"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"En France, qu'il vienne d'ici ou d'ailleurs, le conservatisme a mauvaise presse : quand pour certains tout commence à la Révolution française, que la liberté ne se conçoit que comme table rase et que le Progrès et le progressisme jouent le rôle de religion moderne, on comprend qu'être conservateur y soit difficile. D'autant plus que depuis longtemps, le progressisme est majoritaire dans les milieux intellectuels.
Cependant, l'un des plus grands philosophes anglais contemporains a su offrir un puissant fondement intellectuel au conservatisme. Avec De l'urgence d'être conservateur, son livre le plus abouti, Roger Scruton dévoile le fil conducteur de sa pensée : l'importance de la tradition comme forme de connaissance, l'amour de la transmission, l'éloge d'une société civile autonome comme garante de la responsabilité et de la vertu, et le rôle central de la nation comme source de loyauté et objet d'affection.
Partant de la politique, Scruton aboutit à la métaphysique et à l'esthétique, pour appeler à la préservation du sacré et de la beauté, seuls capables de donner du sens à l'existence humaine dans un monde désenchanté. Et c'est sans doute là qu'il est le plus original, parvenant à relier une philosophie de la polis à une réflexion sur les grandes questions de la condition humaine." Laetitia Strauch-Bonart.
Vous souhaitez que Notre Dame soit restaurée à l’identique ? Vous vous inquiétez de la disparition dans les programmes d’histoire du collège de plusieurs personnages que vous teniez pour emblématiques ou importants (Clovis, Saint Louis, Henri IV, Louis XIV et XV, Napoléon) pour « permettre l’étude des civilisations extra-européennes comme l’empire du Mali ou la Chine des Hans ». Vous êtes un peu nostalgique de l’époque où le rôle de l’école se limitait à transmettre des savoirs ? Vous préférez Le Louvre au Centre Pompidou, le château de Versailles aux colonnes de Buren ? Vous sursautez lorsque vous entendez un Président de la république en exercice déclarer publiquement qu’ «il n’y a pas de culture française » ? Vous commencez à avoir un léger doute sur la pertinence de déléguer la souveraineté de votre nation à un groupuscule de fonctionnaires bruxellois ne rendant compte qu’à leurs semblables ? Le rythme d’arrivée des nouveaux immigrés vous semble un peu rapide au regard de nos capacités d’accueil et de leur volonté d’intégration ? Vous vous inquiétez, un peu, de pratiques culturelles (mariages forcés, excisions, crimes d’honneur) que vous pensiez réservées à de lointaines contrées et que vous découvrez soudain à quelques kilomètres de chez vous ? Vous respectez la loi, vous payez vos impôts et vous aimeriez que tous les habitants de votre beau pays en fassent de même ? Vous vous irritez, de temps en temps, que « l’état ne redistribue pas un bien commun (mais qu’) il crée des redevances sur les revenus des contribuables (qu’il) offre à ses clients privilégiés ?» Vous aimez votre famille, vous respectez vos morts et vous aimeriez que vos descendants vivent aussi bien que vous, ce qui motive vos inquiétudes et vos actions pour la préservation de l’environnement ? Vous tenez à leur transmettre quelques valeurs morales et pécuniaires ?
Si vous vous sentez l’envie de répondre affirmativement à la moitié ou un peu plus de ces questions, je ne sais comment vous le dire avec ménagement, mais oui, vous êtes atteint d’un conservatisme plus ou moins aigu.
C’est grave, docteur ? Oui et non. Oui, dans la mesure où c’est une affection contagieuse et qu’il va vous falloir la dissimuler à votre entourage sous peine de mise en quarantaine et d’un traitement de cheval à base de la trithérapie classique : réactionnaire, passéiste, xénophobe. Pour vous en défaire et échapper à l’opprobre, il existe un traitement, long mais assez efficace : gardez le silence et écoutez la bonne parole à la télévision, à la radio (de préférence sur le service public) ou dans les journaux. Vous deviendrez en persévérant un vrai progressiste, un multi-culturaliste convaincu et un égalitariste implacable.
Non, ce n’est pas si grave que ça, parce qu’en vérité, comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, vous n’êtes pas un cas isolé. Vous êtes sans doute entouré de conservateurs qui s’ignorent .Pour vous en convaincre et, éventuellement, avoir quelques arguments étoffés à opposer aux Trissotins qui vous en feraient grief, lisez donc l’essai de Roger Scruton. Vous y trouverez une pensée brillante et solidement étayée sur l’importance des traditions et des racines, sur la nécessité et l’amour de la transmission, sur les excès d’un état obèse qui se mêle de tout et de rien au lieu de faire bien ce pourquoi il est légitime : assurer la défense, la liberté et la sécurité de ses citoyens. Vous comprendrez comment l’inflation galopantes des Droits de l’Homme aboutit in fine à le priver d’un de ses droits fondamentaux, la Liberté. Vous serez en mesure de différencier ethnicité et culture et vous aurez, sans doute, retrouvé le goût de défendre l’état-nation seul à même, de veiller à la conservation du Territoire, de l’Histoire et des Coutumes. Vous serez conforté dans votre intuitive conviction que l’enjeu principal se situe à l’école et vous serez en mesure de tordre le cou à quelques poncifs qui ont toujours du succès comme celui qui tient pour acquis que « le nationalisme, c’est la guerre ».
Et, « last but not least », vous aurez en tête la définition assez étonnante du conservatisme que donne Roger Scruton : « Le conservatisme est la philosophie de l’attachement. Nous sommes attachés aux choses que nous aimons et nous souhaitons les protéger du déclin. Mais nous savons qu’elles ne peuvent durer pour toujours. Entre-temps, nous devons étudier les moyens par lesquels nous pouvons les retenir malgré tous les changements qu’elles doivent nécessairement subir, pour continuer à vivre nos vies dans la bienveillance et la gratitude. »
Non, Conserver n’est pas un gros mot, la preuve avec quelques synonymes : sauvegarder, soigner, préserver, sauver, épargner, entretenir, garder, ménager, maintenir, retenir, immortaliser.
Pas plus que transmettre : « Les bonnes choses dont nous héritons ne sont pas là pour être gâchées. Une ligne d'obligation nous relie à ceux qui nous ont donné ce que nous avons, et notre souci pour l'avenir en est la prolongation. Nous prenons en compte l'avenir de notre communauté non par des calculs de coûts et bénéfices, mais plus concrètement, en nous considérant comme les héritiers de bénéfices que nous devons transmettre ».
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