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Chassé de son pays d'origine par la Grande Famine, Thomas McNulty, un jeune émigré irlandais, vient tenter sa chance en Amérique. Sa destinée se liera à celle de John Cole, l'ami et amour de sa vie. Dans le récit de Thomas, la violence de l'Histoire se fait profondément ressentir dans le corps humain, livré à la faim, au froid et parfois à une peur abjecte. Tour à tour Thomas et John combattent les Indiens des grandes plaines de l'Ouest, se travestissent en femmes pour des spectacles, et s'engagent du côté de l'Union dans la guerre de Sécession. Malgré la violence de ces fresques se dessine cependant le portrait d'une famille aussi étrange que touchante, composée de ce couple inséparable, de Winona leur fille adoptive sioux bien-aimée et du vieux poète noir McSweny comme grand-père. Sebastian Barry offre dans ce roman une réflexion sur ce qui vaut la peine d'être vécu dans une existence souvent âpre et quelquefois entrecoupée d'un bonheur qui donne l'impression que le jour sera sans fin.
Le jeune Thomas McNulty a fui la Grande Famine irlandaise dans l’espoir d’une vie meilleure en Amérique. Aux côtés de celui qui est devenu son inséparable compagnon, John Cole, il endosse la tunique bleue et combat les Indiens dans les grandes plaines de l’Ouest, se travestit en femme pour chanter dans un cabaret, puis s’engage dans l’armée de l’Union pendant la guerre de Sécession. Et aussi, comme pour conjurer la violence qui les cerne, John et lui adoptent une fillette sioux après le massacre de tous les siens.
Les westerns modernes n’ont heureusement plus grand-chose à voir avec ceux des années trente à cinquante. Terminé le mythe des gentils et virils cow-boys confrontés à la cruauté des sauvages indiens. D’abord, en un hommage au fils gay de l’auteur, c’est un couple homosexuel qui, évoqué avec une pudeur et une délicatesse contrastant singulièrement avec les violences induites par les guerres et par la prévalence de la loi des armes en cette période de l’histoire américaine, joue le rôle principal dans cette vaste fresque. Et puis, Indiens, soldats et colons se retrouvent emportés, la plupart du temps bien malgré eux à leur petit niveau, dans une spirale infernale où s’enchevêtrent inextricablement, jusqu’à leur faire perdre toute raison, misère et famine, peurs et représailles de plus en plus terribles. Dépassés et impuissants, Thomas et John constatent amèrement que nul autour d’eux n’échappe au processus de pourrissement qui transforme peu à peu les protagonistes les plus raisonnables en incontrôlables bêtes fauves.
Alors que les massacres entre colons et indiens ne concernent déjà plus que les territoires les plus occidentaux d’Amérique, c’est bientôt le Nord et le Sud qui s’empoignent à leur tour dans un nouveau carnage dont les enjeux passent encore par dessus la tête des simples soldats employés comme chair à canon. Toujours, le regard et le bon sens paysan de Thomas traduisent en mots simples et imagés la nécessité de suivre le mouvement et de tenter de survivre, souvent tout court, parfois le moins mal possible. Et l’on demeure saisi par tant d’instinctif à-propos, exprimé avec une innocence et une sincérité encore amplifiées par la langue un peu frustre de cet homme condamné depuis la naissance à une existence des plus humbles.
Ce naturel contribue pour beaucoup à l’attachement du lecteur pour ce couple étonnant de courage et d’humanité, qui, en adoptant une fillette sioux après avoir contribué à l’extermination de sa tribu, relègue par ailleurs définitivement tout manichéisme loin de ces pages en permanent clair-obscur. Aussi brutal soit leur contexte, les personnages parviennent à y préserver, chaque fois que possible, ces tranches de bonheur qui donnent malgré tout son prix à leur vie.
Une grande réussite donc que ce roman plein d’aventure et d’émotion, écrit à la hauteur d’un humble émigré irlandais jeté dans le chaudron d’une jeune Amérique en ébullition. L’on retiendra incidemment que les Amérindiens ont de tout temps considéré l’existence d’hommes à tendance féminine et de femmes à tendance masculine, portant au moins à quatre le nombre de genres humains.
Cet étonnant western m'a surprise de bout en bout par sa façon très singulière d'explorer les fondements de la nation américaine ( l'émigration et la dispersion d'un peuple sur des terres inhospitalières , la guerre de Sécession et le génocide amérindien ) jusqu'à construire une méditation profonde sur la notion d'identité nationale.
