"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J’avais lu il y a quelques années « Par les rafales » de Valentine Imhof. Le prix Polar+ a été l’occasion de retrouver l’autrice puisque « Le blues des phalènes » fait partie de la sélection.
J’ai été tout de suite happée par ce que propose l’autrice. Elle nous met en présence de quatre personnages, Milton, Pekka, Anthony et le jeune Nathan. Tous ont un lien, parfois ténu, et tous sont hantés par la mort. Tous font aussi partie de cette Amérique de la marge – celle des vétérans, des mineurs, des prostituées, des freaks, des travailleurs pauvres. Tous enfin, ont un rapport avec la grande explosion qui a eu lieu à Halifax, au Canada, en 1917.
L’écriture est superbe, avec beaucoup de profondeur, et surtout de réalisme, j’avais vraiment l’impression de lire un roman américain et j’ai plongé dans les scènes décrites par l’autrice.
Pourtant il n’est pas facile de s’y retrouver : on passe d’un personnage à l’autre, d’une époque à l’autre (entre la Grande Guerre et le milieu des années 30), sans logique temporelle ou narrative… et la déstructuration m’a laissé un petit goût d’inachevé (ou plutôt la sensation d’avoir besoin de relire le roman pour bien remettre toutes les pièces du puzzle en place) même si la construction est intéressante et le style, vraiment réussi.
J’ai cependant beaucoup aimé ce livre sombre, riche, puissant, qui m’a emmenée à la rencontre de faits historiques que je ne connaissais pas (la fameuse explosion susnommée, l’exposition universelle de Chicago et son homme de verre, la grève des dockers de San Francisco …)
Une excellente surprise.
Dans l’Amérique des années trente, quatre destins nous emportent dans la tourmente de la Grande Dépression, alors que des millions de misérables se sont lancés sur les routes dans l’espoir d’un avenir meilleur : Milton a rompu avec sa riche famille de banquiers et d’industriels ; Arthur traîne son trouble et lourd passé de vétéran de guerre ; Pekka ne cesse de changer d’identité pour tenter d’échapper à sa triste condition ; l’adolescent Nathan s’accroche à qui il peut dans son errance à travers le pays.
Tout commence dans la ville canadienne de Halifax, lorsqu’en 1917, la collision entre deux navires, dont l’un chargé de munitions à destination de la guerre en Europe, fait sauter la ville en ce qui restera la plus puissante explosion d’origine humaine jusqu’aux bombes atomiques de 1945. Non contente de bousculer à jamais la destinée des rares survivants, la déflagration semble générer une onde de choc infinie dans la vie des personnages du roman, embarqués dans une inexorable glissade vers un malheur sans cesse réinventé.
En 1933, tandis que l’Exposition Universelle de Chicago vante un siècle de progrès pour la glorieuse Amérique, le pays touche en réalité le fond après quatre ans de crise sans précédent. Le chômage frappe un quart de la population et prive de toit des centaines de milliers de familles. Exploités dans d’infernales conditions, en particulier dans les vergers californiens, les ouvriers sont tentés de rejoindre des syndicats. Des marches de protestation s’organisent, comme celle, en 1932, des anciens combattants réclamant, en raison de la crise, le paiement immédiat de la prime qui leur était promise pour 1945. Crispés jusqu’à la paranoïa par la peur du communisme et du désordre intérieur, politiciens et suprémacistes blancs réagissent par la répression violente, tandis que racisme, antisémitisme et sympathies fascisantes viennent empoisonner un peu plus l’atmosphère explosive d’un pays englué dans le désespoir.
C’est une fresque foisonnante que construit, par touches impressionnistes, ce récit éclaté en multiples rebonds, dans le temps et entre ses personnages. De l’explosion de Halifax à la crise de 1929, en passant par les conflits armés et par la violence sociale, émerge l’impression quasi apocalyptique d’un espace de vie transformé en champ de désolation par des déflagrations en chaîne. Nul espoir ne vient éclairer ces destins, comme brisés dans l’oeuf et inexorablement martelés par le malheur. Une fatalité pesante les condamne : celle de l’indifférence et de la peur des plus riches et des plus puissants, anxieux du maintien de l’ordre de leur univers privilégié, au point de fraterniser avec les penchants les plus obscurs du racisme, du fascisme et de l’autoritarisme.
