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D’où naît cette difficulté à critiquer un livre écrit par un proche ? Tout simplement de cette appréhension à manquer d’objectivité, indispensable à une analyse pertinente. » Se consumer, récit d’un burn-out « est le livre écrit par mon cousin, côté paternel, Xavier Vamparys en ce début d’année 2019, aux éditions Boleine. La préface de Thierry Bizot amorce avec discernement la fragilité de l’être humain, mais également sa force dans l’épreuve. Ces quelques lignes ont immédiatement suscité ma curiosité.
p. 16 : » Eh oui, Xavier Vamparys nous invite à un drôle de voyage… Un voyage dans les limbes de notre fragilité, celle qui nous permet de nous ouvrir aux autres, celle qui nous permet d’abandonner nos certitudes intelligentes, celle qui nous permet de grandir. Et celle qui nous révèle à nous-mêmes notre capacité à aimer. «
Rassurez-vous, ma chronique sera objective, puisque – et vous le découvrirez au fil des pages de ce bouleversant témoignage – Xavier Vamparys est un membre de ma famille que je ne connaissais pas, et, à plus forte raison que son repli et son introversion lors des brèves rencontres, ne le permettait pas.
p. 89 : » Etre malade c’est faire l’expérience de la fragilité. «
Ce livre aurait tout aussi bien pu porter le titre de » Mais qu’ai-je fait au bon Dieu pour mériter ça ? « , mais cela aurait eu un goût de comédie, or il n’en est rien !
A quarante-sept ans, Xavier a tout pour être heureux : père de cinq enfants et marié à une épouse dévouée, sa carrière professionnelle est une totale réussite. Bref, un sans faute ! Comme il l’explique, Xavier a toujours entrepris et fait ce qu’on attendait de lui. Alors que des signes avant coureur présageaient déjà d’une catastrophe, et feignant de les ignorer, il est victime d’un burn-out.
p. 19 : » Je n’ai ni tranquillité, ni paix, ni repos et le trouble s’est emparé de moi. «
Cet ouvrage se décline en trois chapitres, moments clés de l’évolution de la maladie. Car oui, le burn-out est bien une maladie, quoiqu’en dise certains…
p. 87 : » La dépression est une maladie de la solitude, de l’enfermement […] Mais le facteur d’isolement le plus douloureux fut incontestablement pour moi l’incompréhension de mes proches sur les causes et la nature de ma maladie. «
L’auteur décrit parfaitement le processus dévastateur de cette maladie. Après les étapes du déni et de la colère, s’ensuit petit-à-petit une certaine appropriation pour devenir enfin « ma maladie », étape cruciale et décisive de l’acceptation.
Mais le burn-out n’est pas sans faire de dommages collatéraux. Malgré tout l’amour et le soutien de son épouse et de ses enfants, son couple est mis à rude épreuve.
p. 32 : » On m’interroge sur mon état d’esprit. Un mot : honte. Honte d’être « interné » dans une clinique psychiatrique, honte d’abandonner femme et enfants, honte d’être éloigné de mon travail. «
L’incompréhension de l’entourage est un rappel douloureux de son état.
p. 105 : » Pourquoi une chute aussi brutale ? Pourquoi en passer par un tel anéantissement psychologique et la fragilisation de ma famille, de mon entourage ? »
Xavier Vamparys sera suivi par deux psychiatres qui auront, avec sa collaboration, la lourde tâche d’analyser les causes de cette chute. Mais cette introspection aura ses limites, auxquelles il n’avoue ne pas vouloir les franchir.
p. 57 : » Consultation après consultation, nous butons sur une boîte noire que je ne souhaite pas ouvrir : mon enfance. «
Ce voyage au travers les épreuves de la dépression aura également mis à mal la foi de l’auteur. Si l’espérance habite indéfectiblement Xavier Vamparys, ses questionnements sur les raisons de Dieu à le mettre ainsi à l’épreuve, vont finalement façonner sa foi, avec maturité et pureté.
p. 209 : » En permettant ma chute, Dieu aura ouvert mon cœur et l’aura, je l’espère durablement, rendu plus disponible aux autres et à moi-même. «
Si l’écriture est soutenue, elle n’en reste pas moins accessible. Les références littéraires et bibliques sont certes présentes, mais n’étouffe en rien la lecture. La construction de l’ouvrage permet une lecture fractionnée, presque nécessaire, tant ce témoignage est touchant. Si l’écriture semble avoir été un exercice salvateur dans ce combat, je reste impressionnée par tout ce travail d’introspection, tellement loin du personnage que je pensais connaître ! J’ai apprécié la sincérité de ses propos, et son analyse de la société est criante de vérité. Cette société du travail s’est créée elle-même, dans cet asservissement, non plus de la pénibilité du travail physique mais psychologique.
p. 20 : » L’entreprise abuse des monstres qu’elle crée, tout en craignant qu’ils lui échappent : lâchés dans la nature, ils deviennent parfois un témoignage criant des tourments qu’elle leur fait subir. «
Que devient la réussite sociale et professionnelle quand tout s’écroule ?
p. 122 : » Il est également évident désormais pour moi que nul bien matériel ne constitue une consolation dans les moments de détresse. Et leur accumulation conduit probablement à plus de frustration que de satisfaction. «
Si ce témoignage peut aider certains à non seulement garder espoir dans la guérison, j’ose espérer qu’il le sera bien plus en amont, comme un lanceur d’alerte.
Je reconnais avoir eu quelques à priori (mea culpa) avant d’entamer ma lecture, tant nos mondes diffèrent. Je suis heureuse de cette découverte, oserais-je même dire « soulagée » de lui découvrir cette sensibilité et cette fragilité qui le rendent tout simplement plus humain.
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