"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lou, Ric et Phil, une fille, deux garçons, une fratrie qui grandit en France dans les années 60 avec un papa qui rêve d'Amérique. Les valises sont déjà prêtes, solides, métallisées, aux couleurs de la DS paternelle. Mais c'est loin l'Amérique, alors en attendant, la famille se gave de westerns, va jouer au cow-boys et au indiens à Ermenonville et regarde les avions s'envoler à Orly.
Adultes, ils sont tous les trois artistes et ont réalisé chacun à sa façon leur rêve américain...
La preuve qu'une quatrième de couverture alléchante et un sujet attrayant ne font pas un bon livre. Si la première partie peut éventuellement raviver la nostalgie des lecteurs qui ont connu la DS, la télé en noir et blanc et l'arrivée dans les ménages des premiers échantillons gratuits qui induiront la société de consommation, on est pourtant très vite effrayé par les termes mécaniques, l'accumulation de marques citées et le style elliptique de l'auteure. Alors même si les souvenirs de Lou restituent très bien l'époque et qu'on peut prendre plaisir à se replonger dans ce passé, tout se gâte dans la seconde partie quand les garçons prennent la parole. Le propos devient alors incompréhensible pour le profane qui n'est pas versé dans la question indienne. En effet, Phil, désormais photographe, est parti au Canada et aux Etats-unis sur la trace des premiers habitants. Un exemple de la prose verbeuse et, sans doute érudite, de Valérie TRODJMAN : "L'artiste contemporain, dont la démarche ne relevait pas du folklore, ni de l'ethnomuséographie ni de la génétique, pouvait-il désoeuvrer l'Indianité -l'indianness ethnocentriste des non-indiens et l'indianity héritée du panindianisme- pour questionner l'identité tout court ? Mais pourquoi désoeuvrer l'Indianité ? Etait-ce seulement possible à partir du moment où la question était posée ? Et ainsi de suite, jusqu'à l'obsolescence même du questionnement ?" Et le reste est à l'avenant, avec en plus un délire onirique, ou pas, de Ric lors d'un célèbre festival dans le désert américain. Difficile ensuite de rester concentrer et de s'intéresser au récit. On s'égare, on se lasse, on suit difficilement les élucubrations des héros de l'histoire. Grosse déception donc pour un livre qui avait de nombreux atouts -à commencer par son titre à rallonge !- mais qui ne tient pas ses promesses.
L’Amérique … L’Amérique c'est le rêve de Papa qui en reconstruit l'atmosphère au quotidien et fait miroiter un voyage prochain au pays des westerns. Lou, seule fille du trio infernal, revient sur cette enfance passée dans l’excitation et la préparation constante de cette excursion. En attendant, toute la famille se balade dans la superbe voiture familiale ( pas n'importe laquelle : celle du président tout de même, la magnifique DS ! ) , on visite Orly, histoire de bien repérer les lieux, on joue aux cow-boys et aux indiens, des images en Technicolor plein les yeux … Être un kids des sixties, et puis grandir …
C'est toute une enfance que l'on découvre à travers le récit de Lou, puis celui de ces deux frère, Ric et Phil. L'écriture de Valérie Tordjman, nous transporte dans une génération particulière et haute en couleur. Le quotidien de la famille à laquelle le style nous attache est marqué par des anecdotes historiques et nombre d'emblèmes : l'atmosphère des années soixante est parfaitement recréée. Parfois, il faut s'accrocher un peu à toutes ces informations ( surtout si le vécu n'est pas derrière nous pour évoquer quelques souvenirs … ) mais au final, le plaisir est présent. L'auteur a en effet soin de nous scotcher au fauteuil et de faire défiler devant nos yeux les plus belles images collectées au cours du voyage temporel et géographique qu'elle nous offre. Le style à la fois léger et subtil, profond et intelligent rend l'histoire familière à tous.
Dès les premières pages, nous retrouvons un humour qui ne laisse pas indifférent et la première partie racontée par Lou qui revient sur son enfance en demeure très agréable à lire. Les souvenirs qu'elle partage avec nous en remontant le cours du temps sont touchants même pour ceux qui n'ont pas vécu cette même époque en ce que l'enfance est un espace temps singulier qui nous concerne tous, et l'auteur sait en faire profit. La deuxième partie qui débute avec les retrouvailles très spéciales de la fratrie devient plus profonde et donne lieu à de nombreuses réflexions en lien avec le contexte politique, philosophique et artistique de l'époque. Les connaissances et l'aisance avec lesquelles l'auteur nous éclaire sont d'ailleurs saisissantes et le livre prend une dimension nouvelle. Le lien familial n'est pourtant pas endommagé et nous retrouvons les personnages dont l'enfance nous avait déjà attendris les 100 premières pages. Ce roman crée un parallèle entre l'enfance et l'âge adulte : les enfants grandissent, mais tout change-t-il vraiment ? Cette période de notre vie semble, à lire ces lignes, déterminante.