Le héros est un tout jeune Irlandais qui a traversé l'Atlantique, déterminé à se forger une nouvelle vie, en Amérique, après le choc traumatique de la Grande famine qui a décimé sa famille. Il atterrit dans le Missouri à la fin des années 1840. Tour à tour danseur travesti dans un saloon pour mineurs en manque de femmes, soldat dans l'armée américaine pour exterminer les Amérindiens, soldat dans l'armée unioniste, on colle aux pas de ce personnage incroyablement souple et mobile. Sa narration est terriblement propulsive, très chargée aussi, hantée par les cris de la guerre civile et des carnages d'Amérindiens, traversée par une nature sauvage et punitive ( très proche d'un Cormac McCarthy dans ce registre ) qui abat sur les hommes faim, canicule, fièvre jaune, inondation et pluie verglaçante. Certaines scènes sont saisissantes, pas tant par la violence décrite, réelle, mais par la puissance de leur clarté à la retranscrire en flairant le banal dans l'apocalyptique, et inversement. Les descriptions de combat au corps à corps sont ainsi souvent dérangeantes mais jamais gratuites.
Le roman est tout aussi inattendu par le choix d'un personnage principal homosexuel, revêtant avec bonheur une tenue féminine en temps de paix tout en cochant toutes les cases des stéréotypes virilistes du guerrier lorsque le clairon retentit. Qui plus est lorsqu'avec John, son amoureux rencontré à l'adolescence dans le saloon, ils « adoptent » une fillette sioux. Cette fluidité des genres tout comme cette redéfinition de la famille respirent l'anachronisme, et pourtant, on y croit tellement tout est rupture, refonte, plasticité dans ce pays mouvant dévasté par la convoitise des frontières et l'anarchie. On y croit à cette famille de substitution dans ce pays fracturé peuplé de figures spectrales et de quasi squelettes affamés errants à la recherche d'un lieu pour se poser et être heureux.
La potentielle lourdeur des symboles est miraculeusement allégée par la sincérité de la voix de Thomas, exceptionnel narrateur avec son éloquence verbale bien au-dessus de celle à laquelle on s'attendrait. Elle surprend par sa simplicité pleine de sagesse et sa candeur juvénile, questionne et charme. La prose de Sebastian Barry est souvent éblouissante, notamment lorsqu'elle se pare d'accents lyriques qui rendent hommage à la somptuosité de la nature qui force l'admiration.
« le souffle de nos trois cents chevaux forment une brume qui s'élève dans la fraicheur de novembre. Leurs corps chauds fumaient sous l'exercice. On avait ordre de rester en formation mais les vieux séquoias nous laissaient pas faire. Ils nous écartaient comme si c'était eux qui se déplaçaient. On aurait pu attacher jusqu'à cinquante chevaux au tronc de certains. Les oiseaux d'Amérique, toujours étonnants, piaillaient d'un arbre à l'autre et faisaient tomber des myriades de gouttes de givre depuis les cimes. de temps en temps, on entendait un crépitement comme un tir de mousquet. Les arbres avaient pas besoin de nous. Ils faisaient leurs petites affaires. Nous, on était bruyants, avec notre harnachement, nos éperons, nos sacoches qui se heurtaient et s'agitaient, les sabots de nos chevaux qui frappaient le sol. Pourtant, les soldats parlaient à peine, on chevauchait sans un mot, comme si c'était une chose entendue. Alors que c'était les arbres qui nous réduisaient au silence. »
Mais ce qui charme le plus, malgré les atrocités qui traversent le roman, c'est son optimisme presque joyeux. Contrairement au couple condamné de Brokeback Mountain, l'homosexualité de Thomas et John n'est pas un drame, c'est un recours pour survivre aux remous de la vie. Aux fracas de l'extérieur, répond le calme quasi sacré de l'intériorité d'un couple qui s'aime tendrement, avec pudeur, et puis c'est tout.
Formidable roman qui aborde des thèmes et des genres comme ses héros traversent les Etats d'un pays en devenir. Sans boussole ni certitudes, mais avec tendresse et fidélité envers les hommes et la nature, sans que la cruauté et les absurdes conflits soient absents du paysage. Rien n'est comme on l'attend vraiment dans ce livre. L'art de surprendre porté à un très haut niveau. Et quand la littérature nous surprend, c'est que l'on a choisi le bon livre.
