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Tellement de choses sont dites dans ce livre, justement issues d’un panel de recherches, d’avis et de prises de position du monde international des Sciences de l’éducation que le statut d’essai que revendique l’autrice peut paraître totalement accepté si le sens donné à ce terme essai est bien un écrit en prose dans lequel l'auteur peut aborder toutes sortes de sujets, et nous en faire part. Différent du "traité" (qui prétend traiter à fond d'une question), l'essai est un écrit personnel, qui peut parfois sembler superficiel.
Comment Solveig Foucher, l’autrice annonce-t-elle cet essai ? Elle use d’une pirouette de communication qui dès l’entame du livre présente ces réflexions – accompagnées parfois d’exemples de réalisation de l’autrice ou des témoins interrogés par elle - comme le moyen, selon elle, de se libérer des diktats du monde ambiant. Diktats qu’elle n’abordera que très sommairement à la toute fin de son livre pour justifier son intervention et inviter les mères (bien plus que les parents) à reprendre leur liberté face à l’éducation de leurs enfants. De là à penser que l’autrice a un compte à régler avec ses parents, la société et l’homme mâle si souvent absent ou reflet emblématique de ses manques dans ce livre, il y a un pas que j’ose franchir. Je pose la question !
En fait, ce livre ne m’a rien appris. Il est vrai que le monde des Sciences de l’éducation ne m’est pas inconnu, de même que la parentalité par ailleurs.
Pendant quelques 105 pages, l’autrice tente de s’attacher ses lectrices par une exhortation à ne pas subir les diktats éducationnels de notre société. Et tout son travail consiste à vanter l’écoute, la bienveillance, l’attention à l’enfant et à ses besoins tout en ne négligeant pas les besoins de l’adulte et ses limites. Bref, elle défend ce que les ‘diktats’ préconisent sans que ces derniers, comme elle le prétend par des généralisations abusives, retirent aux parents leurs raisons d’être eux-mêmes, avec leurs forces, leurs limites, leurs faiblesses largement compensées, dans la plupart des cas, par la force de leur amour.
Un des problèmes de ce bouquin est de citer des ‘experts’ en psychologie et sciences de l’éducation implantés un peu partout dans le monde. Cela présupposerait que l’éducation et les cultures qui la supportent soient identiques quelque soient les pays où elles s’appliquent. Ce qui est, bien sûr, une vue erronée. De plus, dans la plupart des cas, les experts cités ne le sont que par rapport à un seul aspect, dans un seul chapitre. Comment alors croiser les convergences éducationnelles lorsque, à des endroits différents du globe, on essaye de traiter des problèmes aussi différents que la jalousie au sein d’une fratrie, l’anorexie, le harcèlement scolaire, le désamour des parents à l’adolescence… Et, de manière très marquée, le seul spécialiste récurrent dans la bibliographie de ce bouquin est un américain, Michaël Gurian, pour une prise de position datant de … 2002 ! Ce qui est un peu en décalage avec les récentes recherches en Sciences de l’Education !
Bref, un livre qui, à mon sens, n’a pas sa raison d’être. Il n’apporte pas de nouvel éclairage étayé sur les pratiques éducationnelles et n’offre, in fine, que l’aspect très personnel du vécu d’une mère en guerre contre toutes interventions extérieures perçues comme un appauvrissement de sa liberté et une non-reconnaissance de ses droits à être telle qu’elle est.
Le mérite de cet ouvrage est cependant, je le reconnais, la sincérité qui doit d’emblée être reconnue à l’autrice dans l’expression de son avis sur la question. Cela justifie-t-il une publication ? Aux lecteurs de le décider.
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