La photographie est également très présente et donne un souffle incroyable au livre. Ainsi, on pourrait parfois se sentir perdu dans l'obscurité de théories avancées, mais la constance des images, des métaphores et de la beauté des photographies de vie que nous transmet Valérie Tordjman nous tiennent de toutes les manières en haleine et constituent un magnifique horizon de découverte. Il ne faut donc en aucun cas redouter les passages plus difficiles d'accès puisqu'ils sont au cœur de la richesse de ce livre, et offrent une réelle profondeur à ce récit de prime abord léger et drôle ( ce qui, soit dit en passant, fait tout autant de bien ! ) . Nous voici donc avec un mélange détonant entre les mains qui nous divertit à merveille tout en arborant un fond documentaire d'une justesse incroyable et le tout avec une légèreté et un humour délectables ! Un roman qui se lit de plusieurs manières, selon ce que l'on vient y chercher, et qui nous transporte en tous les cas dans un univers éclectique et coloré : pour le plus grand plaisir de l'imagination ! Faîtes vos valises les enfants, demain on va en Amérique ! Fait donc plaisir à lire et recèle des trésors que l'on ne soupçonne pas …
Les années 60, le petit Clamart, la mythique DS et l'Amérique de Joe Dassin. Plaisant et nostalgique, dans une première partie bien construite autour des souvenirs de la soeur. Ensuite, on se perd un peu dans un western-fouillis où les deux frères jouent aux indiens, découvrent le sexe et cela fait un grand flop décevant ...
Je suis particulièrement sensible à cette première partie : mon papa avait une DS et rêvait d’acquérir la fameuse SM. Mort trop tôt, comme le papa de nos 3 héros, il n’est jamais allé en Amérique. Donc, cette première partie fort touchante m’a entraînée loin, très loin dans mes souvenirs avec l’envie de m’approprier un certain nombre de choses.
Et flop de la suite, quand les deux frères entrent en scène page 69, parce que je n’ai plus rien compris de ce dédale de mots et phrases inutiles qui ne mène finalement pas à grand chose, nous écarte de l’histoire de la fratrie pour faire l’apologie du phallique, de la renaissance indienne, le tout arrosé de relents de tribalisme au cœur du Nevada. Pour avoir vécu des instants privilégiés au sein de la communauté navajo, je peux affirmer que ce que j’ai lu n’est qu’un ensemble de clichés totalement décalés par rapport à la réalité. J’ai le sentiment d’un verbiage qui frise le mauvais goût, malgré une belle tentative de rattrapage au final quand les enfants devenus des adultes se retrouvent au cimetière pour un dernier hommage à leur père.
Je n’ai pas été séduite par l’écriture et je ne suis pas certaine non plus d’avoir vraiment compris où l’auteur souhaitait nous mener. Bref, de la déception et de l’amertume alors que le début était prometteur. Mais souvent, et j’ignore pourquoi, les auteurs qui interrogent leurs souvenirs (à de rares exceptions près) ne savent pas comment poursuivre ni finir leurs récits. Ce n’est probablement pas un exercice facile !
Dans les années 60, dans la DS familiale, trois enfants partagent le rêve d’Amérique de leur père. Chaque fois reporté, le voyage n’aura jamais lieu car, comme ils finissent par l’apprendre, leur père ne supportait pas l’avion.
Que dire de ce roman psychédélique truffé de références jusqu’à plus soif ?
Le début est assez séduisant pour les quarantenaires qui s’émerveilleront à l’évocation de la DS, des émissions de télévision de l’époque et autres madeleines de Proust. S’ensuivent des descriptions-digressions-délires dans une écriture pour le moins décousue. Difficile donc de savoir si le récit des voyages aux States des trois enfants devenus grands ne sont qu’un rêve de plus ou s’ils ont réellement eu lieu. L’alignement de références culturelles et autres, parfois simples énumérations, finit par lasser et laisser à penser que ce « roman » désuni de 158 pages n’est qu’un prétexte à un étalement de connaissances.
Si ce roman se veut poétique, je ne peux qu’avouer être passée totalement à côté. Un voyage en Amérique jamais concrétisé qui finit en somme par virer au « Very bad trip ».
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