"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tout le monde connaît Madame S, sans connaître forcement son nom. Madame S est Madame Steinheil, et Madame Steinheil est cette dame qui fut dans les bras du président Félix Faure le jour de sa mort.
La vie de Madame Steinheil est une série de rebondissements, son destin est hors du commun. Sa vie est est un véritable roman. Elle épousera un homme de 20 ans son aîné et souhaitera rapidement divorcer. Son conseiller, un haut magistrat, deviendra son amant et la conduira à des rencontres issues de la haute société jusqu'à celle qui fera basculer sa vie, celle de Félix Faure.
Un collier de perles, des documents secrets confiés par le président, un cambriolage qui aboutit au double meurtre de son mari et de sa mère vont faire de Madame Steinheil une coupable idéale.
Nous sommes aux abords de la première guerre mondiale, sous fond de l'affaire Dreyfus qui divisera la France. Complot, enquête, revirements, accusations de toutes sortes, arrestation, prison, rien ne sera épargné à Madame Steinheil.
Ce roman, superbement documenté, est à la fois une histoire d'amour et une véritable enquête policière. L'avis de chacun sur cette histoire est intime et personnel, mais quoiqu'il en soit, la lecture est passionnante et ce roman est une mine d'informations sur cette période de l'histoire.
Ce livre m’a tout de suite intéressée à cause du sujet. L’anecdote autour de la mort du président Félix Faure est célèbre et bien connue. Pour rappel, il est mort d’une attaque alors qu’il était en train de batifoler avec sa maîtresse. Par contre, je ne connaissais rien sur la maîtresse justement. Je ne savais pas qui elle était, sa relation exacte avec le président, etc.. j’étais donc très attirée par ce livre qui raconte l’histoire de cette femme.
Cette femme, c’est donc Marguerite Steinheil née Japy. Sylvie Lausberg nous relate sa vie depuis sa naissance dans un milieu très bourgeois dans l’est de la France. Son enfance est protégée par son père. Tout va changer lorsqu’elle épouse un peintre, Adolphe Steinheil. L’amour va s’émousser très vite, et ils vivront chacun de leurs côtés des amours infidèles. Tout en naviguant dans les hautes sphères de la société. C’est ainsi que Meg devient la maîtresse du président Félix Faure. Nous allons être ainsi plongés dans une troisième république très bancale et mouvementée, avec une affaire très célèbre qui bat son plein et va laisser de gros troubles, l’affaire Dreyfus. Meg est prise dans les débats, ballottée entre ceux qui prônent l’innocence du capitaine et ceux qui, au contraire, le pensent coupable. La jeune femme va naviguer dans les hautes sphères de la société, jusqu’à la mort de Félix Faure. Quel est son rôle alors, tout le monde ira de son ragot, peu connaissent la vérité. Sylvie Lausberg va essayer de faire de la clarté sur cette période et sur Madame Steinheil.
Pour cela, elle va s’appuyer sur les recherches faites par la première femme journaliste à avoir pu vivre de ce métier, Séverine. C’est en louant sa maison à Pierrefonds qu’elle va retrouver les notes, les articles et ses recherches sur l’affaire Steinheil. Sylvie Lausberg continuera donc les investigations de la journaliste pour mener elle aussi son enquête. Celle-ci sera riche et très détaillée, on va suivre la vie de Marguerite Steinheil de sa naissance à sa mort. L’autrice ne s’est pas arrêtée seulement à la mort du président, la vie a continué d’être très mouvementée. Il a fallu qu’elle fasse face aux calomnies, qu’elle se protège, elle et sa fille Marthe. Son mari et sa mère vont mourir dans des conditions dramatiques, Marguerite sera la seule rescapée, et il va falloir une nouvelle fois qu’elle se montre courageuse et qu’elle ne s’effondre pas face à la campagne calomnieuse menée contre elle. C’est une femme d’un caractère très fort, qui cache cependant une grande sensibilité. Elle est également très courageuse, car elle va affronter tellement de déboires. Je suis vraiment épatée par sa force, beaucoup se seraient laissé aller avec moins que ça.
