Un choix de livres éclectique, pour des vacances sur mesure
Faisant le bilan de trente années de voyages, Tristan Savin découvre le but qu'il a toujours poursuivi : retrouver le paradis perdu. Cette quête spirituelle l'a conduit au Mexique, en Asie du Sud-Est, en Amazonie, à Bornéo, à Madagascar et dans les îles du Pacifique. Chacun de ses périples dans les dernières forêts vierges de la planète lui a permis de retrouver l'émerveillement de l'enfance. Conquis par la beauté d'un monde sauvage où chaque créature a sa place, il a entretenu une passion secrète pour les arbres mais aussi pour les peuples et la faune qu'ils abritent. Ce jardin des premiers temps de l'humanité, le voyageur l'a également cherché dans ses propres racines. Né dans un massif boisé des Vosges, au milieu des lacs et des rivières, il s'est installé en Bretagne pour retrouver cette complicité avec les arbres. Outre une méditation sur nos rapports à la nature, il nous offre ici le récit d'un parcours initiatique de toute une vie, à la recherche d'un paradis à reconquérir. Préface de Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française Chemins partagés par Julien Blanc-Gras, Jean Lavoué et Marc Nagels
Un choix de livres éclectique, pour des vacances sur mesure
En premier lieu, je tiens à remercier les éditions Salvator et Masse critique Babelio pour m'avoir permis de lire ce récit de voyages qui a trouvé écho en la randonneuse accrochée au vert qui sommeille en moi.
Dans cet ouvrage, qui s'apparente à un documentaire ou à un récit de voyage, Tristan SAVIN, reporter de voyages, va partager avec nous toutes les forêts qu'il a pu parcourir à travers le monde durant trente ans, du Pacifique à l'Amazonie, de l'Asie du Sud Est à l'Océan Indien, à la recherche de ce qu'il nomme "le paradis perdu".
Sous couvert de reportages, cette quête est avant tout personnelle, et fait remonter à la surface toutes les sources d'émerveillement de son enfance dans les Vosges. C'est ainsi que pour chacun de ses voyages il verra des signes le confortant dans sa passion pour les arbres et la vie dont ils sont source.
Bien que ces forêts lui soient toujours source de bonheur, il a conscience de la dégradation de cet univers par l'homme mais veut rester optimiste même si par certains moments on ressent la douleur de la déforestation et de la course au profit.
J'ai beaucoup aimé ce livre, comme je l'ai dit plus haut, il a trouvé écho en la randonneuse que je suis et je me suis vue arpenter les mêmes chemins et à savourer chaque élément : les oiseux, les papillons, les fleurs, la majesté des arbres, les vocalises des animaux... C'est un bel hommage à Dame Nature et à la prise de conscience qu'il faut y faire attention et la préserver.
Le seul bémol que je trouve à ce livre est le côté caricatural du reporter, qui grâce à son travail peut accéder à des lieux empreints de magie d'une manière très cadrée et qui en profite d'une façon bourgeoise (guide, chauffeur, chambre climatisée...) et papier glacé. J'aurai aimé avoir un contact avec cet univers plus naturel, plus en symbiose.
http://quandsylit.over-blog.com/2021/08/dans-les-forets-du-paradis-tristan-savin.html
Je ne sais si nous irons tous au paradis mais déjà Tristan Savin nous indique des voix à suivre, des voix pas forcément impénétrables mais qui sauront apprendre aux humains – pas nous autres écureuils – comment retrouver avec humilité ce lien unique sur terre, ce cordon ombilical qui unit chaque bipède : la nature et ses éléments, le monde minéral, le monde végétal, le monde animal ; une polyphonie à trois à écouter et à sauvegarder au nom de Gaïa.
Avant tout je remercie le reporter d’avoir à plusieurs reprises – je ne parle aucunement de chaussettes – référencé le mot écureuil et même jusqu’à en dessiner un sur la mappemonde en compagnie d’un toucan, d’un jaguar, d’un lémurien et de quelques autres symboles à protéger sur la planète. Ensuite, gratitude envers l’auteur pour m’avoir fait revivre tant de souvenirs d’enfance : les albums Sylvain et Sylvette, les manuels des Castors Juniors – un seul pour moi car mes parents craignaient le pire avec ce genre d’arme de destruction intrépide dans les pattes –, l’intérêt pour l’ornithorynque, le jeu des capitales sur la route des vacances et l’enchantement onirique en découvrant photos et livres sur l’Amazonie et la cité d’Angkor. Puis- je ajouter Beethoven ? Sûrement pour cette ode à la joie livresque qui déclenche une musicalité au fil des pages.
Tristan Savin raconte trente ans de galopades au sein des forêts primaires pour toucher le Graal, réaliser ses désirs les plus ardents : une embarcation en Amazonie, la quête d’un jaguar dans son élément naturel, marcher sur les pas des Mayas, emprunter l’itinérance d’un Joseph Conrad en Malaisie jusqu’à un bavassage inespéré avec les lémuriens de Madagascar. Des forêts, encore des forêts, toujours des forêts. Les déserts et autres étendues de sable seront réservés à d’autres voyageurs, lui c’est la chlorophylle, ce vert – arf cette couleur – qui peint en moult nuances toute la vie qui s’offre mais aussi celle qui se cache malicieusement ou dans un esprit salvateur pour survivre.
Origine oblige, l’écrivain décrypte l’ensemble des ces hiéroglyphes arboricoles, plonge dans une espèce de mythologie moderne pour caresser chaque branche faisant respirer le poumon de la terre. Et dans cette narration minutieuse, érudite et colorée, le sédentaire aura l’impression d’avoir foulé pendant quelques heures des territoires inconnus, refermera le livre avec la satisfaction d’avoir découvert, appris et réalisé une fois encore que seuls la beauté et le rêve peuvent adoucir les tumultes de sociétés enfermées dans l’égocentrisme et la course politico-mercantile.
Mais tout amoureux de la nature ne peut séparer, ne peut négliger l’humain. Et admirer ceux qui résistent aux folies technologiques comme ce « peuples jungle » ou la fameuse expression du « peuple racine » : Guaranis, Kayapos, Ibans, Pygmées, Papous… La soi-disant civilisation ne les protège pas, elle les lamine. Pourtant, leur savoir est d’une richesse absolue et savent vivre dans l’atmosphère la plus hostile en connaissant les bénéfices et les dangers des étendues forestières. Les passages avec Don Cesario en territoire amazonien valent tous les livres d’apprentissage !
Un exemple de vie mis à mal avec les tourbillons industrielles et autres inepties de l’homme dit moderne. La destruction de la forêt amazonienne, le bombardement à l’huile de palme – je recopie un passage tant il est parlant – et la nouvelle folie chinoise qui se dessine dans le silence habituel des brailleurs à géométrie variable, celle de construire un parc d’attraction sur le site religieux cambodgien d’Angkor, pourtant inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Essayons toutefois de garder un faisceau d’optimisme, regardons dans la même direction que celle des branches qui dessinent des arabesques mirifiques vers cette canopée où toutes les musiques du monde voudraient pendant encore des siècles faire vibrer les âmes d’enfant pour les faire grandir sur le tronc de toutes les espérances. Jacques Lacarrière avait raison de s’immiscer dans cette écorce, quarante ans plus tard, Tristan Savin en fait jaillir toute la sève.
Avec une préface de Jean-Christophe Rufin et les coulisses du chemin avec Julien Blanc-Gras, Jean Lavoué et Marc Nagels
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