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«À l'étroit dans le ventre de ma mère, alors qu'il ne reste plus que quelques semaines avant mon entrée dans le monde, je veille. J'entends tout. Un complot se trame contre mon père. Ma mère et son amant veulent se débarrasser de lui. La belle, si belle Trudy préfère à mon père, John, poète talentueux en mal de reconnaissance et qui pourtant l'aime à la folie, cet ignare de Claude. Et voilà que j'apprends que Claude n'est autre que mon oncle : le frère de mon père. Un crime passionnel doublé d'un fratricide qui me fera peut-être voir le jour en prison, orphelin pour toujours! Je dois les en empêcher».
Il y a quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre du XXIe siècle... Après L'intérêt de l'enfant, Ian McEwan n'en finit pas de surprendre et compose ici, dans un bref roman à l'intensité remarquable, une brillante réécriture d'Hamlet in utero.
Depuis le ventre de sa mère qui l’héberge encore pour quelques semaines, un fœtus se prépare à faire son entrée dans le monde. Il entend tout, ressent et comprend tout ce qui s’y passe, instruit par les bulletins d’information et les podcasts que sa mère écoute. Cultivé et perspicace, il commente l’actualité et philosophe sur la vie comme elle va, c’est-à-dire plutôt mal. La vie en général, et surtout celle de son père en particulier, menacée, ni plus ni moins, d’une fin précoce.
Notre narrateur pas encore né a en effet découvert que sa mère complote avec son amant pour tuer son père, qui n’est autre que le frère de l’amant. Le fœtus essaie de comprendre le mobile de ce meurtre imminent, et est atterré quand il réalise que sa mère préfère son amant inculte et matérialiste au père de son enfant, poète aussi talentueux que peu reconnu et toujours follement amoureux d’elle.
Du fond de sa coque de noix, il voudrait bien empêcher le drame, mais comment pourrait-il bien s’y prendre ?
Ce Hamlet in utero est écrit de façon si réaliste qu’on en oublie l’extravagance de départ, qui consiste à donner la parole à un fœtus. Celui-ci est tout à fait crédible quand il nous livre ses réflexions et pensées (avec quelques piques balancées contre la société britannique), et ce qu’il ressent physiquement et psychiquement lorsqu’il entend les conversations de sa mère (pas maternelle pour un sou), ou lorsqu’elle mange ou boit (il devient d’ailleurs un fin œnologue, à force d’écluser à travers le cordon ombilical tout le vin qu’elle ingurgite). Et quand il raconte l’inconfort et l’étroitesse de sa position lors des relations sexuelles de sa mère, c’est carrément hilarant : « Tout le monde ne sait pas quel effet ça fait, d’avoir le pénis du rival de votre père à quelques centimètres de votre nez… Je ferme les yeux, serre les gencives, me recroqueville contre la paroi utérine. Ces turbulences arracheraient les ailes d’un Boeing ».
Un roman à suspense, original sans sombrer dans le farfelu, bourré d’humour noir, incisif et intelligent.
Un point de vue très original et on s’identifie quand même au personnel principal, le fœtus, sans problème. Le suspens est bien tenu et la fin est à sa hauteur.
"Me voici donc, la tête en bas dans une femme", cette première phrase du roman Dans une coque de noix de Ian McEwan nous indique non sans surprise qui est le narrateur : un enfant à quelques semaines de son entrée dans le monde. Il fallait oser. Faire parler ce pas encore nouveau-né, lui faire raconter ce qu'il vit, les sentiments qu'il a et ceux qu'il prête à ses géniteurs et aux personnages qu'ils côtoient. Il y a le père John Cairncross qui écrit des poèmes, dirige une modeste maison d'édition, la mère, la belle Trudy, 28 ans et l'amant Claude très matérialiste et qui n'est autre que le frère du père. Tout cela se passe à Londres.
L'histoire va s'emballer lorsque notre héros comprend que sa mère et Claude ont décidé d'éliminer son père. Il devient alors le témoin impuissant de cette tentative de parricide mais va tout de même tout tenter pour empêcher cela, il ne voudrait pas commencer sa vie en prison.
Dans ce roman-polar, Ian McEwan décrit de façon hyperréaliste les sensations ressenties par ce fœtus, lorsque sa mère mange ou boit, et les effets provoqués aussi bien, sur elle que sur lui, de même que son plaisir ou son déplaisir selon les positions que prend sa mère et quel délire lorsque l'amant a un rapport sexuel avec sa mère : "Tout le monde ne sait pas quel effet ça fait, d'avoir le pénis du rival de votre père à quelques centimètres de votre nez... Je ferme les yeux, serre les gencives, me recroqueville contre la paroi utérine. Ces turbulences arracheraient les ailes d'un Boeing." Malgré ses faibles moyens, quelques petits coups de pied, il essaie parfois d'intervenir et tentera même de se suicider.
Ce récit fait depuis le ventre maternel pourrait conter l'osmose entre la mère et son enfant. C'est, au contraire toute la complexité de la nature humaine avec ses laideurs, les turbulences du monde extérieur que ce roman tout à fait insolite nous fait découvrir.
Grâce à ce roman tour à tour drôle, déjanté, ironique, hilarant, féroce, j'ai découvert un écrivain brillant dont je connaissais la renommée mais que je n'avais encore pas lu.
Un roman surprenant et remarquable. j'ai hâte d'en lire un autre de cet auteur.
