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Cette BD retrace la vie de la fondatrice de la librairie Shakespeare & Co, qui existe toujours aujourd'hui, mais plus au même endroit que le lieu où elle a été ouverte initialement.
Sylvia Beach est une jeune fille rêveuse, qui aime lire depuis l’enfance. La littérature est un univers qui lui permet de s’évader et d’oublier ses problèmes de santé. La rencontre avec les œuvres de Shakespeare va marquer un tournant dans sa vie.
Elle voyage ensuite un peu partout dans le monde et finit par s’établir à Paris dans les années 1920, où elle rencontre Adrienne, une libraire qui devient son amante. C’est à partir de ce moment qu’elle a l’idée d’ouvrir sa propre librairie spécialisée en littérature anglo-saxonne, dont le nom est presque une évidence.
Ce qui est intéressant dans cette histoire est de découvrir le Paris des années 1920 jusqu’à l’Occupation à travers le prisme de la littérature. On y croise des auteurs célèbres de la littérature et on y apprend comment le monde littéraire a, dans une moindre mesure, participé à faire cohabiter différents genres et idées durant cette période de l’entre-deux-guerres et l’Occupation de Paris qui a suivi.
Les planches en tonalité pastel donnent à cette lecture une touche de douceur malgré des sujets qui ne le sont pas toujours. Il y a aussi un côté poétique et rêveur qui ressort à travers le choix des couleurs, et qui correspondent bien au personnage de Sylvia.
La couverture est prometteuse. Shakespeare & Co me parle, c’est la célèbre librairie de langue anglaise qui se trouve actuellement près de Notre-Dame de Paris. J’y avait acheté Alice’s Adventures in Wonderland de Lewis Carrol (coïncidence, une citation est présente page 26, en langue originale et traduction française…), sans connaître l’histoire de cette librairie qui avait été ouverte à l’origine 7 rue de l’Odéon par Sylvia Beach (autre coïncidence : à proximité du café des Éditeurs, lieu de réunion du jury du Prix du livre Orange auquel j’ai participé en tant que lecteur-juré en 2024).
Cette BD-roman graphique permet de découvrir les grandes lignes de la vie de cette américaine installée à Paris en 1917. Elle y rencontre la libraire et poétesse Adrienne Monnier qui devient sa compagne et l’introduit dans le monde intellectuel de l’entre-deux-guerres. Sylvia, amoureuse des livres et de Shakespeare depuis son plus jeune âge, parvient à ouvrir sa propre librairie en 1919 qu’elle nomme Shakespeare & Co. Le parrain pour la fête d'ouverture est l'écrivain et poète Valéry Larbaud. Elle participe au cercle d’écrivains surnommé par Léon-Paul Fargue « Les potassons ». Elle va rencontrer Louis Aragon, André Gide, Paul Claudel, Thomas Eliot, Ezra Pound, Ernest Hemingway alors journaliste, Paul Valéry, Gertrude Stein, Alice Toklas... En 1922, elle décide de publier la première édition en langue originale d’Ulysse de James Joyce, alors interdit en Angleterre.
La première partie de l’ouvrage dresse un portrait intéressant d’une femme d’exception et d’une époque. Sylvia et Adrienne ouvrent des horizons à toute une génération d’écrivains et de lecteurs, notamment celle de la « génération perdue », ce groupe d’artistes américains expatriés volontaires à Paris durant l'entre-deux-guerres afin de trouver un pays plus ouvert aux idées nouvelles. J’ai aimé ce côté exploration d’une vie bien remplie au service de la passion littéraire et la mise en lumière d’une période recouverte petit à petit par le temps, par l’histoire.
