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Je remercie les explorateurs du polar de m’avoir envoyé ce livre.
Je n’ai pas accroché. J’ai arrêté ma lecture au bout de 50 pages. Je referai une tentative !!!
Dans le cadre de l’opération Explorateurs du Polar de lecteurs.com, j’ai reçu ce roman noir de la part des Éditions de l’Aube dans la collection Aube Noire. Un grand merci à eux ! Sensible aux problématiques du conflit israélo-palestinien, à la géopolitique en général et grande fan de polars, je ne pouvais que choisir ce roman dans la sélection du site. Je ne connaissais pourtant ni le roman ni l’auteure palestinienne, Selma Dabbagh, mais le résumé m’a tout de suite interpellée et le roman noir est un genre que j’affectionne particulièrement. En effet, ici, nous ne sommes pas en présence d’un polar, d’un thriller, d’un roman où une enquête se déroule ou où un meurtre est commis, c’est tout le contraire. Tout est dans l’ambiance, l’atmosphère qui se dégage de l’écriture et du contexte tendu de la vie à Gaza sous les bombardements incessants et les tensions permanentes.
On est aux côtés d’une famille gazaouie, les Mujahed, qui vit dans la dernière maison debout d’un camp de réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza. Le père a dû fuir dans un pays du Golfe suite à son action dans l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP), la mère a un passé trouble mais tente de maintenir une cohésion avec ses enfants. Rashid et Iman sont les deux jumeaux de la famille, le premier vient de décrocher une bourse pour Londres et la seconde veut agir et se laisse peu à peu tenter par les Islamiste des la région. L’aîné, Sabri, est condamné à vivre en fauteuil suite à un attentat dans lequel il a perdu sa famille. De Londres à Gaza, on va suivre les péripéties et les combats de cette famille éclatée et durement touchée par la guerre.
Pour aider le lecteur à comprendre la situation de la bande de Gaza, l’auteure nous donne une petite note explicative au début du livre et quelques cartes de l’évolution du territoire palestinien par rapport à Israël sont également dessinées. Cela permet de fixer les idées et de partir avec une bonne base objective dans la lecture. L’auteure fait en effet références à de nombreuses reprises aux différentes étapes du conflit et du grignotage de leur territoire. Elle met en lumière la situation difficile des populations déplacées dans les camps sous les bombardements continus, la peur permanente, la paranoïa sans faire la morale ou accuser. Outre le conflit avec Israël, la Palestine est aussi en proie à des luttes internes entre l’OLP, les Islamistes, les factions extrémistes… Elle met aussi en exergue l’espoir des jeunes de voir la Palestine un jour en paix, un espoir ténu certes et souvent déçu mais ils continuent à se battre pour leur Peuple et leurs terres.
Je reconnais qu’au début, ma lecture n’était pas facile : je me perdais dans les personnages et la difficulté du conflit et de ses ramifications a failli avoir raison de moi ! Mais, petit à petit, tout se met en place et je suis rentrée complètement dans le roman. Je l’ai trouvé très sombre, noir, il y a des lueurs d’espoir dans les actions et les pensées des personnages, la lutte continue mais on sent qu’il est difficile de survivre dans cet environnement et qu’une issue au conflit reste impossible pour le moment. Même lorsqu’ils sont à Londres, les jeunes de la famille Mujahed ne sont pas à l’abri et sont assimilés à des terroristes. À la fin du roman, l’action s’accélère et le suspense est pesant jusqu’au dénouement. L’écriture est également très agréable même si j’ai eu besoin d’un petit temps d’adaptation au style. Il faut d’ailleurs saluer la traduction de Benoîte Dauvergne.
Pour conclure, on tient ici un captivant premier roman (!) au cœur de la bande de Gaza, un décor effroyable magnifiquement décrit par Selma Dabbagh. C’est très pessimiste malgré quelques lueurs d’espoir. La tension est permanente et croissante ce qui en fait un très bon roman noir vif et mordant.
Des cartes géographiques sont dessinées en début du livre et permettent une meilleure compréhension. Rien de tel que ces dessins pour montrer le partage des terres par les Nations Unies en 1947 et l’inexorable grignotement des terres palestiniennes.
Gaza n’est que ruines et, de surcroit, en plus de toute la corruption dont l’homme est capable, l’Organisation et les intégristes font des tentatives de division se tuent entre eux. Les islamistes mettent à profit tout conflit familial, tout désespoir, pour tenter une incursion et faire du recrutement. La suspicion est de rigueur. Pourtant, il y a des petites joies, de l’espoir, la population est jeune mais que de haine, de mépris de la part de l’occupant.