Le narrateur de « Dans une Coquille de Noix » n’a pas de nom, pour la bonne raison qu’il n’est pas encore né, appelons donc X, ou plutôt XY puisque c’est sur, c’est un garçon. XY, de là où il est, ce fœtus de 8 mois ne voit rien mais imagine beaucoup, il entend tout et comprends tout. Il comprend que sa mère Trudy est séparée de son père John, mais qu’elle couche avec son frère. Trudy subit sa grossesse, boit trop et vit dans une maison délabrée et sale, parce qu’elle s’en fiche. XY comprend aussi que Trudy et Claude, son amant, envisage d’assassiner son père. De là où il est, que pourrait-il bien faire pour empêcher ce crime ? Et s’il n’y parvient pas, comment venger son père ? Déjà doté d’une vraie intelligence, d’une ébauche de conscience politique et morale et même de défauts très humains comme l’égoïsme, XY est-il condamné à n’être que le spectateur impuissant du drame ? « Dans une Coquille de Noix » est une variation étonnante et audacieuse du mythe d’Hamlet. Dans ce roman assez court, raconté à la première personne dans la peau d’un personnage qui n’en est pas encore un, Ian McEwan nous embraque dans le drame ordinaire de la bêtise et de la jalousie, le tout saupoudré de vénalité. Claude et Trudy, deux criminels en devenir, sont assez pathétiques pour être crédibles, et l’infortuné John (poète, éperdu d’amour et complètement naïf) ne s’en sort pas tellement mieux. En fait, il n’y a bien que XY qui tient le haut du pavé. Lucide, intelligent au point d’en être (déjà !) blasé, il voit tout mais ne peux rien faire. Si Trudy subit sa grossesse, lui en profite pour boire autant que sa mère, manger autant que sa mère et laisser libre court à ses réflexions, son imagination. Autant il aime instinctivement son père, autant ses sentiments pour a mères sont ambigus. Il est naturellement épris de sa mère comme tous les bébés mais en même temps, elle le dégoute par son attitude. Le livre de McEwan est très agréable à lire, souvent drôle et même cru par moment (XY étant aux premières loges lors des ébats amoureux de Trudy et son amant) et la fin est maline et assez morale. A quelques pages du dénouement, on comprend enfin que XY ne sera pas juste spectateur du drame, il a lui aussi, à son niveau, des moyens pour agir, certes radicaux, mais quand même… « Dans une Coquille de noix » est un roman étonnant et très original, agréable à lire et plein de malice mais aussi parfois d’une certaine gravité : très équilibré en somme…
« Me voici donc, la tête en bas dans une femme. Les bras patiemment croisés, attendant, attendant et me demandant à l’intérieur de qui je suis, dans quoi je suis enfermé. »
Voilà un incipit qui a fière allure et préfigure une histoire à nulle autre pareille. Et c’est bien la magie de cet auteur.
Un huis clos et une investigation in utero.
Un fœtus à terme vous parle lecteur car il a déjà un trop-plein de la noirceur du monde qui l’attend, car sa mère trompe son père avec le frère de ce dernier et projette de le tuer. Drame shakespearien qu’il faut contrecarrer.
Le condamné s’appelle John Cairncross (comme un célèbre espion britannique), il possède une maison d’édition Cairncross Press, mais c’est surtout un poète en mal de reconnaissance.
Trudy est une blonde évanescente qui mène son monde. N’a-t-elle pas mis son mari à la porte de sa propre demeure familiale, sous des prétextes fallacieux pour avoir la voie libre ?
« J’espère me tromper, mais je pense qu’il sera doublement perdant, car elle continuera de mépriser sa faiblesse et il souffrira encore plus qu’il ne devrait. Ses visites ne se terminent pas, elles s’effacent. »
Et Claude qui est-il d’autre que l’oncle du fœtus : « un abruti de péquenaud ».
Claude a un autre défaut il répète beaucoup. Mais lorsqu’il répète cette phrase : « Et…le bébé en nourrice quelque part. » C’est la phrase de trop. En effet le monde dans lequel il va naître n’est pas beau où que l’on soit sur la planète si de surcroît on n’est plus à l’abri dans son chez soi, où va-t-on ?
Mais que peut faire un fœtus pour enrayer les rouages de ce drame ?
Le lecteur plonge dans un conte cruel dont le héros n’est pas encore né, mais cette plongée est aussi intelligente que jouissive se prolongeant en thriller déjanté car « l’antigel contient de l’éthylène-glycol, un composant assez efficace… »
Ian McEwan prouve une nouvelle fois avec brio sa maîtrise narrative, son imagination au service d’une critique féroce de notre monde.
En refermant ce livre j’ai la certitude absolue que Ian McEwan est enceinte !
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 20 aout 2017
Bonne idée et lecture très fluide. Par contre si le fœtus s'inquiète pour ses géniteurs il y a un désintérêt total des parents pour leur future progéniture.
En plus de l'histoire , l'auteur nous fait réfléchir sur le monde actuel : les dirigeants, la politique, les migrants, l'écologie.
C'est souvent drôle et bien pensé.
Après l'intérêt de l'enfant, l'auteur se penche sur les pensées d'un fœtus qui comprend que sa vie ne se déroulera pas comme prévu entre papa et maman et qu'à son niveau il ne peut malheureusement pas faire quoi que ce soit pour changer çà. Quoique.... Un livre original et tendre qui me fera regarder dorénavant avec un autre œil, les ventres des femmes enceintes...
L idée est géniale : un fœtus dans le ventre de sa mère entend que celle-ci et son amant prevoient le meurtre de son géniteur.
Le bébé à naître comprend que si le plan réussit, il se retrouvera orphelin de père, avec un beau père qu il n apprécie pas trop et une mère criminelle.
Quels sont ces moyens d intervention pour éviter ce drame ?
L écriture de Mc Ewans est toujours un régal et un vrai plaisir de lecture
L auteur profite de cette histoire pour donner son avis sur la situation actuelle ds le monde: quel monde allons nous laisser à nos enfants à naître ( tensions politiques, les réfugiés, le terrorisme ...) ?
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