Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
New-York, 1968. Pour Georgette George, la narratrice, l'entrée à l'Université est une véritable libération, presqu'un soulagement. Elle laisse derrière elle une petite ville ravagée par la crise économique, une mère envahissante, des hommes violents et une famille désunie. Sur le campus, sa colocataire, Ann Drayton, vient d'un tout autre horizon. Dès son plus jeune âge, elle a connu le luxe, les cours d'équitation et les voyages en Europe. Mais, tout comme Georgette, elle rejette son milieu d'origine, ses parents, et son pays : « nous voulons que l'Amérique regarde ses crimes en face » explique-t-elle avec rage. Entre les deux jeunes filles, c'est le début d'une amitié passionnée, placée sous le signe d'une influence mutuelle. Après la faculté, Georgette débute une carrière journalistique dans la presse littéraire et féminine. Elle s'occupe aussi de sa jeune soeur fugueuse. Ann, de son côté, radicalise ses opinions politiques et son engagement. Par amour autant que par défi vis-à-vis de son milieu, elle s'installe avec Kwame, un militant des Black Panthers de Malcolm X. Une violente dispute sépare les deux amies.
Plus tard, Ann pousse son engagement politique jusqu'à l'extrême en tuant un policier. Elle refuse l'avocat prestigieux de ses parents lors de son procès et se voit condamnée à perpétuité.
Un jour, Georgette reçoit à son journal un texte écrit par une détenue qui évoque Ann. En prison, cette dernière reste une femme forte, charismatique, dont l'influence rayonne sur la vie carcérale. Au début des années 80, elle meurt du sida, en prison. C'est la fin brutale et inévitable de la jeunesse pour Georgette. Divorcée, elle tente de raconter cette amitié et les furieuses années 60-70 à ses filles.
Le titre français Et nos yeux doivent accueillir l'aurore est extrait de la chanson Restless Farewell (1964) de Bob Dylan, morceau fétiche des deux héroïnes.
Un très beau titre, extrait de la chanson Restless Farewell (1964) de Bob Dylan, morceau fétiche des personnages de ce texte et une belle couverture m'ont incité à découvrir ce texte. Naïvement, je me suis dit qu'il allait s'agir d'une texte léger, l'histoire de jeunes filles, dans les années 60 aux Etats Unis.
Ce roman-récit est le portrait de femmes dans les années 60 à New York. Il y a Georgette-George, la narratrice, Ann Drayton, sa co locataire dans sa chambre d'université, sa sœur, Solange, un peu border line.
L'auteure nous décrit très bien les années 60 dans NYC, dans les universités, dans le monde de l'édition.
A travers le portrait de ces trois femmes, elle va aborder de nombreux sujets, les droits civiques, la libération sexuelle, la place des femmes dans la société, le militantisme radicale, le mouvement hippie, le "sex, drug and rock'n roll", les maladies mentales.
J'ai beaucoup apprécié suivre les itinéraires de ces personnages et ai été touché par les choix ou non choix de ces héroïnes. Des pages sur le militantisme universitaire, sur Woodstock, Les Rolling Stones et leurs fans.. la guerre du Vietnam, la ségrégation raciale.
A travers les "petites histoires" de ces filles, l'auteure nous parle de la société américaine de cette époque. Il y a des événements politiques, sociaux. Et il y a aussi une sacrée bande son, avec les concerts de Woodstock, l'excessive passion de la sensible Solange pour Mick Jagger.
Et le texte devient un roman policier, avec le procès d 'Ann.
Un texte que j'ai lu avec un réel plaisir et je vais continuer ma découverte de cette auteure.
#Etnosyeuxdoiventaccueillirlaurore #NetGalleyFrance
1968. Georgette et Ann entrent à l’université. La première vient d’une petite ville miteuse de l’Etat de New York et est soulagée d’enfin échapper à son milieu étriqué, fait de précarité et de violence. La seconde vient de l’autre extrémité du spectre sociologique, issue d’une famille riche et bourgeoise du Connecticut. Georgette et Ann n’étaient donc a priori pas faites pour se rencontrer et encore moins devenir amies. Mais Ann, qui depuis des années rejette en bloc son milieu « sudiste et esclavagiste », son luxe et ses privilèges, a demandé à partager une chambre avec une étudiante issue d’un milieu modeste.
Au début, Georgette n’a que faire de la sollicitude et de la bonté de sa colocataire, qu’elle prend pour de la condescendance, et dont elle a du mal à croire qu’elle est sincère et désintéressée. Consternée par le romantisme de la vision d’Ann sur les classes défavorisées et discriminées, elle finira cependant par se laisser apprivoiser peu à peu, jusqu’à ce que les deux deviennent des amies inséparables.
Cette amitié ne fera pourtant pas long feu. Après une violente dispute, leurs chemins se séparent, jusqu’en 1976, où Ann est arrêtée, puis condamnée, pour le meurtre d’un policier. Georgette cherche alors à renouer le contact, à tendre la main à celle qui l’a marquée bien plus qu’elle ne l’avait imaginé.
Au travers de la relation d’amitié chaotique entre Georgette et Ann, c’est l’histoire récente des USA qui nous est racontée : du vent de liberté apporté par les années 60 au puritanisme des années 90 en passant par Woodstock, les hippies, les mouvements pour les droits civiques, les Black Panthers et le Weatherman, l’apparition du sida. Georgette, narratrice, nous montre le contraste entre une époque de libertés et d’expériences en tous genres (sexe, drogues), de luttes et de convictions, et celle qui, à peine deux ou trois décennies plus tard, apparaît tout aussi précaire mais beaucoup plus dure, étriquée, dangereuse. Avec cette question paradoxale : pourquoi, comment est-on passé de l’une à l’autre ? Pourquoi, comment, les jeunes hippies d’hier ont-ils fermé ces horizons pour leurs enfants ?
Portrait d’une époque, le roman est aussi le portrait fascinant d’Ann, radicale, fanatique, entière, sans compromis, poussant ses convictions à l’extrême, fidèle à ses idéaux quitte à briser quelques vies (dont celles de ses proches) et quitte à paraître égoïste et illégitime dans ses combats.
Portrait également de Georgette, évidemment, puisqu’elle est narratrice, mais un portrait presque en creux, tant elle apparaît conventionnelle, ordinaire, effacée face à la personnalité si forte d’Ann.
La chronologie du roman est éclatée, avec de nombreux flashbacks, mais l’auteure en maîtrise brillamment la construction de bout en bout. Le roman est dense, foisonnant de références que je n’avais pas toujours, mais cela ne nuit pas au plaisir de lecture. Parce que c’est aussi un roman intelligent, nostalgique, émouvant et captivant, qui donne à réfléchir sur la légitimité de l’appropriation culturelle et sociale (telle celle d’Ann qui s’engage dans des luttes qui ne sont pas celles de son riche milieu WASP), et sur les conséquences concrètes d’un idéalisme lorsqu’il est porté jusqu’au bout.
En partenariat avec Le Livre de Poche via NetGalley.
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