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A l'occasion de l'année de l'Algérie, l'exposition « De Delacroix à Renoir. «L'Algérie des peintres » organisée par l'Institut du Monde Arabe, en partenariat avec le Clark Institute of Arts de Williamstown et le Musée d'Orsay, regroupe plus d'une centaine d'oeuvres, dont une quinzaine de tableaux de Renoir, réalisées durant le demi-siècle qui a vu s'amplifier en France entre 1832 et 1882 la vogue des sujets algériens tandis que s'opérait la colonisation du pays. L'exposition et le catalogue qui l'accompagne mettent en évidence la diversité des approches individuelles et rappellent ce que Renoir doit à ses prédécesseurs et en quoi l'impressionnisme s'articule aux expériences de l'orientalisme romantique (Delacroix, Chassériau, Fromentin, etc.). Les artistes qui partirent en Algérie dès 1830 n'en rapportèrent pas seulement une lumière plus intense, une palette plus chaude. C'est tout autant la nostalgie des temps et des moeurs primitifs, l'une des données centrales de l'orientalisme européen, qui est recherchée au Maghreb, à l'heure où l'Occident entend répandre sa modernité à travers le monde. A côté des paysages luxuriants ou désertiques, sont évoqués aussi campagnes militaires et chocs de cavaliers, scènes de genre à vocation ethnographique, voire à prétention anthropologique, seigneurs et chasseurs, pasteurs et bergers, odalisques, babouches et harems bien entendu : signes que l'orientalisme français excelle à produire et reproduire de l'altérité, à l'aide de codes que l'ouvrage s'attache à replacer dans leur vrai cadre d'analyse.
Après une section consacrée aux Femmes d'Alger et aux variations que le tableau de Delacroix a durablement suscitées, le parcours débute donc avec certains des meilleurs représentants de l'orientalisme romantique (Horace Vernet, Théodore Chassériau, Eugène Fromentin, etc.) pour aboutir aux naturalistes des années 1880-1890, qu'il s'agisse de Gustave Guillaumet, d'Etienne Dinet et de Paul Leroy, peintres du Sud authentique, ou de Jules Muenier et sa très matissienne Vue du port d'Alger.
Puis il évalue l'importance du thème algérois dans la carrière de Renoir. Durant son double séjour dans la ville blanche en 1881 et 1882 il a réalisé une trentaine de tableaux, dont quelques chefs-d'oeuvre. La dernière partie de l'ouvrage éclaire le sens de cette nouvelle poussée d'orientalisme, dix ans après la série des odalisques réalisées en hommage à Delacroix mais dans le contexte cette fois de la crise que traverse alors le groupe impressionniste et celui de la nécessité pour le peintre de se renouveler en trouvant une autre voie plus en phase avec le marché et les institutions.
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