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Les livres sur de Gaulle ou Pétain ne manquent pas. En revanche, les livres mettant en scène les deux hommes sont peu nombreux. On se souvient de l'ouvrage de Jean-Raymont Tournoux (1964) ou d'Herbert Lottman, écrit il y a plus de dix ans. Depuis, rien n'a été tenté. Pourtant l'histoire de ce duo, de leur confrontation, est passionnante. Rappelons que ces deux chefs, d'abord unis par les liens très étroits d'une admiration profonde, vont s'opposer en juin 1940, l'un choisissant l'armistice, l'autre la poursuite du combat.
La première rencontre entre Pétain et de Gaulle date de 1912. Pétain est, cette année-là, commandant du 33e RI. À sa sortie de Saint-Cyr, de Gaulle, qui aurait pu choisir un poste plus convoité, demande à rejoindre ce régiment. Pétain sera alors une espèce de parrain qui supervisera la montée en puissance du jeune de Gaulle. C'est lui qui le fera entrer à l'école de guerre en 1927. Pour un jeune capitaine, l'appui du " vainqueur de Verdun " constitue un atout de poids.
Mais, en 1925, le capitaine de Gaulle rédige, à la demande du Maréchal, un ouvrage sur l'armée française. Pour lui, il s'agit d'un livre de De Gaulle qui sera préfacé par Pétain. Pour Pétain, c'est son livre, ses idées, mises en forme par de Gaulle. Les deux hommes se fâchent. Enfin, le 18 juin 1940, de Gaulle, sous-secrétaire d'État à la Défense, réagit depuis Londres à l'annonce du maréchal Pétain de mettre un terme aux hostilités. Les deux hommes incarnent deux attitudes face à la défaite : la collaboration pour l'un, la résistance pour l'autre. La radio, lecteur capital du combat idéologique, prend une place inédite jusque-là dans la propagande. Jugé par la Haute Cour d'avril à juillet 1945, Pétain, qui prononce une courte déclaration, est condamné à la peine de mort, à l'indignité nationale et à la confiscation de ses biens. Gracié par de Gaulle, il est emprisonné à l'île d'Yeu, où il mourut en 1951.
Fin connaisseur de la politique contemporaine, Frédéric Salat-Baroux remet dans une perspective vraie l'histoire de ces deux figures, déformée par les passions et le " politiquement correct ". Il réussit à éclairer d'un point de vue original leurs choix stratégiques avant et après 1914, traitant de leurs rapports humains et hiérarchiques tout en précisant leur rôle en mai-juin 1940, en novembre 1942 ou encore en 1945. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage les éléments du dossier qui lui permettront de tirer toutes les pièces d'un puzzle complexe.
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