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Bon alors moi,les mecs en caleçon hyper moulants, c’est pas trop mon truc. Encore que je ne suis pas insensible au Dark Knight de Christopher Nolan ou à son ennemi juré le Joker sous les traits de Heath Ledger ou Joachin Phenix . Mais laissons là le 7ème art et revenons au 9ème. Ce n’est donc pas chez Marvel ou DC comics que j’ai trouvé mon super héros mais chez Denoël graphique. Il n’est pas américain mais british jusqu’au bout de ses ongles manucurés et est né sous la plume affûtée de Steven Appelby.
Mon super héros, c’est Dragman dont le super pouvoir découvert à l’adolescence n’est autre que celui de voler dès qu’il revêt des vêtements de femme.
Et quoi de mieux pour le définir que les mots de sa compatriote Posy Simmonds que l’on peut retrouver sur la couverture de ce pavé de plus de 300 pages au titre éponyme. Je la cite : « Il n’y a pas de super-héros plus super que Dragman, le héros travesti de Steven Appeleby, » Belle entrée en matière
Notre histoire commence 3 ans après qu’August Crimp alias Dragman a rangé son masque, son porte-jarretelles, sa perruque blonde et sa robe à sequins bien au fond des cartons et mène une vie rangée auprès de Mary Mary sa femme qui, bien sûr ignore tout de son passé de super-héros et son petit Gulli. Mais voilà que plusieurs évènements vont lui faire reprendre du service. L’histoire se déroule à Londres à une période indéterminée, un Londres fantasmé bien sûr, où les héros ont formé une agence qui monnaient leur service de protection du citoyen. Des super héros bien particuliers. Il y a Dog Girl l’ex-coéquipière de Dragman qui comme on peut s’en douter a un flair extraordinaire notamment pour détecter l’âme de chacun et déteste les chats.Tiens Dog Girl, versus Catwoman, voilà un duel qui aurait du chien ! Non ?
Et puis Fist, la brute bas-de-plafond ou encore le Believer qui ayant cessé de croire en lui a sombré dans l’alcoolisme et aussi Hindsight qui voit non pas le futur mais le passé pour ne citer qu’eux. Tout n’est pas pourri dans le royaume des super-héros mais presque. Ils évoluent dans une société où sévit le trafic d’âmes orchestré par la toute puissante société Black Mist, ces âmes que les habitants perdent en la vendant, devenant ainsi des coquilles vides. Et voilà de surcroît que Hindsight a disparu alors que rôde dans la ville un sérial killer, tueur de filles trans.
Dragman va donc reprendre du service aux côtés de Dog girl à la recherche des âmes disparues des parents de la petite fille qu’il avait sauvée autrefois et de Hindsight.
Le scénario est extrêmement bien ficelé.
L’histoire se déroule sur 4 jours et on passe du présent du super-héros en couleurs où scènes de la vie familiale alternent avec les enquêtes menées aux côtés de Dog Girl à son passé à travers des flash-backs réalisés en lavis de gris tirant sur le vert.
La colorisation a été réalisée par Nicola Sherring l’épouse de Steven Appleby. Ce sont ses aquarelles délicates qui délimitent les cases sans contour du dessinateur si l’on excepte celles se référant à l’enfance et l’adolescence ou concernant dans le passé des retours en arrière qui, elles, sont cernées de pointillés à l’encrage. Ce procédé offre une grande fluidité et lisibilité au récit.
Quant au graphisme, il rappelle celui des illustrations de livres pour enfant, notamment celles du fameux illustrateur des romans de Roald Dahl Quentin Blake dont il fut l’élève.
Alors comme il le dit dans la postface, Steven Appleby n’est pas August Crimb mais toute ressemblance avec lui n’est pas fortuite. Dessinateur de presse humoristique, notamment pour le Guardian, Steven Aplleby a également une vingtaine d’albums à son actif. C’est là son premier roman graphique dont la gestation a demandé pas moins de 18 ans.
Tout comme son héros August Crimp se travestissant en Dragman, Steven Appleby revêt les vêtements de la fiction pour aborder la question du transgenre et du transvestisme que lui même pratique depuis longtemps. D’ailleurs depuis 2007 iel ne porte plus que des vêtements féminins. L’anecdote relatée dans le récit concernant le bas découvert dans le sofa à l’âge de 15 ans est elle tout a fait réelle, à la différence près qu’il ne s’est pas retrouvé projeté au plafond. Encore que, métaphoriquement… ça se discute
Tout en empruntant les codes des comics américains, Steven Appleby détourne dans Dragman les clichés des récits de super-héros et même s’il ne nous fait pas entrer en transes nous livre là un thriller graphique à la sauce british plein d’humour et de suspense tout en questionnant avec subtilité notre regard sur un sujet d’actualité. Pour terminer, je signalerai que Dragman a obtenu le prix spécial du Jury Angoulême 2021 et c’est amplement mérité.
C’est d’abord une histoire intime. Celle de Steven Appleby lui-même. C’est ensuite une histoire qui met en lumière le débat du genre, du travestisme et plus globalement de l’acceptation de soi.
J’attendais beaucoup de cet album et je suis resté sur ma faim. Je n’ai été emballé ni par le scénario, ni par le dessin. L’idée d’utiliser la fiction plutôt que le témoignage pour aborder ce sujet sensible est intéressante et la trouvaille de ce personnage aurait pu être géniale. Mais derrière ce personnage il m’a manqué un souffle, un dynamisme, un scénario quoi !… j’ai eu bien du mal à aller au bout des 340 pages.
J’ai trouvé le dessin et la construction du récit trop statiques… C’est vraiment dommage car il y a des passages passionnants, ceux liés à sa jeunesse… Finalement, choisir le témoignage n’était peut-être pas une si mauvaise idée…
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