Tout ceci est très bien écrit de la part de Sylvie Lausberg. Elle a su rendre son récit abordable par tous les lecteurs, ça se lit comme un roman, alors que nous sommes tout de même dans un récit historique. J’ai beaucoup aimé ce fait. J’ai appris plein de choses très intéressantes sur l’histoire de la fin du 19ème et début du 20ème siècle, avec une 3ème République très mouvementée. Je n’avais jamais abordé de si près l’affaire Dreyfus, et j’ai apprécié d’en apprendre plus. J’aime quand mes lectures ont ce double rôle de me divertir et de m’instruire. Le style de Sylvie Lausberg est très fluide, ça se lit très bien, et c’est très rythmé. Surtout à cause des nombreuses péripéties de Madame S.
Elle a su rendre son héroïne attachante. J’ai très vite ressenti de l’affection pour Marguerite. Sa vie est complexe, et j’étais vraiment triste lorsqu’il lui arrivait des drames. J’ai aussi apprécié que l’autrice retrace vraiment toute la vie de Marguerite et ne s’arrête pas simplement à l’affaire de la mort du président. J’ai par exemple appris comment étaient morts son mari et sa mère, son enlèvement au Maroc, jusqu’à la fin, elle a vécu de terribles péripéties. Elle aura eu une vie très remplie.
Je voudrais surtout signaler tout le travail qu’a dû faire Sylvie Lausberg avant et pendant l’écriture de ce récit biographique très complet sur cette femme qui était restée bien mystérieuse. Elle n’a pas pu tout mettre au jour, certaines périodes de sa vie restent dans l’ombre, et certains faits ne seront jamais élucidés. L’autrice a relaté tout ce qu’elle avait pu trouver. On le voit d’ailleurs dans les nombreuses notes et références à la fin du livre. C’est tout de même le résultat d’un travail de plus de 20 ans d’enquête, où l’autrice a fait un véritable travail de fourmi pour réunir tous les documents possibles pour faire la lumière sur cette femme étonnante. On ressent à la lecture tout ce travail précis. Les notes se trouvant à la fin, au choix du lecteur d’aller s’y référer ou pas. Je l’ai fait de temps en temps, lorsque je voulais en savoir plus. C’est aussi un plaidoyer pour la condition de la femme en ce début de 20ème siècle, avec la place qu’elle voulait prendre dans la société qui, malheureusement, ne voulait pas lui laisser, les relations avec les maris qui leur laissaient peu de chance d’exister.
La lecture s’est faite facilement, je me sentais très bien dans ce livre, j’apprenais plein de choses, c’était somme toute très distrayant, et beaucoup de rythme avec toutes les péripéties et la vie mouvementée de Margherite Steinheil. J’avais tellement envie de savoir ce qui allait arriver que je tournais les pages et lisais sans aucun ennui. Je me suis régalée avec ce livre. C’est un premier roman pour Sylvie Lausberg et c’est une réussite. Je vais la suivre de près car j’ai très envie de la lire à nouveau.
Je ne peux que vous conseiller ce livre si vous aimez les récits historiques abordables par tous. Et même si vous n’aimez pas l’Histoire, lire la vie de cette femme est palpitant et très intéressant qu’on en oublie le côté historique justement.
Sylvie Lausberg, historienne, psychanalyste, écrivain et militante pour les droits des femmes belge, est diplômée en histoire de l'Université Libre de Bruxelles. De 1986 à 1996, elle produit des feuilletons historiques à la RTBF. Parallèlement, elle poursuit une carrière de journaliste indépendante dans le domaine de l'histoire et de la culture littéraire.
De 2007 à 2012, elle conçoit des expositions internationales sur le thème des Juifs et des Musulmans au Maroc, puis sur les relations entre le Maroc et l'Europe. En sus de ses activités de recherche et de création, elle milite activement pour le droit des femmes dans le milieu associatif et institutionnel belge. Elle plaide notamment pour la création d'un ministère du Droit des Femmes.
