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« Les hommes? Les jeunes Lykov ne les connaissaient que par les récits et le souvenir de leurs aînés. Ils appelaient » siècle » toute cette vie à laquelle ils n’avaient jamais pris part. » Ce siècle est plein de tentations, de péchés, d’outrages à Dieu. Il faut fuir et craindre les hommes «
Voilà ce qu’on leur enseignait. »
Le journaliste Vassili Peskov est abordé un jour par des géologues qui ont découvert grâce à un vol en hélicoptère, puis rencontré, une famille de « vieux croyants » dans un endroit complètement reculé de la taïga. Ils se sont tenus éloignés de ce qu’ils nomment le « siècle », ils n’ont fréquenté personne depuis plus de trente ans, ne sont au courant ni des dernières avancées technologiques, ni de la seconde guerre mondiale. Leurs croyances les empêchent de plus de se nourrir de produits autres que ceux issus de leur potager, de la pêche ou de la cueillette. En 1982, Peskov rencontre le père, Karp Ossipovitch Lykov et sa fille Agafia. Il les revoit à intervalles irréguliers, les interroge et se lie d’amitié avec eux.
J’ai découvert ce récit passionnant dans la boîte à livres de mon village, et me suis rappelée l’avoir rencontré sur les blogs. Ce fut une lecture très enrichissante, je ne connaissais pas les « vieux croyants » et leur mode de vie très primitif m’a tout à fait fascinée. Le climat de la région de Sibérie, entre lacs Balkach et Baïkal, où ils vivent, est des plus rudes et inhospitaliers, passer de longs hivers sous la neige, et faire pousser des légumes au cœur d’une forêt un défi incroyable. D’autant qu’ils trouvent de plus le moyen de prier plusieurs heurs par jour, en plus de tout le travail physique imposé par leur survie. Quant au personnage central, Agafia, sa curiosité et sa bienveillance la rendent vraiment touchante et inoubliable. Elle vit d’ailleurs toujours dans la taïga où elle est née…
Le livre montre bien à quel point l’auteur s’est attaché aux membres de la famille qu’il a rencontrés, et le ton qu’il emploie pour son récit leur rend le plus bel hommage possible.
En 1978, dans les montagnes perdues du Khakaze, au fin fond de la taïga sibérienne et à 250 km du premier village, des géologues en mission découvrent les Lykov, une petite famille qui vit depuis plus de quarante ans totalement coupée du monde. Deux des quatre enfants n’ont jamais vu d’autres êtres humains que leurs parents et leurs aînés et ne connaissent le monde extérieur que par oui-dire. Karp Ossipovitch, l’ancien, le père de famille vit en compagnie de ses deux filles âgées d’une quarantaine d’années dans une cabane plus que rudimentaire avec de minuscules ouvertures et des murs noirs de suie et de crasse. Ses deux fils habitent à quelques kilomètres plus loin dans un abri encore plus misérable. Ils se consacrent à la chasse. La mère est décédée depuis plusieurs années. Tous sont vêtus de guenilles ou de chasubles faites de toile à sac rapiécée de partout. L’été, ils marchent pieds nus. L’hiver ils sont chaussés de bottines en écorce de bouleau. Ce sont de lointains descendants de Vieux-Croyants, persécutés depuis la réforme orthodoxe de 1666, menée par le patriarche Nikon, qui se sont enfoncés de plus en plus loin en Sibérie pour pouvoir vivre leur foi selon leurs anciennes traditions. Dans ces confins, ils ont pu trouver un peu de liberté jusqu’à ce que Staline, en 1945, envoie dans la région des militaires pourchasser les déserteurs. Pour leur échapper, les Lykov ont dû abandonner tout voisinage pour aller se terrer en un lieu où l’on ne peut accéder qu’en hélicoptère.
« Ermites de la taïga » est un récit, une sorte de reportage, relatant toutes les visites qu’un journaliste leur fit quand il découvrit le destin de ces malheureux qui bientôt se retrouvèrent à seulement deux, Karp et Agafia, la fille cadette, quand coup sur coup décédèrent l’autre fille et les deux fils suite à diverses maladies. Le lecteur ne peut que ressentir émotion et empathie quand il découvre les conditions de vie dantesques que ces « ermites » ont subi pendant si longtemps pour ne pas se retrouver dans un monde dont ils rejettent à peu près tout. Toute cette histoire qui ne manque pas de nouvelles épreuves, même après la découverte et en dépit de toute l’aide qu’ils reçoivent, se lit avec grand intérêt, un peu comme une parabole ou une allégorie qui pose toutes sortes d’interrogations existentielles. Jusqu’où peut mener l’extrémisme religieux ? Ne sommes-nous pas chacun l’extrémiste de quelqu’un ? Peut-on vraiment survivre en dehors de tout lien avec la société ? Quel est le véritable prix de la liberté ? Quelles sont les limites de l’autonomie ? Peut-on vraiment survivre complètement seul dans une nature sauvage ? Car tel est, au bout du compte, le destin de la pauvre Agafia. Une très belle histoire vraie, bien écrite, agréable à lire, qui est en même temps une magnifique leçon de vie, de courage et de résilience.
livre documentaire sur une famille russe survivant dans la taïga avec le peu que la nature peut leur donner> Description d une vie dure en immersion dans une nature a la fois hostile et protectrice. Les personnes sont touchantes par leurs convictions, leur forces morale et physique.Le plus émouvant est qu ils se bornent a rejeter tout ce qui vient de la civilisation, mais accepte les hommes issus de celle ci; l amitié, notamment avec l auteur, étant plus fort que leur interdit.
Livre attendu par bon nombre de ceux qui avaient lu l'Hermine dans la Taïga. Agafia quelle femme !
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