Ce roman repose sur deux histoires qui se déroulent en parallèle, un chapitre consacré à l’histoire de Sarah, le suivant consacré à celle de Julia comme un concerto à deux instruments type le concerto pour violon et harpe de Mozart, à 60 ans d’écart. Celle de Sarah est poignante, elle nous...
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Ce roman repose sur deux histoires qui se déroulent en parallèle, un chapitre consacré à l’histoire de Sarah, le suivant consacré à celle de Julia comme un concerto à deux instruments type le concerto pour violon et harpe de Mozart, à 60 ans d’écart. Celle de Sarah est poignante, elle nous plonge dans l’horreur, on a beau savoir ce qui s’est passé, cela reste en quelque sorte abstrait pour nous qui n’avons pas vécu à cette époque.
Ici, la petite fille nous raconte les choses avec ses mots à elle, percutants, dans l’émotion au départ et après avec de plus en plus de froideur car c’est la seule façon pour elle de s’en sortir.
En quelques jours, la petite fille de 10 ans est devenue une adulte. Elle résiste car elle a promis à son frère de revenir le chercher.
Julia est l’américaine type, elle laisse sortir ses émotions au fur et à mesure de ce qu’elle découvre. Parfois, elle est énervante car elle semble donner des leçons, elle nous pousse à nous sentir coupable de n’avoir rien fait, de n’avoir pas voulu savoir et c’est pour cela qu’elle est attachante. (C’est vrai, j’avoue je ne connaissais pas les camps du Loiret notamment Beaune-la-Rolande.)
Elle est extravertie alors que nous traînons cette vieille culpabilité due à notre éducation judéo-chrétienne avec le cortège des secrets de famille, des émotions tues car on ne doit pas se donner en spectacle et ça nous dérange. Et surtout elle pose la question qui hante (et que Jean-Jacques Goldman à si bien exprimé dans sa chanson « si j’étais né en 17 à … aurais-je été meilleur ou pire que ces gens…» » , de quel côté aurait-on été : résistants ou collabo ? « on ne saura jamais vraiment ce qu’il y a dans nos ventres… »
J’aime ce personnage, car je la comprends et j’aime son combat pour la justice, la reconnaissance de ces crimes sur lesquels Jacques Chirac s’exprimera, ce sera la première fois qu’un Président de la République française osera reconnaître que la France a eu des responsabilités en 1942.
Elle mène en parallèle un autre combat : alors qu’elle est plongée dans la mort des enfants juifs, elle se retrouve enfin enceinte et son mari lui demande froidement d’avorter car il ne veut pas de bébé, il veut vivre en bon égoïste qu’il est.
Tous les personnages du roman sont intéressants, la grand-mère Mamé haute en couleur et en énergie, le père de Bertrand dont la personnalité se modifie à mesure que Julia découvre des choses du passé et une complicité s’installe entre eux d’ailleurs, Zoé qui soutient sa mère dans ses recherches avec de plus en plus d’enthousiasme.
Et aujourd’hui:
J’ai beaucoup aimé ce livre. Ce sujet me tient particulièrement à cœur. J’avais été séduite par le film où Kristin Scott-Thomas est éblouissante et c’est le film qui m’avait poussée à lire le roman.
Je suis plus nuancée qu’à l’époque, car Tatiana de Rosnay joue avec nos émotions, l’héroïne se posant parfois en donneuse de leçon, mais c’est important de le lire, et de le faire lire aux ados…
L’émotion est donc toujours là , ce livre est très présent dans ma mémoire, surtout avec les populismes qui montent inexorablement, le négationnisme qui surfe allègrement sur la vague…