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Avec cette première traduction en français d'un ouvrage de l'écrivain ojibway Gerald Vizenor, nous sommes les spectateurs d'une comédie dans laquelle les personnages s'évertuent à faire s'écrouler le château de cartes fantasmagorique de la " Cause indienne " et de la victimisation à outrance qui l'accompagne.
Le roman s'articule autour de l'acte de rapatriement des ossements indiens conservés dans les musées américains et, par là même, pose la question des identités indiennes. A l'université de Berkeley, dans la section Etudes indiennes, un groupe d'étudiants indiens, les danseurs solaires, sous l'emprise du monstre wiindigoo issu de la mythologie anishinaabe, s'est donné pour mission de ressusciter les ossements de leurs aïeux qui se trouvent au musée d'anthropologie.
A la manière traditionnelle de leurs ancêtres, ces étudiants se sont attribué des noms mais dans une perspective folle, comique et dérisoire qui déclenche le désordre, engendre l'insurrection culturelle, politique, vestimentaire et sexuelle, ainsi de Claude Secondaire, Touche d'Appel, Blanche de Service et Fast Food. Sous les coups de boutoir de la plume acérée vizenorienne, ils décident dans un délire érotique et violent de sacrifier rituellement enseignants et personnels administratifs qu'ils considèrent comme des ennemis.
Sur ce canevas, Vizenor déroule un récit échevelé et irrévérencieux où violence et sexualité sont subverties par une cocasserie qui confine au grotesque. Il met en jeu et interroge le concept d'indianité, les attitudes et les idéologies qu'il suscite. On y voit d'ailleurs défiler des figures clés de la littérature indienne d'aujourd'hui, ainsi de N. Scott Momaday et Louise Erdrich, aux côtés d'Antonin Artaud, Samuel Beckett, Roland Barthes et Vizenor lui-même.
Un double grimé de Kevin Cozener (déformation du nom de l'acteur de Danse avec les loups) v fait figure de clown, et des titres du chanteur country Johnny Cash ponctuent fa narration en guise de commentaires. Au terme de cette fable surréaliste en essence, l'auteur nous livre un final de grand guignol sur fond de remise des diplômes de fin d'année en présence de héros littéraires ayant vraiment existé tels Pocahontas, Ishi, et quelques autres crâneurs ressuscités.
Dans ce roman-pamphlet, tout est jeu et remise en question, jusqu'au texte lui-même dont les sens se multiplient, se superposent et se contredisent sous l'effet d'une écriture qui joue en permanence sur les mots et la syntaxe. Vizenor se pose d'entrée de jeu en émule du Trickster.
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