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Chez les Feydeau, c'est le fils, Georges, le vaudevilliste, qui est passé à la postérité. Son père, Ernest, n'en fut pas moins une figure importante de la vie littéraire du XIXe siècle. Familier des plus grands: Gautier, Flaubert, Baudelaire ... , il donna une oeuvre abondante et variée, de romancier, poète, dramaturge, journaliste et essayiste.
C'est comme une lettre à Sainte-Beuve, qu'il publie, en 1862, son Alger, fruit d'un séjour de six mois effectué en 1860. Description savoureuse de la ville et de ses populations arabes, maures, juives, «nègres», on découvre là un regard loin des conventions, un rapport décapant aux choses, un jugement intempestif sur la situation de la colonie. Produit d'une plume aiguisée et aussi d'une posture, celle de l'école «réaliste», ce regard témoigne encore d'une inflexion oubliée de la politique française à l'égard de sa «possession africaine»: sous le nom de doctrine du «Royaume arabe», Napoléon III tenta en effet d'y imposer un système de gouvernement qui, résistant un peu aux pressions du lobby colonial, s'appuie davantage sur les élites locales. Un moment, de la sorte, on se soucia de la survie de la société indigène, de sa perpétuation dans la dignité. L'Alger de Feydeau est un reflet de ce moment.
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