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Vraiment un livre à decouvrir ,passionnant ,autobiographique , la culture de son pays , de ses aïeux, ses decriminations qu il subit, le retour chez lui savoir comment tout sa se passe après ,très enrichissant vraiment untres bon livre à lire ,et un auteur à connaître
C’est sur l’île de Lanyu, que son peuple nomme Ponso no Tao, que nait Cigewat en 1957. Comme tous ceux de l’ethnie Tao, sa famille vit de la culture des patates douces, du taro et de la pêche. Le garçon grandit heureux et libre, imprégné de la culture et des traditions de ses ancêtres. Bien sûr, l’île a été colonisée par les Japonais et est désormais aux mains des Chinois Han et des prêtres occidentaux, mais Cigewat est un enfant insouciant qui aime autant pêcher avec son père que jouer avec ses amis ou écouter les contes traditionnels de son peuple. A l’école, il se débrouille, malgré le dur apprentissage du mandarin et le mépris des Han qui considèrent les Tao comme des sauvages ignares. Comme de nombreux jeunes, il rêve d’un ailleurs plus vaste que sa petite île et c’est par l’école qu’il sait pouvoir un jour rejoindre, Taïwan et se faire une place sur le continent.
Quand, à seize ans, il part enfin vers le grand inconnu, ses parents craignent le pire. Leur garçon va-t-il perdre son âme tao et devenir un Han ? Se souviendra-t-il encore de ses ancêtres et de ses dieux ?
L’adaptation n’est pas facile. Cigewat devient Shih Nu-lai, un nom chinois pour un adolescent qui ne sera jamais chinois. Son teint foncé, son mauvais mandarin le stigmatisent et font de lui un sauvage que l’on moque ou que l’on exploite. Mais Cigewat n’est pas un mouton à qui l’on dicte sa conduite. Il refuse de bénéficier de la discrimination positive et voudra à tout prix intégrer l’université par son seul mérite. Un long chemin de croix pour le jeune homme volontaire et travailleur qui vivra chichement et vendra sa force de travail à bas prix jusqu’à réussir l’examen d’entrée et faire de lui le premier autochtone à entrer à l’université par ses propres moyens.
Son parcours, impitoyable mais formateur, va le mener à un questionnement existentiel : subir l’emprise des Han ou retourner à sa culture Tao ?
Il choisira le compromis. Fort de son parcours universitaire mais aussi conscient de la valeur des traditions aborigènes, Cigewat, devenu Syaman à la naissance de son premier enfant, reviendra sur son île, après des années d’errance, pour la défendre et préserver la culture de ses ancêtres.
Navigateur, anthropologue, traducteur, Syaman Rapongan, qui se définit comme un écrivain-pêcheur, nous livre ici une autobiographie forte et touchante. Il y raconte la douleur de l’exil, sa soif de connaissances, la volonté farouche de trouver un sens à sa vie quand on est déchiré entre ses racines et son désir de progrès. Sans jugement, il dit aussi le mépris dont sont victimes les siens. Le gouvernement taïwanais n’ayant eu de cesse de vouloir les ‘’civiliser’’, les acculturer, lisser leurs différences pour les fondre dans le peuple Han. Sans désir de revanche, il évoque ceux qui l’ont blessé, humilié, exploité, pour ne retenir que la force qu’il en a tirée. La force d’avancer, de penser, de se faire ses propres opinions. La force de lutter contre l’uniformisation, contre la condescendance, contre l’exploitation de son île. La force de s’élever contre les décisions prises pour lui et son peuple. La force de comprendre que, loin d’être des arriérés, les Tao sont bénis par les dieux de l’océan, que leurs traditions, leur folklore, leurs fêtes, leurs savoir-faire sont essentiels, inestimables, qu’il faut les préserver car ils sont une richesse pour les aborigènes, pour les Taïwanais, pour le monde.
Même si la conduite des Han et leurs préjugés envers les aborigènes laissent un goût amer, on sort grandi de cette lecture, avec l’impression d’avoir rencontré un homme et un peuple honnêtes et bons.
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