Les premiers arrivants juifs ont connu le pire, mais l’homme étant ainsi fait qu’il fait ce qu’on lui a fait subir. « Ces récits, voyez-vous montrent à quel point certains des premiers juifs à immigrer en Palestine étaient choqués. Tout juste réchappés de l’enfer de l’Allemagne nazie ou des autres camps d’Europe, voilà qu’ils débarquent en Palestine, cette terre sacrée, l’endroit idéal pour un nouveau départ, et constatent rapidement que leur propre peuple adopte les mêmes tactiques que les nazis pour se débarrasser des Arables – les Palestiniens ». Seulement trois ans après…. Ce peuple qui bande les yeux des hommes, les entasse dans des camions et les jette de l’autre côté des frontières. ». Le professeur Myres, que rencontre Rashid, a toujours étudié la Palestine, jeune soldat, il y était et parle des lois britanniques de l’époque qui régissent encore « les bouclages, le scellage des maisons, les couvre-feux, les démolitions et tout le reste. Elles sont britanniques toutes ces lois. » et encore, « voyez-vous, c’est nous qui formions les émigrants juifs, nous qui les armions lorsque nous exécutions les Arabes sous prétexte qu’ils cachaient quelques balles rouillées. Ensuite, les juifs ont décidé que nous n’en faisions pas assez. Ils ont donc commencé à nous attaquer à notre tour… Ils ont remporté une victoire haut la mais en 19748. »
La famille Muhajed vit parmi tout ça, dans un petit immeuble de Gaza. Sabri, le fils aîné, membre du Fatah a perdu sa femme, sa petite fille et ses jambes dans un attentat lors de l’Intifada et travaille à un mémoire sur les sévices commis par l’occupant. Il fait partie de l’Organisation. Son frère, Rashid, ne trouve pas sa place dans la famille et se défonce à l’herbe. Il vient de recevoir, le sésame, un visa pour continuer ses études à Londres. Sa sœur jumelle Lana, enseignante, est revenue à Gaza et fait partie d’un comité de femmes où elle s’ennuie ferme. Elle est approchée par Manar en vue d’un recrutement côté islamiste. Une recrue de choix car elle est la fille d’un ancien dirigeant de l’OLP.
D’ailleurs, le père est parti dans le Golfe et a abandonné, presque contraint et forcé, après quelques révélations gênantes, l’encadrement de l’Organisation.
Quant à la mère, qui semble si lisse, ne vous y fiez pas, c’est la colonne vertébrale de la maisonnée et a un passé.
Voici pour la petite histoire dans la grande. Selma Dabbagh, très bien documentée, démonte une partie du mécanisme odieux. C’est le système occupant-occupé dans toute son horreur. « N’as-tu pas constaté que l’ennemi –et tu ne dois pas oublier de qui il s’agit- se sert de la tentative d’attentat de cette Hajjar pour justifier le bombardement d’ hier soir ? Souhaites-tu donc être comme elle ? Une militante ratée qui leur permettra de nous pilonner ? » C’est une drôle de course à la terreur. L’occupant bombarde Gaza parce qu’il y a eu tentative ou attentat. Les islamistes recrutent dans les rangs de l’OLP parce que Israël pilonnent Gaza, l’OLP, plus modérée parlemente pour essayer quoi ? Ils se tiennent tous comme dans une ronde infernale et les Gazaouis comptent leurs morts.
Un livre prenant qui permet une ouverture sur cette langue de terre morte, si disputée. Des pierres contre des bombes, est-ce équitable ? Se faire voler sa terre, écraser sa maison, tuer sa famille est-ce une vie ? Messieurs les anglais, vous avez tiré les premiers et voici le résultat d’une politique d’expansion économique et, surtout, coloniale.
« Je ne peux plus supporter cette situation ! … Ce n’est pas possible, nous ne pouvons plus nous entretuer. Non ! Je n’en peux plus ! Après tout ce que nous avons déjà subi » Parole d’une Gazaouite
Roman noir pour une réalité plus que noire. Suivre la vie des Mujahed donne plus de vérité, de concret à ce livre, permet de suivre tous les courants qui circulent au sein de cette famille et donc du pays.
Avec ce superbe livre, percutant, éclairant, je découvre une nouvelle maison d’éditions l’aube noire sous l’égide d’Harmonia Mundi bien connu dans le monde musical de qualité.
Livre lu dans le cadre Explorateur du polar organisé par Lecteur.com, qu’ils en soient remerciés.
"Gaza dans la peau" nous plonge dans la vie d'une famille gazaouite, les Mujahed.
Le père ancien cadre de l'OLP a quitté sa famille et vit désormais dans un pays du golfe. La suite du roman dira pourquoi.
Le mère s'occupe avec obstination du frère aîné Sabri , également ancien membre de "l'Organisation" , qui a perdu sa femme, son fils et ses jambes dans un attentat.
Enfin, les jumeaux Iman et Rashid qui ont grandi loin de la Palestine et y sont revenus à la fin de leurs études.
Tous essaient de trouver une voie dans le chaos et la violence quotidiens à Gaza.
Tout est très sombre dans ce roman : l'oppression et le mépris d'Israël, la guerre larvée entre les diverses factions palestiniennes, l'inaction de la communauté internationale et la montée de l'intégrisme qui lâche ses filets sur tous les désespérés.
Dans ce roman , Gaza n'est plus une abstraction , une lointaine zone de conflit. Elle est peuplée de nos alter egos pris dans un piège à ciel ouvert.
Certains ne renoncent pas pour autant à l'ironie, à l'humour, à leur humanité;
Roman dérangeant , et c'est justement une de ses qualités.
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