"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un réel plaisir de lecture pour ce livre qui nous entraîne en Angola ou dans un pays imaginaire. J’ai quelquefois pensé aussi à Haïti et à sa littérature qui est parfois ainsi réaliste et poétique à la fois. Ce roman polyphonique nous parle de personnages hors normes, différents : un homme de 40 ans toujours célibataire, une naine qui essaie de trouver sa place dans un village et que les hommes aiment bien venir voir, en secret de leur femme et qu’ils abandonnent quand elle attend un enfant (mais qui peut être le père ou les pères), un jeune garçon qui aime les garçons... Ils ont chacun des blessures, des maux. On dit parfois que l’on ne choisit pas sa famille, mais on peut tenter de créer une famille de cœur. Et ce que décide Crisostomo, ce pêcheur célibataire, en hébergeant un jeune orphelin, une femme rejetée par tous, le garçon qui aime les garçons ! Avec une belle écriture réaliste et poétique, l’auteur nous entraîne dans ce pays et j’ai beaucoup aimé ce regard bienveillant sur la différence et ce souhait de combattre les méchancetés, les brimades, les hypocrisies de la société.
« Pour entretenir sa curiosité, le vieil Alfredo offrait des livres à l’enfant et lui affirmait que lire était bon pour sa santé. Il lui apprenait que c’était bien dommage que le manque de lecture, ne se transformait pas en une maladie, une sorte de mal qui entrainerait la mort des paresseux ( …) Et le médecin demandait : avez-vous abusé des fritures, des œufs, avez-vous lu. Le patient répondait : non, docteur, je n’ai pas lu un livre depuis plus d’un an, je n’aime pas beaucoup çà et çà me tombe des mains. Alors, le médecin disait : ah, sachez que soit vous lisez de toute urgence un bon roman, soit je vous revois à vos obsèques dans quelques semaine. » (p66)
« Aimer est le destin du monde » (p116)
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Crisóstomo, célibataire, quarante ans n’en peut plus de sa solitude, de ne pouvoir transmettre ses valeurs à un fils. « A l’intérieur de l’homme l’homme tombait ». Le pantin qu’il a acheté est un ersatz dérisoire pour lui. Il veut un enfant, mais faire un enfant tout seul lorsque l’on est un homme est mission impossible. Alors, il en parle « Il décida qu’il sortirait dans la rue pour dire à tous qu’il était un père à la recherche d’en enfant. Il voulait savoir si quelqu’un connaissait un enfant seul. ». Un jour, le destin met en face de lui un garçon qui vient de perdre sa seule famille, son grand-père. Il accepte le cœur de Crisóstomo « Crisóstomo, et Camilo, qui, soudainement, étaient comme seuls au monde, parce qu’à eux deux ils étaient toute la compagnie nécessaire. La vraie. ». Arrive une femme qui sera SA femme, l’être qu’il attend, qu’il aime déjà, une femme qui les aime tous les deux, une femme qui ne se contente plus « de profiter d’un instant d’amour possible. L’amour des malheureux. »
Ce livre parle de l’amour désintéressé, de la filiation utérine, des familles recomposées que l’on se choisit, pas celles que l’on subitet la famille que l'on se compose, qui s'agrandit comme les ronds dans l'eau. Un grand hymne à l’amour humain, au bonheur « Celui qui n’a pas peur de souffrir a plus de chance d’être heureux. ». La famille, la vraie, celle des liens du sang n’est pas toujours à la hauteur des espérances des uns et des autres, mais, englobée dans la famille choisie, donne sa part de bonheur. Crisóstomo, tel un artisan, un bon artisan, a construit sa famille. Il a reçu l’aide de son fils et de la femme qu’il aime pour agrandir le cercle familial.
Je vous vois venir, vous vous dites, Zazy va finir chez BC (B. Cartland) ! mais non, ce livre est une réflexion sur l’amour désintéressé et n’est en rien gnangnan. L’amour est une force qu’il faut travailler, remettre le travail sur l’établi chaque jour, accepter ce qui peut nous déranger.
