"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Que dire... j'avoue avoir eu du mal à plonger, puis ensuite je me suis laissée embarquer par l'histoire, les histoires dans l'Histoire !
Les personnages sont complexes et c'est ce qui les rends attachant où énervant et parfois même décevant... comme la vie.
William Styron analyse parfaitement la descente aux enfers de la dépression et le cadavre potentiel qu'il peut être. Il rattache la douleur de l'âme à la mélancolie, à l'angoisse, à la solitude, à une tristesse insurmontable générées par le monde moderne.
Je le recommande, je l'offre, il me parle, il me parle certes bien trop, mais c'est un merveilleux livre...
Chronique d'une folie
Bien qu'autobiographique, ce récit ne nous détaille pas la vie de William Styron, mais s'attarde sur un aspect bien précis de son existence : La Dépression, la Dépression nerveuse, la Dépression Chronique...
Dans "Face aux ténèbres", William Styron autopsie le cadavre de sa maladie. Il dissèque les différentes étapes qui ont jalonné sa descente aux enfers : comment les premiers symptômes se sont manifestés; à quel moment il a admis sa maladie; son parcours thérapeutique; son rapport au suicide... et s'il a pu, en 1990 au moment de la parution de ce livre, autopsier ce cadavre, c'est qu'il a réussi à vaincre les ténèbres. Il témoigne donc aussi de son retour dans le monde des vivants : le moment déclencheur, l'incertitude qui accompagne la guérison.
Plusieurs fois, il rappelle que son récit n'a que valeur d'exemple et que la maladie revêt autant d'habits qu'il y a de personnes atteintes. Il est dangereux de faire des généralités : ce qui fonctionnent pour les uns, peut être nocif pour les autres. Il raconte ses journées, les moments où la douleur devient insoutenable. Il parle aussi de ses amis, ceux qui n'ont pas pu ou réussi à affronter ce mal et à en sortir vainqueurs : Romain Gary, Jean Seberg ou encore Primo Levy.
William Styron tente, en toute simplicité, mais avec brio, de partager son expérience, de la faire comprendre aux autres, ceux qui ne l'ont pas connue.
La tempête sous le crâne, la broyeuse, comme la nomme Philippe Labro, Alien, comme je la nomme moi-même, est ainsi moins étrangère à ceux qui ne l'ont pas croisée en chemin et leur permet peut-être d'être plus doux avec ceux qui vivent avec et tente de s'en débarasser.
Extrait :
"Comme tous ceux qui ont connu toutes les phases de la maladie, même les plus extrêmes, et pourtant ont émergé pour en faire le récit, je serai enclin à préconiser une formulation saisissante. "Tempête sous une crâne, par exemple, a malheureusement été utilisé pour décrire, de façon plutôt facétieuse, l'inspiration intellectuelle. Mais quelque chose de cet ordre s'impose. Informé que les troubles psychiatriques dont souffre quelqu'un ont dégénéré en tempête - une authentique tempête déchaînée dans le cerveau, car c'est là en réalité ce qu'évoque le plus fidèlement une dépression clinique - même le plus profane serait enclin à manifester de la compassion plutôt que la classique réaction suscitée par le mot "dépression", quelque chose du genre de "Et alors?" ou bien "Vous finirez par vous en sortir". Ou encore "Tout le monde a ses mauvais moments
Autres livres du même auteur que je conseille pour les avoir lu:
"Un lit de Ténèbres" un petit chef d'oeuvre selon moi
"Le choix de Sophie" dont le film est merveilleux aussi
Autre livre sur le même sujet et que je recomande aussi:
"Tomber sept fois, et se relever huit" Philippe Labro
J'ai découvert ce chef-d'oeuvre en 1981 grâce à Bernard Pivot et à son émission Apostrophes. Ce fut un choc comparable à ceux que j'ai eus lorsqu'adolescent, j'ai découvert Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas et Les Misérables de Victor Hugo. Quand, quelques années plus tard, le livre a été porté à l'écran par Alan J. Pakula avec Meryl Streep dans le rôle de Sophie, j'ai été très déçu. Mais, comment transposer la puissance d'une telle oeuvre en 2 heures 30. Peut-être qu'une série pourrait rendre justice au roman de Styron. Le Choix de Sophie est un roman que je relis périodiquement avec toujours le même plaisir.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !