"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
On a tous une raison différente d’aimer un roman.
Ça peut être la plume de l’auteur, l’histoire qui est racontée, les personnages qui y prennent vie.
Parfois, c’est d’abord une histoire de lieu, quelque chose qui renvoie des images tapies en vous.
Quand j’ai lu la 4ème de couverture de ce roman j’ai été irrésistiblement attirée, pour des raisons très personnelles.
Nous sommes à Casablanca, au Maroc, en 1955. La France a depuis plusieurs années « colonisé » le pays. Les Français dirigent la plupart des grandes entreprises du pays, vivent dans les plus luxueuses villas dans des quartiers en périphérie de la ville comme Anfa.
Je suis née là-bas, des années après la période pendant laquelle se situe ce roman.
L’auteur a fait remonter en moi des images, des couleurs, des parfums mais aussi des mots que je n’avais plus entendus depuis de nombreuses années.
L’ambiance et les comportements relatés dans ce roman sont une photo d’une parfaite netteté de ce qu’étaient les relations entre Français et Marocains avant l’indépendance (dans les années 70).
Certains pourront être choqués par certains dialogues mais qu’il faut laisser dans leur contexte et leur époque. Malheureusement, les insultes, les humiliations, tout cela a vraiment existé.
Leur regard était confiant. Ils ne comprenaient pas le français, ignoraient la signification de mots comme bicots, ratons ou assassins. En revanche ils savaient qu’ils n’avaient rien à craindre de mots comme Ils vien-nent jus-que dans nos bras E-gor-ger nos fils nos com-pa-gnes Aux arrrr-mes ci-toy-ens ! Ils connaissaient bien ces mots-là. Ils les aimaient.
Alors, quand l’auteur nous présente l’histoire de Georges, un Français parmi les riches de la ville, qui viole Gin, la fiancée de Manu, il n’est pas surprenant que la police française se laisse manipuler par les « puissants » et fasse porter le chapeau aux arabes, au risque de provoquer des bains de sang.
J’aurais pu n’être happée que par ce décor que je connais si bien. Ce n’est pas le cas. Le scénario m’a aussi conquise, tout comme le style qui arrive à recréer toute une époque dans un lieu décrit avec beauté.
Les personnages sont pour certains parfaitement détestables, à l’image de Georges. D’autres sont touchants, d’autres encore ont ce reste de conscience qui en fait des hommes biens et parmi ceux-là Manu et le policier Gonzalès qui refuse de voir des innocents accusés à la place d’un fils à maman riche et dangereux.
Ces gens très simples gagnent au loto... C'est très divertissant, très joyeux, plein d'humour....
Les rats sont entrés dans Paris ; la grève des éboueurs dure depuis plusieurs mois. Kubitschek vit dans un bel appartement. Ses enfants participent à des manifs. Il recueille Olga, une jeune femme sans boulot, sans domicile. L'emmène à son cercle de jeu assez huppé en la présentant comme sa femme. Commence à jouer. Joue la date de naissance de la jeune femme. Le 22. Gagne mais le club se fait braquer. Les malfrats emportent tout l'argent et les bijoux des membres. Même le faux collier d'Olga. Kubitschek résiste, ne donne pas sa montre. Le braqueur trépigne, menace, lui fiche le canon de l'arme sur la tempe. «Fais pas l'con !» gueule celui qui semble être le chef de bande. Kubitschek reconnaît cette voix ; c'est celle de Georges, l'aîné des deux frères Canetti. Le braqueur frappe Kubitschek, le jette à terre, lui flanque des coups de pied. Les malfrats s'en vont.
Kubitschek est suspecté d'être à l'origine du coup par le commissaire Boniface. «Ils ont piqué les montres de tout le monde sauf la tienne». Kubitschek propose au commissaire un accord : «Je sais qui a fait le coup. Je veux être libre de mes mouvements et je veux m'occuper moi-même de cet enfoiré. Je le bute et ensuite vous m'arrêtez. Deux coups gagnants. En échange vous me dites où je peux trouver ce braqueur.» Commence alors une formidable partie de poker menteur entre Kubitschek et Boniface, car Boniface a des rapports avec les malfrats.
"Tu sais quoi, Kubitschek ? T'as beau porter le smoking pour faire croire que t'appartiens au beau monde, t'es qu'un rat, chez les rats (...) Tu veux faire la guerre à un autre rat et vous allez vous battre à mort partout, dans les égouts, dans les ordures, dans le moindre trou de cette putain de ville qu'est devenue une immense décharge, vous allez vous entre-tuer et il n'y aura aucun survivant, ni dans le camp des perdants, ni dans le camp des gagnants."
Roman noir de chez noir, à l'écriture rapide et nerveuse, aux dialogues acérés. Un polar qui se déguste cul sec.
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