"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le monde n'est que le fruit d'une vision du monde. La théorie des possibles et des impossibles postule que l'humain est le créateur du monde par le biais de ses représentations et de l'imagination. Dans cette optique, une autre façon de concevoir la réalité devient nécessaire : la réalité, personnelle et collective, est moins un ensemble de contraintes qui s'imposent à nous, que le produit d'une décision entre des possibles et des impossibles. L'ethnologie est une science qui peut nous aider à prendre conscience de la singularité de notre monde. Effectivement, les travaux ethnologiques nous renvoient à des mondes autres, anciens ou contemporains, qui expriment d'autres configurations de possibles et d'impossibles. L'histoire humaine est l'histoire de cette pluralité irréductible des mondes. Prendre conscience de ces contrastes est une tâche nécessaire. Paradoxalement, les sciences humaines ne prennent pas l'humain au sérieux. Elles aboutissent au contraire à sa marginalisation, car elles tendent à souligner les contraintes extérieures, les structures déterministes. En produisant ainsi des impossibles, ces sciences dévalorisent la liberté de l'humain. -- Idées clés, par Business DigestLes recherches d'Andreu Solé, enseignant-chercheur à HEC (Hautes études commerciales), à Centrale Paris et à Paris I, portent, entre autres, sur les processus de décision et cet essai constitue une base théorique, transdisciplinaire et anthropologique, sur les espaces de liberté qui influencent les comportements des responsables, en particulier les décisions à caractère stratégique qu'ils prennent ou qu'ils suggèrent. Cette appréciation personnelle des possibles et des impossibles, que le décideur élabore de fait, crée le contour de son champ d'initiatives ; en quelque sorte, le dirigeant construit dans sa tête une représentation du monde dans lequel il décide et agit. Ses décisions, ou les hypothèses qui les sous tendent, créent le bocal des possibles et des impossibles dans lequel il s'enferme et s'agite. C'est un ouvrage ardu de philosophie sur la décision ; c'est donc un générateur de réflexions approfondies. --Michel Berger-- -- FuturiblesQuelle étrange époque que la nôtre... Alors même que triomphe à travers le monde le système politique et économique fondé sur l'impératif de la liberté de l'homme, il semblerait que l'homme soit de moins en moins libre. A lire la presse, à entendre nos dirigeants politiques ou économiques, il faudrait se résoudre à subir d'innombrables contraintes extérieures - le marché, la Bourse, les technologies, l'Europe, le temps, que sais-je encore - qui font que nous ne sommes plus en mesure d'inventer notre avenir. L'absence d'alternative crédible depuis la chute du mur de Berlin ne fait que renforcer cette illusion : l'humanité toute entière semble engagée sur le même chemin, dont le maître mot est mondialisation, et il n'en est pas d'autre. Au nom de quoi ce chemin serait-il inéluctable ? Loin des débats simplistes, Andreu Solé nous entraîne de l'autre côté du miroir. En décortiquant les possibles et les impossibles qui fondent, souvent implicitement, la vision du monde de l'homme moderne, en nous entraînant à la découverte d'autres civilisations, qui reposent sur des possibles et des impossibles radicalement différents, il nous invite à la modestie, l'humilité et la relativité. Et surtout, il réhabilite l'homme dans sa singularité et sa puissance créative. Illustrant à chaque page la fragilité des paradigmes humains, sa démarche transdisciplinaire nous pousse vers des chemins inhabituels, comme pour nous inviter à redécouvrir ceux qui savent le mieux mettre en scène l'imaginaire des hommes : les romanciers, les poètes, les peintres.... Etre homme, c'est être au monde disait Heidegger. S'opposant à la conception de l'homme qui subit une réalité extérieure sur laquelle il a peu de prise, cette définition pense l'homme selon la modalité du possible : la réalité n'a pas plus d'importance que ce qui n'est pas mais qui pourrait aussi bien être. Et c'est précisément dans ce peut-être que réside notre humanité : l'homme existe authentiquement par son imagination créative, sa capacité à inventer de nouveaux mondes. Les situations extérieures, invoquées comme des contraintes ou déterminismes, ne sont que le fruit des possibles et impossibles que l'homme se crée. En cela, Andreù Solé est profondément optimiste. Mais son optimisme, fondé sur un sens aigu du tragique, est loin d'être béat. Il faut avoir conscience des possibles épouvantables que l'homme est capable de se donner afin de les rendre impossibles. Prenant le contre-pied d'une vision moderne du monde, dans laquelle la capacité prométhéenne de l'homme à créer des possibles est sur-valorisée, au détriment de l'impossible, synonyme de régression et de rejet du progrès, Andreù Solé nous invite à renverser nos valeurs. Des camps de concentration aux manipulations génétiques, les possibles modernes sont porteurs de barbarie. Le véritable héroïsme n'est-il pas alors de rendre certains possibles impossibles ? Loin d'être abstraite, cette analyse nous invite à repenser notre vision de nous-mêmes, de notre monde, du monde. Dans le champ économique, elle appelle également une réflexion sur la responsabilité du dirigeant d'entreprise. De plus en plus, cette responsabilité est invoquée. Mais, à force de ne la considérer que sous son aspect juridique (le respect des lois extérieures, des contraintes fixées par la société), on en oublie l'essentiel. Comme tout homme, le dirigeant projette par ses actes et ses décisions ses possibles et ses impossibles. A la différence près que ses possibles et ses impossibles ont un impact considérable sur ceux de beaucoup d'autres personnes. Trop souvent les entendons-nous analyser brillamment le poids de la réalité (celle du marché, de la mondialisation, de la demande, du contexte socio-économique, de l'Etat, de la fiscalité...) pour justifier ce qu'ils font et surtout ce qu'ils ne font pas... Cet ouvrage est un appel à l'insoumission, à la désobéissance, au refus courageux du déterminisme. Au coeur de chacune de ses décisions essentielles, le dirigeant est seul, très seul, face à ses possibles et ses impossibles. Sa responsabilité fondamentale n'est-elle pas alors de les interroger et de les assumer afin de devenir à son tour un ouvreur de possibles et un éditeur d'impossibles pour les autres ? -- Business Digest
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