Un livre empli de poésie où les phrases sont belles et j’y suis très sensible. Une pépite de bonheur
La rentrée 2016 me gâte.
Un court roman d'un auteur portugais que je ne connaissais pas. J'ai découvert une écriture tout en poésie, ciselée, précise qui m'a emportée dès les premières pages. J'ai totalement adhéré à l'histoire et j'ai été conquise par le personnage de Crisostomo, ce pêcheur qui a décidé de se créer sa famille sur mesure, au-delà des liens de sang, au-delà des apparences, du niveau social. J'ai adoré l'idée, la famille de sang n'étant pas toujours à la hauteur de nos attentes, il est parfois nécessaire de s'en détacher et de se créer un cocon familial qui nous ressemble et dans lequel on peut être nous-mêmes. Mais je m'égare là, revenons au roman. Il va s'entourer en commençant par se choisir un fils et petit à petit d'autres personnages vont se greffer et tout ce petit monde va pouvoir s'apprivoiser et chose formidable, comme ils sont tous différents avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs qualités et leurs défauts ils vont s'apporter beaucoup et surtout se donner de l'amour et de la bienveillance.
Attention, je dois préciser qu'il ne s'agit pas là d'un roman plan-plan ou niais , du genre tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. C'est un roman puissant, des personnages hors normes et beaux chacun à leur manière, la vie ne les a pas épargnés et cela leur a donné de la force. Une expérience humaine et d'amour inconditionnelle unique que nous fait partager l'auteur. J'ai beaucoup aimé l'idée car c'est déjà ce que je fais dans la vie, ça m'a donc beaucoup parlé.
Un roman qui se lit d'une traite, dans lequel on entre direct et qui fait du bien car très humain. Je ne regrette pas ma lecture et je vais suivre de plus près Valter Hugo Mae dont j'ai apprécié la poésie et l'écriture
VERDICT
Un roman parfait pour reprendre le chemin du travail et s'évader pour quelques heures, un auteur à découvrir, un univers unique. Courez l'acheter
https://revezlivres.wordpress.com/2016/08/09/le-fils-de-mille-hommes-valter-hugo-mae/
Maria da Graça est femme de ménage, marié à un marin médiocre qu'elle tente d'empoisonner, gentiment... Elle est au service de monsieur Ferreira, un vieux cochon qui la viole allègrement et régulièrement. Mais Maria trouve ça pratiquement normal, voire y prend même quelques plaisirs. En outre, l'homme est cultivé, et il lui parle de Goya, Rilke, Bergman ou Mozart, de grands hommes capables d'impressionner Dieu. Or Maria a maintenant quelques soucis avec Dieu, ou plutôt avec Saint-Pierre qu'elle rencontre chaque nuit dans ses rêves surtout après le suicide de Ferreira. Elle souhaite ardemment le rejoindre et Saint-Pierre n'est pas totalement convaincu («quel provocateur ce saint pierre, quel salaud») et ne lui prête guère attention mais Maria n'est pas femme à se laisser faire, "je ne suis pas femme à fuir mes obligations" ! La meilleure amie de Maria, Quiteria, est également femme de ménage. Même cruauté de la vie («... je ne peux me payer que la mort, la vie est trop chère pour moi.»), même âpreté et difficultés mais aussi même quête de bonheur, même désir de vivre, d'aimer et de sexe. Quiteria se prostitue et tombe amoureuse d'un Ukrainien étrange, déglingué vivant un exil douloureux. Seul le petit chien, Portugal, qu'elle a recueilli, semble serein et regarde tout ça avec calme sans porter aucun jugement. Un portrait cru et direct d'une société portugaise où le peuple se débat vigoureusement dans des difficultés immenses mais que la quête d'amour aide à survivre. Le style est vif, rythmé et singulier, l'humour décapant et les personnages atypiques et attachants.
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