"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Objet incontournable de nos sociétés modernes, sujet de jouissance pour les uns, d'inquiétude pour les autres, la cigarette a désormais mauvaise presse et tombe sous le coup d'un interdit social. Mais est-ce si récent ? Déjà, au début du XVIIe siècle, le roi d'Angleterre Jacques Ier Stuart enjoint ses concitoyens d'abandonner cette manie répugnante afin de ne pas nuire à leur santé. Et, à la fin du XIXe siècle, avec la découverte de la nicotine, les premiers toxicologues mettent en garde contre ce véritable " fléau social ", instrument d'un meurtre à la fois individuel et collectif.
D'abord fumée par les Indiens du Nouveau Monde, vite adoptée par les conquistadors, mise en bouche sur tout le continent européen, à l'exception notable de la France, qui lui préfère longtemps la prise nasale, la cigarette se répand comme une traînée de poudre de Napoléon Ier à Napoléon III. D'abord petit cigare, elle se féminise, passe entre les doigts des dandys, de l'empereur puis des prolétaires. Elle se roule à la main, devient Carmen, puis se manufacture et s'industrialise, disparaissant sous un voile de papier et de fumée, rangée dans des étuis cylindriques dits " bondons " qui prennent bientôt la forme de paquets plats " à l'américaine ".
Fruit d'une enquête minutieuse fondée sur des documents d'archives, images (peinture, cinéma, BD, publicité) et témoignages oraux souvent inédits, cette première anthropologie historique de la cigarette emprunte, sans se confondre avec elle, à l'histoire des débitants, des entreprises commerciales, des drogues et des consommateurs. Sans ignorer l'impact de l'invasion des blondes américaines sur le marché, son espace privilégié reste la France : premier pays, avant l'Angleterre et les Etats-Unis, à créer la cigarette industrielle mais aussi à promouvoir la lutte contre le tabagisme, il est aussi celui où la fabrication, la vente et l'importation de tabac ont été dès le début monopole d'État, un monopole qui, tout au long du XXe siècle, a fait les beaux jours de la publicité.
Si, en ce début de millénaire, la cigarette a largement disparu de l'espace public, elle imprègne toujours les consciences. L'histoire des représentations ne pouvait manquer de s'interroger sur les allures de cette " allumeuse ".
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !