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Condamnée à l'exil : témoignage d'une rescapée de l'enfer des camps chinois

Couverture du livre « Condamnée à l'exil : témoignage d'une rescapée de l'enfer des camps chinois » de Sayragul Sauytbay et Alexandra Cavelius aux éditions Hugo Document
Résumé:

« Le monde entier doit apprendre ce qui se passe dans les camps et connaître les réelles intentions de la Chine. »Entre 2013 et 2014, une série d'attentats fait trembler la Chine. En réaction, le gouvernement installe des camps d'internement dans la province du Xinjiang, au nord-ouest du pays.... Voir plus

« Le monde entier doit apprendre ce qui se passe dans les camps et connaître les réelles intentions de la Chine. »Entre 2013 et 2014, une série d'attentats fait trembler la Chine. En réaction, le gouvernement installe des camps d'internement dans la province du Xinjiang, au nord-ouest du pays. Les minorités ouïgoures et kazakhes de confession musulmane sont les premières visées. Si les preuves de leur persécution sont accablantes, Pékin continue d'évoquer de simples « programmes de formation professionnelle» auxquels les « élèves » participent « librement ». En 2017, Sayragul Sauytbay, alors directrice d'école, se trouve à son tour prise dans l'enfer de la répression chinoise. Quand son mari, d'origine kazakhe lui aussi, et leurs deux enfants quittent le pays, elle subit plusieurs interrogatoires avant d'être envoyée dans l'un de ces « centres de transformation par l'éducation ».
Elle est sommée d'y enseigner la langue, la culture et l'idéologie politique chinoises aux autres détenus - du matin au soir. Ce rôle lui donne accès à des données sensibles dévoilant la patiente stratégie chinoise de fragilisation des démocraties occidentales pour mieux, un jour, les renverser. Dans le camp, les conditions de vie sont inhumaines : lavage de cerveau, torture et viol y sont monnaie courante, quand la prise forcée de médicaments sert à abrutir ou empoisonner les détenus. Chaque nuit, il leur faut se tenir dos au mur, bras levés, pour avouer leurs « péchés ».
Contre toute attente, Sayragul Sauytbay est libérée en 2018, avant d'être de nouveau menacée d'internement, en tant que prisonnière cette fois-ci. Elle fuit alors au Kazakhstan.
Désormais réfugiée en Suède, elle continue son combat contre les manoeuvres diplomatiques de la Chine en généreux investissements, afin de créer une dépendance chez les pays financés.
L'ambition ? Assujettir un jour le monde libre. Le modèle ? Le Xinjiang, placé sous le joug d'un État policier, fruit d'un totalitarisme sans précédent.

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Avis (1)

  • L'enfer sur Terre existe et il se trouve au Xinjiang, province du nord-ouest de la Chine.

    C'est ce que l'on découvre en lisant le récit de Sayragul Sauytbay, écrit avec la journaliste allemande Alexandra Cavelius.

    Sayragul est née autour de 1977, dans un district autonome kazakh du...
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    L'enfer sur Terre existe et il se trouve au Xinjiang, province du nord-ouest de la Chine.

    C'est ce que l'on découvre en lisant le récit de Sayragul Sauytbay, écrit avec la journaliste allemande Alexandra Cavelius.

    Sayragul est née autour de 1977, dans un district autonome kazakh du Xinjiang, au sein d'une famille d'origine kazakhe, musulmane et turcophone, encore semi-nomade à l'époque. Elle grandit dans une famille aimante, dans des conditions matérielles relativement confortables et dans le respect des traditions et de la culture kazakhe. Mais le gouvernement de Pékin, qui apprécie peu la diversité ethnico-culturo-religieuse, voudrait siniser ces régions à minorités kazakhe et ouïghoure. Faut-il préciser, l'air de rien, que le sous-sol du Xinjiang est riche en ressources minières et que cette province occupe en outre une position géostratégique enviable sur les nouvelles routes de la Soie ?

    Dans les années 90, les autorités de Pékin et le Parti Communiste Chinois (PCC) entreprennent donc de coloniser la région : troupes militaires, ouvriers pour les nouvelles usines, commerçants Han déboulent. le ton est de moins en moins pacifique et les libertés des minorités de plus en plus restreintes, mais à l'époque, Sayragul parvient encore à étudier la médecine, malgré un apartheid de plus en plus prononcé. Après avoir exercé quelques années dans un hôpital, elle rentre dans sa ville natale pour pouvoir s'occuper de ses parents, et devient directrice d'école maternelle.

    Mais la pression sur les minorités s'accentue de manière drastique, la répression se durcit et la réglementation est de plus en plus absurde, vexatoire et liberticide. Les Ouïghours et les Kazakhs sont tous des terroristes qu'il convient de "rééduquer" (euphémisme propagandiste). le mari et les deux enfants de Sayragul fuient au Kazakhstan voisin, mais elle-même, en tant que fonctionnaire du Parti, se voit confisquer son passeport. Comme elle refuse de faire rentrer sa famille en Chine, elle est bientôt arrêtée et envoyé dans un camp. Elle a la maigre "chance" de ne pas y être traitée comme les autres prisonniers (des morts-vivants), puisqu'elle est réquisitionnée pour leur donner des cours de chinois. Un endoctrinement aux méthodes "pédagogiques" des plus douteuses... de cette position "privilégiée", elle est témoin, et dans une moindre mesure victime (même si à ce degré d'horreur, c'est dans tous les cas inhumain), des traitements épouvantables infligés aux prisonniers, dignes des camps nazis et de tous leurs avatars à travers L Histoire.

    Contre toute attente, Sayragul est relâchée après quelques mois. Elle en profite pour passer au Kazakhstan, illégalement, et parvient à y rejoindre sa famille. Elle n'est pourtant pas au bout de ses peines : Pékin a le bras long et de l'argent en quantité, et tient le Kazakhstan, largement endetté, sous sa coupe financière. Sayragul est arrêtée pour être entrée illégalement dans le pays. Une condamnation signifierait son renvoi illico en Chine, et une mort certaine. Heureusement pour elle, des ONG de protection des droits humains s'en mêlent et organisent un battage médiatique sans précédent, tandis que les réseaux sociaux relaient les protestations à l'échelle de la planète. Sayragul, désormais lanceuse d'alerte, utilise son procès comme une tribune où elle dénonce la politique génocidaire chinoise. Elle sera finalement condamnée à une amende symbolique et libérée. Devant le refus du Kazakhstan de lui accorder l'asile, elle est accueillie avec sa famille en Suède, qui leur octroie un statut de réfugié. Elle n'est pas totalement rassurée pour autant, et les menaces téléphoniques anonymes qu'elle reçoit depuis la parution de ce livre semblent confirmer que la Chine ne l'oubliera pas...

    Ce que raconte Sayragul dans ce livre est un pur cauchemar, et cette lecture est par moments à la limite du soutenable. Cela se passe loin de chez nous, mais la mise en garde finale est glaçante, tant la volonté de la Chine de gouverner le monde, par l'argent d'abord, par la pensée ensuite, est grande et à peine voilée : "Le coronavirus finira pas battre en retraite, la situation reviendra progressivement à la normale, mais le virus de la pensée chinoise contre un monde libre sera encore présent. J'espère que, partout sur la planète, les populations prendront conscience du danger que le PCC et le gouvernement de Pékin représentent, pour les Chinois eux-mêmes comme pour les citoyens de ce monde. Ce « virus de la pensée » est bien plus dangereux que le coronavirus. C'est un enfer".

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