Sebastian Barry est écrivain irlandais d'exception, il suffit de plonger dans l'un de ses romans pour s'en rendre rapidement compte. Des jours sans fin, son sixième roman traduit en français s'inspire tant de son histoire familiale que de celle de son pays. Une aventure humaine hors du commun.
Dans les années 1850, chassé de son pays d'origine par la Grande Famine, Thomas McNulty, un jeune émigré irlandais, part tenter sa chance en Amérique. Sur sa route, il rencontre le beau John Cole, qui devient l’ami et l’amour de sa vie. Livrés à la faim, au froid et à la peur, tour à tour, Thomas et John vont combattre les Indiens des grandes plaines de l’Ouest, se travestir en femmes pour monter des spectacles, et s’engager du côté de l’Union dans la guerre de Sécession. Jusqu’à ce que la violence de la guerre les rattrape…
Sebastian Barry se plaît à dire qu'il a mis cinquante ans à écrire Des jours sans fin. Enfant, dans son Irlande natale il avait l'habitude de se glisser dans le lit de son grand-père pour se réchauffer. Ce dernier lui racontait alors l'histoire de son arrière-grand-oncle parti faire la guerre contre les Indiens. Fort de cette légende familiale, Sebastian Barry a lu des dizaines d'ouvrages sur le massacre des Indiens et la guerre de Sécession. Il s'est imprégné de tout ce qu'il pouvait, il s'est attaché à entendre la voix de Thomas McNulty, cette voix qui l'a guidée tout comme celle de son fils, Toby, sa muse à qui il dédie ce roman. Cinquante ans pour donner naissance non seulement à un personnage hors norme, mais à un roman qui traite de l'exil, de la nature des hommes et de l'identité sexuelle.
Sebastian Barry décrit avec âpreté la faim, le froid, les grands espaces, la dureté de la nature, les absurdités de la guerre, la haine, les viols, le sang versé, le massacre des Indiens, la chasse des bisons, les instincts primaires des hommes et puis au milieu de ce sombre tableau, à l'opposé il y a cette touche de couleur baignée d'instants de bonheur et de légèreté, le plaisir de la danse, la beauté du paysage et celle de l'amour entre deux hommes, la douceur des gestes, l'amitié, la volonté malgré tout de fonder une famille aussi atypique soit-elle. Il y a d'un côté la violence et de l'autre, pour toute réponse, la générosité et l'amour.
La plume de Sebastian Barry est acérée, si bien que c'est sous tension que se lit Des jours sans fin. Heureusement l'humour de l'auteur qu'il parsème au détour d'une phrase, d'une page, permet de reprendre son souffle et de décompresser. Impossible de rester insensible à cette fresque puissante et intimiste à la fois. Le mieux est encore de lire Des jours sans fin pour s'en rendre compte.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2019/07/mon-avis-sur-des-jours-sans-fin-de.html
Est-ce que l’on peut dire d’un écrivain Irlandais qu’il a écrit un grand roman américain?
Cette question peut sembler étrange et pourtant en ouvrant « Des jours sans fin » vous allez plonger dans un western, dans un grand roman d'aventures, dans un récit sur les guerres indiennes et la guerre de sécession, dans un livre sur la construction des Etats-Unis.
Vous allez aussi découvrir une histoire d’amour intense entre deux hommes au cœur de l’horreur et le fait que l'amour est finalement la seule chose qui compte.
L'histoire est racontée par Thomas McNulty qui a quitté son Irlande natale lorsqu'il était adolescent pour échapper à la grande famine. A son arrivée, il rencontre un soir d’orage, sous une haie, le beau John Cole, légèrement plus âgé que lui mais aussi orphelin que lui. Ils ne se quitteront plus.
Leur vie sera une succession de coups durs, d’aventures, de guerres dans un pays qui peine à se construire mais ils puiseront une force incroyable dans leur amour l’un pour l’autre puis dans l’arrivée dans leur couple d’une enfant.
La langue est l'une des merveilles de ce roman. Avec Thomas McNulty, Sebastian Barry a créé une voix narrative singulière et inoubliable. Un mélange d’oralité et de phrases lyriques remplies de candeur et de métaphores, de grandes réflexions sur l'existence, la guerre, les liens affectifs, sur ce que nous voulons et ce que nous obtenons.
La prose de l’auteur est magnifique. Il décrit brillamment le paysage américain du milieu du XIXe siècle, ce siècle si brutal.
