Née à Kiev en 1917, Zuzanna Ginzburg, de son nom de plume Ginczanka, est issue d'une famille juive russe, originaire de la région
frontalière située entre la Pologne, la Biélorussie et l'Ukraine, les fameux « Confins de l'Est » où se côtoient Russes, Ukrainiens,
Polonais, Arméniens, Tatars, J...
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Née à Kiev en 1917, Zuzanna Ginzburg, de son nom de plume Ginczanka, est issue d'une famille juive russe, originaire de la région
frontalière située entre la Pologne, la Biélorussie et l'Ukraine, les fameux « Confins de l'Est » où se côtoient Russes, Ukrainiens,
Polonais, Arméniens, Tatars, Juifs. Chez elle, on l'appelle Sana, Sanotchka, en russe.
Élève du Lycée public polonais Tadeusz Kosciuszko de la ville de Równe en Volhynie (polonaise à partir de 1921, aujourd'hui
Rivne, en Ukraine), elle publie son premier poème, « Banquet estival » (« Uczta Wakacyjna ») dans le journal du lycée. En 1934,
elle est distinguée lors d'un concours de poésie organisé par Les Nouvelles Littéraires, hebdomadaire prestigieux de Varsovie, qui
ISBN : 9782917504628
Format : 16 x 23 cm // 384 pages // 33
publiera bientôt son poème « Grammaire ». En 1936, paraît aux éditions Przeworski son premier recueil de poèmes Les Centaures
(O centaurach), seul livre paru de son vivant. La même année, elle commence des études à la Faculté des Humanités de Varsovie et
entreprend une collaboration avec l'hebdomadaire satirique Les Épingles (Szpilki).
Icône de la Bohême de l'entre-deux-guerres, poète parmi les plus doués de son époque, elle connaît une renaissance aux échos de
plus en plus vibrants depuis quelques années (ce dont témoignent, entre autres manifestations artistiques et littéraires, la grande exposition qui lui a été consacrée au Festival Miosz de Cracovie en juin 2016, une encore récente exposition à Lviv, et tout récemment
un film français, Tout de moi ne disparaîtra pas, une vie de Zuzanna Ginczanka (77 minutes, 2022), réalisé par Joanna Grudzinska.
Protégée du poète Julian Tuwim (1894-1953), proche de Witold Gombrowicz, dans la Varsovie antisémite des années trente, Zuzanna Ginczanka rayonne dans le milieu des cafés littéraires par le magnétisme qu'elle exerce sur son entourage, et fréquente les
avant-gardes.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle tente de se cacher, d'abord à Lvov (aujourd'hui Lviv, en Ukraine), croyant y avoir
trouvé un abri. C'est là qu'elle est arrêtée une première fois par la Gestapo, sur dénonciation, telle qu'évoquée dans son poème testamentaire « Non omnis moriar » où elle nomme précisément ces dénonciateurs et donne une vision saisissante du sort qui l'attend
en tant que juive.
À Cracovie, dénoncée une seconde fois, elle est arrêtée par la Gestapo entre février et mars 1944 selon les dernières recherches
biographiques (cf. Izolda Kiec, Zuzanna Ginczanka, « Nie upilnuje mnie nikt » / « Nul ne me gardera », marginesy, 2020). Les faits
concernant son emprisonnement et son exécution donnent encore lieu à des controverses. Elle est emprisonnée très vraisemblablement dans la prison de Montelupich à Cracovie, avant d'être transférée à la prison située au numéro 3 de la rue Stefan Czarniecki
dans la banlieue de Cracovie, à Paszów, où elle subit des interrogatoires sous la torture. Elle est selon certaines sources fusillée dans
la cour de la prison (d'autres sources et récits mentionnent le camp de Paszów comme lieu de son exécution) à une date qui n'est pas
établie avec certitude, sans doute au printemps 1944. Elle a 27 ans.