Nombreux sont les faits méconnus et saisissants qui viennent émailler cette reconstitution historique dense et impressionnante, servie par une narration fluide, incisive et engagée. Un très beau roman, terriblement noir, qui m’a donné envie de relire Les raisins de la colère.
⭐⭐⭐⭐⭐
Par les rafales
Valentine Imhof
Thriller
351 pages
Edition : Rouergue
Synopsis : Qui est vraiment Alexis Fjærsten, cette belle jeune femme qui a établi son camp de base à Metz, tombant immédiatement dans le coeur d'Anton ? Pourquoi tue-t-elle sauvagement un inconnu qui lui fait du charme ? Qui lui fait peur au point qu'elle est prête à s'enfuir jusqu'au bout du monde ?
Dans un premier roman intense, gorgé d'alcool, de rock et de poésie, Valentine Imhof nous emporte sur les pas d'une héroïne qui s'est placée sous la protection de Loki, le dieu destructeur de la mythologie nordique.
Prix « Le Polar se met au vert » - Adultes - 2021
Evaluation : Enorme coup de coeur pour ce thriller / roman noir ! Une histoire terrible sous fond de rock, pop voire punk ... une plume délicate, envoûtante mais vive qui donne des frissons ! Livre en 3 parties : ce qui est, ce qui fut, ce qui sera.
Vous l'aurez compris, la première partie est au présent. On rencontre notre personnage principal, alex. On comprend très vite que cette femme a subi des choses monstrueuses mais son caractère "punk" est surprenant ... Directement, on veut savoir ce qui s'est passé ! La deuxième partie, justement, nous l'explique ! On est plongé dans son passé et on comprend tout ... Enfin, la troisième partie est très étonnante. Si vous aimez ce genre, foncez les yeux fermés mais attention, il y a quelques scènes assez terribles ! Âmes sensibles s'abstenir !!!
Extraits / citations : * Elle dort beaucoup et aime penser que pendant son sommeil, son corps se reconstitue, se rafistole. Elle imagine une cohorte de tout petits ouvriers qui ravaudent les fibres déchirées, colmatent les brèches, écopent, carènent, calfatent, rééquilibrent les ballasts. Et elle constate au quotidien la progression de ce grand chantier miniature.
* ça le fait chier, parce qu'il sait que l'effet pansement du tatouage s'estompe et que le camouflage ne suffit plus. Il était illusoire de penser que ce voile d'encre, si fin, si immatériel, pourrait la remettre d'aplomb. Il a voulu y croire autant qu'elle. Pour elle.
Mais il y a quelque chose de cassé chez Alex. Elle est abîmée et il voudrait pouvoir la réparer, mais c'est bien au-delà de ses compétences de dessinateur.
Un roman noir dans le milieu BDSM.
Plus particulièrement le fireplay ou "fétichiste" du feu ou encore la douleur par le feu ! D'où le titre : zippo qui n'est autre qu'un briquet qui a de l'allure, de l'élégance ... Ce livre est à l'image de son titre ... L'autrice, par sa plume, nous donnerait presque envie de jouer aussi avec le feu tellement ses descriptions sont envoûtantes, élégantes et sensuelles ! Mais biensuuuur la réalité est tout autre ! hé oui, le feu ça brûle ... et ça laisse des dégâts irréversibles et pas que physiquement ! Notre héroïne, à force d'y jouer en fera les frais ...
Clic clic On est, dès les premières pages, directement aspiré par l'histoire
Clic clic On veut savoir et on veut participer nous aussi aux retrouvailles
Clic clic mais pour moi le zippo déraille et quoi de plus chiant qu'un briquet qui ne s'allume pas ... J'insiste mais la flamme n'apparaît pas ! le feu n'a pas pris avec moi ^^ Je n'ai pas cru à la crédibilité du personnage de mia ... Dommage !
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