C’est une BD pour des ados et adultes, ce que ne montre pas à priori le style de dessin. La relation lesbienne de Sylvia et Adrienne est traitée par des ellipses étonnantes, à demi-mot, à demi-case. Est-ce pour indiquer le côté sulfureux de la chose à cette époque ? Mais que penser des scènes qui se succèdent sans trop de logique ni explications, des phrases qui semble banales voir déplacées. « La guerre ne paraissait pas réelle, elle semblait avoir lieu nulle part. » Est-ce cette femme là, qui a su s’imposer à Paris devant tout le gratin intellectuel, celle qui se demande ingénument « C’est ça la guerre, les bombes explosent soudainement. » A l’exemple du style des dessins, cette Sylvia semble tout à fait naïve, pas du tout en accord avec ce qu’elle a fait de sa vie. Pendant la seconde guerre mondiale, un passage sur les enfants juifs est encore plus troublant : Sylvia Beach a passé 6 mois dans un camp à Vittel, avec des citoyens américains et britanniques retenus dans des conditions qui semblent assez confortables et avec des juifs en transit, on devine vers quelles horribles destinations... période de la vie de Sylvia évoquée à travers un cauchemar. Une prisonnière : « Les juifs ne restent pas longtemps, ils les emmènent ailleurs. » Sylvia demande « Ailleurs ? Où ça ? » Son interlocutrice lui répond « Je ne sais pas. Quelle importance ? Ils sont juifs. » Sylvia « Mais c’est juste un enfant ! ». Puis à la sortie de ce cauchemar, sa compagne Adrienne lui rappelle sa libération grâce à un certain Benoist-Méchin, collaborateur notoire et client de la première heure de la librairie. Le texte en général n’est pas des plus limpides et semble quelquefois inadapté, exemple de cette case aux croix gammées avec ces bulles citant Paul Valéry « Tout est brûlé, reçu dans l’air à je ne sais quelle essence… Les morts cachés sont bien dans cette terre qui les réchauffe et sèche leur mystère. » Je ne suis pas certain que les morts du nazisme soient en paix, et nous, profitant de la vie, avons la responsabilité de ne pas oublier l’idéologie à l’origine des crimes commis ! Les autrices sont toutes les deux italiennes, est-ce que la traduction explique cette impression d’inachèvement ? Est-ce dû à la difficulté sous ce format de retranscrire une période historique longue et complexe ? La BD, le roman graphique sont des formats plus brefs que le roman, ils se rapprochent du langage oral mais sans avoir ni le ton ni l’émotion de celui-ci, sauf à réunir le talent du couple texte/dessin. A minima, une note historique à la fin aurait pu mettre un peu de clarté dans tout cela.
La promesse de départ n’est donc pas tout à fait tenue selon moi mais j’ai appris beaucoup de choses. J’en attendais plus et je ne pense pas que des lecteurs non avertis du contexte de l’époque s’y retrouvent facilement. Intéressant pour découvrir l'histoire de cette librairie historique.
On connait tous, peu ou prou, la librairie parisienne « Shakespeare and Company » située près de la cathédrale Notre-Dame. Pourtant, cette librairie n’est pas celle d’origine créée par Sylvia Beach, sise rue de l’Odéon. C’est en hommage à la libraire américaine, Sylvia Beach, qui vient de mourir que George Whitman baptise ainsi sa librairie.
Mais qui était donc Sylvia Beach ? C’est le récit de sa vie que nous fait découvrir ce roman graphique écrit par Emilia Cinzia Perri et illustré par Silvia Vanni.
Après quelques pages sur l’enfance de Sylvia qui se prénommait Nancy, on la suit jusqu’à Paris où elle est venue étudier la littérature française. Nous sommes en 1916, c’est la guerre mais elle décide de rester à Paris
Elle fait la connaissance d’Adrienne Monnier, une libraire qui a fondé la Maison des amis des Livres. Le roman relate l’épisode ou, le chapeau de Sylvia s’étant envolé, c’est Adrienne qui court le récupérer. Elles partagent toutes deux la même passion pour la littérature et leur amitié qui va évoluer en relation amoureuse durera presque quarante ans.
Sylvia apprend le métier de libraire auprès d’Adrienne. Elle va ouvrir rue de l’Odéon, en face de la librairie de son amie, la sienne qui se nommera « Shakespeare & Company » et qui sera consacrée à la littérature anglo-saxonne.
Chez elle, on croise les écrivains d’avant-garde, des débutants, il y a Hemingway, T.S. Eliot, Gertrude Klein mais aussi Valery Larbaud, Louis Aragon ou Paul Valery.
Lorsque, en 1922, elle rencontre James Joyce, son roman « Ulysses » a été interdit en Angleterre. Elle décide alors de se lancer dans l’édition sans argent et sans expérience mais elle est persuadée que la France est le seul pays où l’on peut exprimer les choses de l’esprit avec liberté.
Malgré les difficultés, ce sera un succès et même l’ingratitude et la mauvaise foi de James Joyce ne pourront ternir sa joie d’avoir contribué au succès de ce livre que certains qualifiaient de chef-d’œuvre et d’autres d’œuvre pornographique.
Sylvia Beach ferme sa librairie en 1941, pendant l’occupation allemande. A la libération, elle décide de ne pas la rouvrir. Ainsi se clôt cette belle aventure d’une librairie américaine et de sa libraire amoureuse de littérature contemporaine.
Le récit se lit avec plaisir. Après un début un peu laborieux, on découvre l’existence passionnante et passionnée d’une libraire d’intuition et d’une grande générosité. De Sylvia Beach, je retiendrai l’amour de la littérature, et le féminisme car elle a toujours voulu rester indépendant et libre.
Le roman graphique donne une impression de légèreté grâce au dessin délicat, et les sentiments de Sylvia s’expriment de façon très onirique. Parfois, on peut regretter le manque de profondeur car l’époque (on traverse tout de même deux guerres mondiales !) ne se prêtait pas toujours à la légèreté.
J’aurais aimé plus de repères historiques pour mieux situer le récit. Quand au féminisme et aux amours lesbiennes, ces sujets sont à peine évoqués. Dommage !
Merci aux éditions Vuibert et à Babelio pour cette belle découverte.
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