« Il faut aussi accepter l’idée que pour les femmes, ce n’est pas grave d’échouer », explique Yudori
Aujourd'hui je vous partage un magnifique coup de cœur, que j'ai dévoré en quelques heures... entre bande dessinée et manga, c'était vraiment une découverte incroyable, dont la douceur des traits contraste violemment avec la cruauté des propos.
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Amélie, notre personnage principal, est tiraillée entre son éducation et sa vie très pieuse, son mariage très convenable, et son caractère ambitieux, libre, curieux et scientifique. Mais quand son mari revient d'un de ses voyages avec une esclave, c'est le début d'un nouveau souffle dans leurs vies...
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Évidemment l'histoire tourne beaucoup autour de la condition féminine à l'époque, depuis le devoir conjugal jusqu'à la tenue du foyer, mais surtout de l'emprise de son mari sur le moindre aspect de sa vie... C'est glaçant.
Mais le plus important reste tout de même la relation entre les deux femmes, de jalousie et d'admiration mêlée, de comment cela bouleverse leurs liens à tous les trois dans le ménage, mais surtout comment la "jeune sauvage" remet en question les certitudes et la vie d'Amélie...
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J'ai vraiment été émerveillée par cette lecture. C'est touchant et délicat, mais aussi douloureux et impitoyable. Le tout magnifiquement illustré, ce qui donne un ensemble aussi inspirant que raffiné, d'une beauté féroce.
Nous sommes en Hollande au milieu du XVIème siècle. Suite à un revers de fortune, Amélie Van Hoenbroek, fervente catholique, se voit dans l’obligation d’épouser Hans, un marchand de la bonne société hollandaise. Pour cela elle lui en veut et n’est pas épanouie dans son couple. Son mari qui se sent méprisé pour son manque de noblesse ne fait rien pour lui faciliter la tâche et la rabaisse au rang de servante et aux tâches ménagères. Cette vie d’humilité ne sied guère à son caractère rebelle et fantasque. Amélie est pourtant une jeune femme brillante attirée par le ciel et le mystère qui entoure le vol des oiseaux. Elle étudie le squelette de ces derniers et crée des maquettes qui sont régulièrement détruites par son mari qui l’accuse de sorcellerie. Sa vie bascule lorsque son mari ramène une jeune esclave venue de contrées lointaines. Les deux femmes vont lentement s’apprivoiser et nouer une relation fusionnelle qui va les libérer.
Au travers du portrait de trois femmes fortes de conditions et d’horizons différents, Yudori aborde la condition féminine dans cette Hollande du XVIème siècle. Chacune d’entre elles cultive son jardin secret et tente d’atteindre ses objectifs. Voler ou faire voler pour Amélie, survivre pour Sahara quitte à être l’esclave sexuelle des hommes, et enfin, pour Yolente, se trouver un bel homme qui fera un mari gentil et honnête. Avec Hans, nous voyons le comportement, peu reluisant des hommes envers les femmes de leur maison, son manque d’élégance en imposant sa maîtresse sous son toit et l’enfermement de sa femme lorsqu’elle se rebelle quand il reprend son projet à son compte.
Pour son premier roman graphique, Yudori nous régale par des dessins aux traits délicats qui gardent un caractère asiatique affirmé mais se nourrissent également du classicisme européen. Les personnages aux courbes harmonieuses sont agréables et soignés. Le découpage de certaines pages surprend parfois en faisant penser à celui d’un manga d’action. Mais le tout est agréable à lire et à regarder.
Le ciel pour conquête, paru chez Delcourt, est un roman graphique qui ne manquera pas de captiver les lecteurs en quête d'une histoire captivante et originale.
L'histoire de cette jeune bourgeoise hollandaise du XVIe siècle, Amélie, est une ode à l'émancipation et à l'aventure.
Le récit commence par la présentation d'Amélie, une jeune femme qui, malgré son mariage avec un marchand de la bonne société hollandaise, ne se satisfait pas de la vie que lui impose son mari. Elle aspire à plus, à quelque chose de plus grand, quelque chose qui n'a pas encore été accompli : conquérir le ciel.
Lorsque Hans, le mari d'Amélie, rapporte une jeune esclave dans leur maison, les choses commencent à changer. Lentement, les deux femmes vont nouer une relation fusionnelle qui va les libérer toutes les deux.
Ce personnage d'esclave est également très intéressant, car il apporte une dimension supplémentaire à l'histoire en évoquant la question de l'esclavage à cette époque.
Le dessin de Yudori est également remarquable, avec des planches riches en détails. Le trait est fin et précis, les expressions des personnages sont bien rendues et les décors sont soignés. Les illustrations sont uniquement en noir et blanc.
C'est un roman graphique très réussi, qui allie une intrigue captivante, des personnages forts et attachants et un dessin de qualité.
Un ouvrage à la couverture magnifique que je vous conseille vivement de découvrir sans tarder !
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Dans la société hollandaise du XVIIe siècle, l’horizon des femmes se cantonne aux tâches domestiques. Y compris pour les dames issues de familles nobles. C’est le cas d’Amélie, héroïne de ce roman graphique. Mariée à Hans Aldebert, un marchand riche, beau et bête, elle ne supporte plus cette vie d’intérieur.
Elle rêve du ciel. Dans les os des poulets qu’elle décortique, dans les moulins à vent qu’elle croise en allant au marché, dans les chants des oiseaux qu’elle entend de sa fenêtre, dans son Dieu qu’elle prie avec ferveur, elle ne pense qu’au ciel.
Au mépris des convenances, elle profite des longues absences de son mari pour construire des petits modules qui volent. Un jour, ce benêt de Hans revient d’un voyage accompagné d’une esclave aux formes plantureuses. “Sa peau avait la couleur du plus exotique des déserts de sable.” Pour Amélie et son physique de brindille, l’humiliation est à son comble.
Pourtant, cette rivale est la seule à lui demander ce qu’elle veut vraiment. “Tu veux voler ? Ce n’est pas plutôt que tu veux être Dieu ?”
Le noir et blanc du dessin de Yudori, autrice coréenne qui écrit en français cette histoire hollandaise, dans une oeuvre hybride à mi-chemin entre récit d’époque et manga d’aujourd’hui, expose dans les moindres détails les femmes, leurs corps, leurs désirs, leurs ambitions.
Épouse, maîtresse, putain, domestique, mère… Où trouver la liberté dans ces conditions de femmes ? Dans la religion ? Dans la science ? Dans le sexe ? Sans doute dans l’amitié qui permet de s’envoler loin des griffes asservissantes des hommes.
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