"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Exposition présentée à la Villette d'avril à août 2010.
Catalogue de l'exposition du Parc de la Villette, le présent ouvrage rassemble les dernières oeuvres du sculpteur Duane Hanson, considéré de nos jours comme une fi gure majeure de l'hyperréalisme américain. Il a ainsi représenté «le rêve américain» à travers quinze personnages grandeur nature, qui donnent l'illusion de présences humaines, à la fois attirantes et inquiétantes : femmes de ménage, ouvrier, étudiants.... Figées dans leurs pensées, le regard absent, ces incarnations semblent résignées au vide de leur existence et de leur isolement. Bruce Bégout off re sont point de vue original sur le travail de l'artiste.
Disparu depuis quelques années, Duane Hanson (1925 - 1996 ) reste le sculpteur hyperréaliste américain par excellence. Bien plus célèbre que John de Andrea ou Jacques Verduyn, politiquement plus engagé que Ron Mueck, moins humoristique que Maurizio Cattelan, Duane Hanson a posé dès sa première œuvre « Abortion » (Avortement) les fondements d’un art collant à la réalité quotidienne d’Américains moyens. Des archétypes en quelque sorte. Mais raconte-t-il cette Amérique-là ou est-il dans la satire sociale ? Un peu des deux, je pense.
Venu tard à la sculpture, à la fin des années 60, Duane Hanson est l’enfant spirituel du Pop Art, tout spécialement du sculpteur George Segal et, dans une moindre mesure, de Claes Oldenburg. Au fil des années, sculpture après sculpture (et non pas mannequin après mannequin), il a dressé une galerie de figures, toutes emblématiques du « Rêve américain ». Par leur impressionnante ressemblance avec des êtres vivants, elles mettent en évidence la condition humaine. Prenons le cow-boy, dérisoire sans son cheval, perdu dans notre monde moderne, victime de l’isolement, de la solitude et de l’aliénation.
Plusieurs pages de cette monographie sont consacrées à cette technique stupéfiante du « life casting » qui consiste à réaliser des moulages directement sur le corps du modèle vivant. Et c’est ainsi qu’est obtenu cette vision quasiment identique de la vie, sans le mouvement. « Il ne leur manque que la parole ». Si bien qu’il devient difficile de faire la différence entre ces sculptures grandeur nature et les visiteurs dialoguant avec eux. Les objets réels, véritables accessoires, accentuent cette porosité entre l’art et la vie, tout en prenant une distance avec les acquis des avant-gardes. Hanson n’est pas Pablo Picasso, loin de là. C’est tout le paradoxe du travail de Hanson : tout en collant à la représentation du réel, il cherche à s’en détacher pour créer des figures « universelles », parlant à tout un chacun …
En quatre mots : lucide, critique, déroutant, fascinant.
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