien un document ou un reportage sur une certaine forme de ruralité dans la France de ce début de siècle. Les seuils des fermes que Christophe Agou franchit pour nous s'ouvrent sur des visages d'hommes et de femmes qui forcent le respect et incitent à une méditation solitaire.
À la manière d'une chronique rythmée par de saisissants bien qu'immobiles travellings, la «matière» et la texture quotidienne des vies, des travaux, des éléments se donnent ici à voir dans une réalité presque organique.
Journal intime et singulier d'existences gouvernées par les nécessités du labeur et le poids des saisons, Face au silence, par la puissance contenue et empathique de sa vision, parvient à nous congédier de notre posture de spectateur pour nous faire appartenir - le temps d'un livre - à une communauté de destins.
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