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Dans la tradition juive, une personne meurt deux fois : la première fois lors du décès physique, la deuxième fois le jour où l'on cite son nom pour la dernière fois. Pour éviter cette deuxième mort, l'artiste Gunter Demnig a créé des plaques en bronze sur lesquelles les noms et prénoms des victimes du nazisme sont inscrits. Ces plaques sont ensuite scellées telles des pavés, sur le trottoir, face à leur habitation. Ainsi, ces personnes ne disparaissent jamais complètement... Il en existe 67 000 à travers l'Europe.En Norvège, à Trondheim, il y en a une au nom de Hirsch Komissar, l'arrière grand-père de l'épouse de Simon Stranger, auteur de ce roman. Lors d'une promenade, à la lecture de la plaque, ses enfants s'interrogent sur cette partie de l'histoire. Il décide alors d'effectuer des recherches pour mettre à jour la manière dont cet aïeul a été arrêté et pour quelles raisons. S'ensuivent alors 26 chapitres, chacun ayant pour en-tête une lettre de l'alphabet. Les mots renvoient alors une anecdote, un passage de l'histoire familiale des Komissar, un fait historique relatif à la Seconde Guerre mondiale en Norvège, mais aussi à l'histoire personnelle de Henri Rinnan, petit garçon complexé devenu un des plus grands tortionnaires du pays, collaborateur traquant les résistants Norvégiens.Lors de ses recherches, Simon découvre notamment que Gerson, le fils de Hirsch s'installera en 1948 dans la maison ayant servi de quartier général à la bande de Rinnan...
C'est une superbe lecture, intéressante, à la construction originale,mélancolique et effrayante.Je me suis sentie très proche de cette famille et j'ai ressenti toute la dichotomie entre le devoir de mémoire et le fait de tourner la page, pour avancer.
Cela m'a replongée dans mes souvenirs... Il y a quelques années, j'ai visité Cracovie et nous avions loué un appartement en plein ghetto. Tout, dans les rues, les bâtiments, transpirait cette époque et c'était assez bouleversant. Lors d'une promenade à vélo à l'extérieur de la ville, nous sommes passés dans un quartier résidentiel au milieu duquel, entre des maisons pavillonnaires, se trouvait la maison d'Amon Göth (cf La liste de Schindler), et j'ai été troublée ( voire bouleversée) de voir que rien n'était mentionné sur ce qu'il s'était passé dans cette maison... La maison était fleurie et entretenue, il y avait un panneau "A vendre"...
Se souvenir ou tourner la page? Voilà ce que soulève aussi cette lecture.
La construction est vraiment originale, c'est un dictionnaire de l'histoire familiale des Komissar et de l'Histoire de la Norvège résistante et collabo. Tout est très documenté, sur le fonctionnement de la résistance en Norvège, sur la politique de l'époque, les projets hitlériens pour la Norvège ( dont je n'avais jamais entendu parler...) et sur l'histoire de cette famille meurtrie par l'exécution de l'un des leurs.
Simon Stranger réussit à nous immerger dans cette époque, dans cette famille, dans ce pays blessé par la guerre et ses habitants terrorisés à l'époque puis hantés de nos jours, par ce monstre de Henri Rinnan...
Ce fut une très belle lecture, que je ne suis pas près d'oublier.
Il est clair que ce roman n'y va pas par quatre chemins. Il dénonce haut et fort l'esclavage dont usent des marques de vêtements tels que H&M ou Gap pour fabriquer leur collection. " Prenez du plaisir à porter ce tee-shirt. Les esclaves qui l'ont cousu n'en n'ont pas eu." Mais ce n'est pas tout, Simon Stranger s'en prend aussi à l'industrie du chocolat et aux conditions de travail de la branche électronique ( Mac et Apple en ligne de mire). De quoi nous révolter car les fabricants à la chaîne de nos marques favorites se tuent à la tâche au Bangladesh ou en Chine, et personne ne dit rien. Personne ? Un petit groupe norvégien, se faisant appeler " Les Sauveurs du Monde" s'essayent aux actions coup de poing. Exemple : poser des autocollants sur les codes barres des vêtements avec un slogan amenant à faire réagir les gens. Emilie, intriguée, va rejoindre ce groupe et c'est désormais toute la chaîne de fabrication ouvrière qu’elle va remettre en cause et interroger. Jusqu'où les mèneront ces actions ?
C'est un bon roman, qui sait divulguer l'information là où ça fait mal, qui n’hésite pas à mélanger amours et problématiques adolescents, et conditions d'enfermements des poulets dans les entrepôts. Une prise de conscience nécessaire aujourd’hui.
Cependant, il 'est pas parfait à mon sens: la construction est alambiquée, ce mélange de personnages et de formes de narration au sein d'un même chapitres n'est pas évident et on perd un peu le fil du récit. Ensuite, l'écriture est à mon sens trop simple, oui ça se lit vite mais il y a peu de style ( la traduction est-elle en cause ?). Enfin, la fin ouverte m'a énormément déçue. On termine en pleine action, laissant des doutes, des questions, on s'attend à un retour sur leur dernière action d'exception, et non ça se finit comme ça. C'est tellement dommage. Comme si, tout ce qu'on avait lu jusqu’à maintenant sur cette association émergente, n'avait servi à rien...
À part cela, Le poing levé est un bon roman engagé, qui parle de faits réels, de la vraie vie d'objets qu'on connait (vêtements, électroniques, nourriture...), qui nous invite à nous battre nous aussi pour des causes fortes, parce que qu'une petite action par personne, peut avoir d'énormes conséquences.
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