Quand nos lecteurs participent aux salons littéraires Retrouvez leur reportage : Lire en Poche à Gradignan, la fête du livre au Château du Clos de Vougeot, La Fête du livre de Merlieux, Lisle Noir, les vendanges du Polar,
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Comment parler d’un tel monument. J’ai pris un coup de poing dans l’âme à le lire.
De retour à la maison, Wahhch retrouve sa femme morte, poignardée, la dépouille profanée d’une ignoble façon et c’est un doux euphémisme. Fou de douleur, Wahhch part à la recherche de son meurtrier, non pour le tuer mais pour le voir et être certain qu’il n’était pas, lui-même, le monstre. « Cet homme-là, si cela avait pu dépendre de sa volonté, aurait préféré confier sa raison à la démence au lieu d’être mesuré dans sa douleur comme il l’était » raconte le grand corbeau
Les animaux seront les grands témoins de cette fuite en avant et, tout à tour, se relaieront pour raconter l’histoire. Cette figure de style, ces voix hors champ servent de soupape de décompression tant, à certains moments, le livre côtoie l’insoutenable.
Dans les premier et second actes, le titre des chapitres, en latin, est celui de l’animal témoin. Nous croiserons toute une gente ailée, des insectes, des animaux domestiques, sauvages, nocturnes…. Au 3ème, les titres sont ceux des villes traversées ou celles qui sont importantes pour son histoire. Ces villes ont des consonances connues : Oran, Jerusalem, Thebes, Cairo… Il y a là une inversion car c’est un dialogue à deux voix, celle de Wahhch et celle du canis lupus lupus, ce loup devenu chien, qui l’a sauvé d’une mort certaine et de l’enfer. En effet, il va retrouver les témoins de sa prime enfance. Il y a un parallèle entre son sauvetage par le loup-chien et ce qui a déterminé le reste de sa vie.
Dans ce livre, nous passons de la guerre de sécession au martyr de Sabra et Chatila, des réserves indiennes à la Palestine, au Liban. Il faudra à Wahhch Debch traverser les Etats-Unis pour découvrir ce qui le hante, pour fermer les vannes des souvenirs, des questions et, surtout, comprendre. Il y trouvera des êtres immondes et violents, mais également des personnages qui le feront avancer, qui le soutiendront physiquement et moralement.
Wahhch Debch est parti à la recherche de son Anima. Il y a sûrement perdu une partie de son âme, mais il a trouvé la vérité. La route de cette vérité se termine à Animas, petit village au sud du Nouveau-Mexique pour mieux repartir vers d’autres territoires.
A certains moments, je ne pouvais plus quitter ce livre et, à d’autres, un ressort me sortait de ma chaise longue tant il fallait que je marche pour digérer ce que je venais de lire.
C’est vraiment une belle œuvre. « Le fleuve glissait dans son vêtement de khôl, la glace en plaques cadenassait sa puissance. Il était dans sa lenteur et nous dans sa fraîcheur » nous dit le goéland poète. Des phrases belles comme celle-ci, il y en a beaucoup dans ce livre que j’ai aimé car quelle écriture ! C’est un livre dur, quelque fois cruel mais jamais voyeur.
J’avais aimé sa pièce de théâtre « Rêves » jouée, entre autres, par Coline. Dans ce livre, il y a toujours l’urgence, la violence, la réalité, le surréalisme, le fait de passer par des « voix off », mais multiplié par 100 donnent une telle force dans l’écriture. Oui vraiment un gros coup de cœur.
Je ne suis pas certaine d’avoir réussi à vous parler convenablement de ce livre tant tout se bouscule en moi, mais je vous le recommande chaudement.
Tragédie moderne et mythe antique entre le Canada et le Liban : Wajdi Mouawad transpose au 20e siècle et au Proche-Orient (le pays n’est pas précisé) une tragédie presque classique dans une langue poétique qui ne fait qu’accentuer la violence du propos.
A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwal se voient confier une lettre chacun, à charge pour eux de la remettre, l’une à leur père dont leur mère leur a toujours dit qu’il était mort pendant la guerre, et l’autre à un frère dont ils n’ont jamais entendu parler.
Malgré leurs doutes et leur ressentiment vis-à-vis de cette mère défaillante à la raison ébranlée, Jeanne d’abord, ébranlée par ces révélations énigmatiques, se lance sur la piste de ce père qu’elle croyait mort, bientôt rejointe dans sa quête par Simon. Plus qu’un passé douloureux, c’est l’horreur de la guerre qu’ils vont découvrir et ses terribles conséquences.
Ma lecture de cette pièce a été fortement influencée par le film tiré de la pièce que j’ai vu l’année dernière : un véritable choc ! Une chose est sûre, ce texte poétique à la construction singulière ne peut que s’éclairer et prendre une force et une réalité charnelle lorsqu’il est dit, au théâtre comme au cinéma… une réalité complètement bouleversante.
Rares sont les livres qui arrivent encore à me faire découvrir de nouvelles façons de lire. C'est le cas avec ce magnifique roman de Wadji Mouawad qui rompt totalement avec notre manière de lire habituelle, linéaire et focale. Ici les points de narration sont multiples et nous donnent l'impression de "bouger" autour et dans le récit, qui plus est d'une façon chaque fois différente. Tour de force littéraire qui nous donne à voir le déroulement de l'intrigue à travers les yeux, les antennes ou autres organes sensoriels d'un animal différent à chaque chapitre. Ce livre inclassable est à la fois drame psychologique, enquête policière, récit d'aventure, étude sociologique, le tout nimbé d'une poésie aérienne que n'empêche pas le côté cru et parfois violent du récit.
Impossible de décrocher de ce livre avant d'en connaitre la fin, on le referme avec l'impression d'avoir fait une expérience inédite de lecture. Vraiment, vraiment à conseiller!
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