La manière dont il raconte les batailles effroyables et la violence des hommes est tout aussi saisissante que sa façon de nous parler des répercussions sur les personnes.
Et puis il y a toutes les descriptions évocatrices de la nature. J’ai ressenti le froid mordant, la chaleur écrasante, j’étais dans les grandes plaines.
Difficile de rendre justice à ce roman avec ma petite critique, mais je vous le conseille de toute mes forces.
L’auteur combine les histoires de guerre avec l'histoire d'amour de Thomas et John. C’est la violence et la cruauté, face à l’amour et la loyauté. C’est la possibilité d’une humanité face à l’inhumain.
La voix de Thomas McNulty résonnera longtemps dans ma tête.
Traduit par Laëtitia Devaux
Ce livre magnifique vous fait soudain mieux comprendre à quel point toutes les plumes ne sont pas égales. C'est ce qui m'est venu à l'esprit en le refermant. Je me suis dit que Sebastian Barry était un sacré écrivain, parce que ce qu'il parvient à rendre (et n'oublions pas le sublime travail de la traductrice, Lætitia Devaux), cette émotion à l'état pur, qui vous serre la gorge de bonheur est tout simplement exceptionnel. Avec une langue apparemment simple, celle d'un jeune homme peu instruit, il tisse une toile qui parvient à exprimer toute la complexité des sentiments, celle qui fait une vie. Et nous offre la figure d'un héros touchant et difficile à oublier.
Cette figure c'est celle de Thomas McNulty, jeune émigré irlandais, chassé comme beaucoup de ses compatriotes par la famine qui a décimé sa famille et arrivé en Amérique avec juste l'espoir de survivre. Sans rien, même pas un habit correct pour se vêtir. Il fait un jour la connaissance de John Cole, aussi pauvre que lui, à peine un peu plus âgé et les deux adolescents sont miraculeusement embauchés par M. Noone, un tenancier de saloon qui divertit ses clients grâce à un spectacle de gamins travestis en femmes. Jusqu'à ce que leur apparence physique change au point de ne plus être adaptée à leur emploi. Ils s'engagent dans l'armée et participent aux batailles contre les Indiens de l'Ouest ; plus tard, ce sera l'armée de l'Union et les horreurs de la Guerre de Sécession. Toujours ensemble. Amis et amoureux. Un embryon de famille bientôt enrichi de figures bienveillantes rencontrées au fil de leur parcours et même d'une fille adoptive, Winona, une jeune indienne dont la tribu a été massacrée. Et une vie qui se construit, sans rien ou avec peu, mais riche de tous ces liens qui leur donnent à chacun des raisons d'exister.
Ce qui est fascinant c'est cette dualité qui affleure tout au long du récit de la vie de Thomas et John, alternance des pires violences (scènes de guerre, terribles conditions de survie dans le froid et l'immensité des plaines de l'Ouest, massacres des indiens, guerre fratricide ensuite...) et de la douceur à peine esquissée mais bien présente entre les deux hommes puis vis à vis de leur fille. Une dualité portée par le personnage de Thomas qui agit comme un homme mais se sent si féminin, plus à l'aise en robe qu'en tenue de guerrier. La mort rôde à chaque seconde autour d'eux et pourtant, chacun de leur pas en avant est une ode à la vie. A ces petites choses que l'on partage avec ceux que l'on aime, juste parce qu'on a envie d'être avec eux.
Thomas McNulty est un homme simple, hanté par les images des morts de faim de son enfance, capable de s'émerveiller des couleurs d'un paysage, obligé de tuer sous les ordres de ses supérieurs afin de simplement assurer sa subsistance. Un homme qui apprend chaque jour à savourer les minuscules instants de beauté ou de bonheur offerts même dans les circonstances les plus rudes. On ne peut qu'être conquis par cet homme qui assume sa part de féminité dans un contexte où la virilité est de rigueur. Et par la beauté de la langue de Sebastian Barry qui trouve à chaque fois les mots pour exprimer cette dualité. Je ne m'attendais pas à prendre un tel plaisir en me replongeant dans le far west et la guerre de Sécession... Pourtant, ce livre m'a cueillie d'entrée et m'a déposée tout émue à la dernière ligne, le cœur gonflé de l'envie de continuer à apprécier la moindre parcelle de beauté.
Je n'ai plus qu'une chose à vous dire : lisez-le !
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