Madame S a été publié en 2019 par les éditions Slatkine et Cie, puis en 2022 par les éditions De Borée pour la version poche. Entre roman historique, biographie et essai, Sylvie Lausberg déploie sa plume incisive et fluide, dans un style précis et soigné: "Mars arrive et il fait toujours aussi froid. Meg est partie quelques jours dans la belle propriété des Buisson, où la tempête et le vent l'ont vite ramenée à Paris. L'année bat tous les records, de neige, de grêle, de tempêtes et de températures en dessous de zéro. Le printemps 1908 n'arrive pas. Dans ce climat maussade, Meg continue à tenir salon. Un jeudi de mars, les invités commentent le débat houleux entre Jean Jaurès et Maurice Barrès à la Chambre sur le transfert des cendres de Zola au Panthéon. L'affaire Dreyfus marque toujours, ici comme ailleurs, la linge de rupture qui oppose une France à l'autre." (Pages 195-196).
L'anecdote est célèbre : alors que le président Félix Faure agonise, sa « connaissance » s'est sauvée par l'escalier de service. Nous sommes le 16 février 1899. Cette mort en épectase va changer le cours de l'affaire Dreyfus et bouleverser le destin de celle que l'on surnomme depuis la « pompe funèbre »... Intriguée par cette « putain de la République », une journaliste recluse décide d'enquêter sur cette si mystérieuse Madame S. et sur les secrets d'un État français toujours aux prises avec les mêmes démons : antisémitisme, antiféminisme, petits arrangements entre amis et journaux avides de scandales. Cette madame S. devenue, après le décès du président, une mondaine très courtisée, collectionnant les amants, notamment Aristide Briant et le roi du Cambodge. Mais c'est le "Crime de l'impasse Ronsin" qui la rendra célèbre.
Sylvie Lausberg livre, avec Madame S, un récit captivant qui se lit comme un thriller sur fond d'enquête minutieusement documentée et habilement menée. Nous permettant de faire plus ample connaissance avec Marguerite Japy, une femme au destin extraordinaire, belle, talentueuse, intelligente, qui a mené sa vie comme elle l'entendait à une époque où la société n'accordait que peu de place aux femmes entreprenantes, surtout issues de la bourgeoisie. Vous ne manquerez assurément pas de tomber sous son charme vénéneux et irrésistible...
Sylvie Lausberg est une historienne, psychanalyste, écrivaine et féministe belge.
Elle est l'autrice de huit publications.
On va donc être plongé au coeur d'une romance historique et d'un thriller politique.
Notre héroïne est Mme Marguerite Steinheil (Meg) qui est connue pour avoir été la maîtresse du président de la république Félix Faure. C'est surtout ce que l'on retient d'elle alors qu'elle a eu une vie particulièrement riche en évènements et rebondissements. Elle qui excelle dans l'art de la conversation, elle est très cultivée, car oui "elle a été élevée pour cela" et elle est aussi une grande séductrice.
On l'affublera alors de différents surnoms, elle sera l'élégante ou la catin du pouvoir, la froufrouteuse effrontée, l'amante macabre, la gourgandine arriviste...
Elle est d'une époque où les mariages se font entre dynasties. Et il sera difficile pour elle de pouvoir échapper à sa destinée avec un père tellement possessif qu'il lui dira :"Essaie de m'aimer, aussi longtemps que cela te sera possible. Aucun mari de par le monde n'égalera jamais un père comme celui que tu possèdes."
Elle va avoir un destin hors du commun et parfois tragique mais elle saura toujours garder la tête haute. Et surtout elle voudra rester libre. Elle sera une féministe avant l'heure. C'est le portrait d'une femme forte que l'on nous décrit dans cet ouvrage.
L'autrice va nous proposer un récit passionnant et intéressant à suivre. Elle a fait des recherches très poussées et agrémente son texte de nombreuses anecdotes. Elle a fait un travail remarquable. On est aussi au coeur d'une véritable enquête policière.
J'ai vraiment trouvé ce roman palpitant car je connaissais en fait très peu son histoire qui se déroule au même moment que l'affaire Dreyfus. J'ai pris du plaisir à découvrir son parcours. S Lausberg sait raconter des histoires et essaye de rester au plus près de la réalité tout en se montrant le plus objective possible. le seul petit point négatif que j'ai rencontré est que je me suis un peu perdue par moments en raison d'un nombre impressionnant de personnages. Mais c'est l'histoire qui veut ça.
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