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« L'imaginaire », aujourd'hui dirigée par Yvon Girard, est une collection de réimpressions de documents et de textes littéraires, tantôt oeuvres oubliées, marginales ou expérimentales d'auteurs reconnus, tantôt oeuvres estimées par le passé mais que le goût du jour a quelque peu éclipsées.
Thomas de Quincey est resté célèbre pour deux textes qui sont « Les confessions d'un mangeur d'opium » (traduit en France par Baudelaire, avec des ajouts personnels de la main du poète, intégré dans son livre « Les paradis artificiels ») et pour le fameux « De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts » dont le but est de percevoir le meurtre sous un aspect esthétique.
Rédigé sous forme d'essai (une conférence fictive plus exactement), un conférencier anonyme, faisant partie d'une société secrète dénommée la société pour l'encouragement au meurtre mais désigné plus communément par soucis d'euphémisme évident, « Société des connaisseurs en meurtre ». Les membres de cette société se réunissent mensuellement pour digresser, débattre des derniers faits divers meurtriers comme s'il s'agissait d'un tableau ou d'une sculpture. Cette conférence-ci se place sous les auspices du meurtrier John Williams, dont les méfaits seront minutieusement décrits dans le « Post-Scriptum ».
Le passage ayant retenu mon attention concerne celui sur les philosophes où il affirme que « C'est un fait qu'au cours des deux derniers siècles tout philosophe éminent a été assassiné, ou du moins s'est vu tout près de l'être. » il commence avec Des Cartes (sic) qui à l'époque de ses 26 ans, cherchant une embarcation pour la Frise occidentale, découvre que l'équipage n'est constitué que de dangereux malfrats qui n'en voulaient qu'à sa bourse. Il réussit à se tirer de ce mauvais pas en leur parlant la même langue qu'eux et en les menaçant. Puis il enchaîne sur Spinoza, se basant sur un ouvrage du nom de « La vie de Spinoza » écrit par Jean Colérus, en prétendant que Spinoza aurait été empoisonné, il oublie, le sait-il même, que le philosophe hollandais avait manqué de se faire poignarder ? En tout cas je n'en ai jamais entendu parler. Il finit ensuite en déclarant que Hobbes aurait fait un « beau sujet d'assassinat » parce que, selon lui, il « mérite une rossée pour avoir écrit Léviathan, et deux ou trois rossées pour avoir écrit un pentamètre qui se termine aussi vilainement que par terror ubique aderat ! ».
Pour conclure, le point faible de ce livre est son manque de structure car le texte de chacune des trois parties défile comme si on naviguait sur des torrents indomptables. S'il avait intégré des titres à chaque paragraphe, cela aurait été un sérieux antidote à la lassitude qui peut nous gagner à sa lecture.
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