"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Amours en fuite - Bernhard SCHLINK
Des nouvelles…
Des nouvelles à la grandeur de ses romans
D’une guerre passée à l’usure de faux-fuyants
De l’infidélité aux regrets d’un amour en fuite
Des silences à des lignes qu’on ébruite
Sept nouvelles d’une écriture toujours plaisante
Où l’amour rend son cœur sans une âme brûlante
Dans une Allemagne aux traits tirés.
Il n’y pas de mots, mais des maux…Lisez !
"Le retour" est présenté comme le digne successeur de "Le liseur". Ce n'est probablement pas le le cas mais il n'en est pas moins intéressant. Peter, le protagoniste, a une vie bien organisée, peu de rêves, peu de famille, et peu de questions existentielles qui le traversent malgré une nature plutôt triste et angoissée. La rencontre avec Barbara, une femme rêveuse, énergique, tendre, agacée aussi et pas toujours facile à vivre, bouscule la recherche de l'étrange "Karl", le protagoniste des livres qu'écrivaient en secret ses grands-parents paternels (une mise en abîme). Et la mère de Peter n'est d'aucun secours, murée dans un silence obtus (très beau personnage aussi).
Si la première partie semble longue (le livre est en cinq parties) c'est qu'elle plante les détails de l'histoire et fait écho à la "théorie des fantômes et des revenants" (de A. Ancelin Schützenberger) magnifiquement bien mise en actes ici.
Entre l'idéal d'un père inconnu et peut-être une réalité si le "Karl" des histoires fictives croisent le "John" qui fut son père, les histoires de famille restent finalement silencieuses, et pourtant expliquent bien des trajectoires.
Comme toujours, Bernhard Schlink aborde aussi les relations de l'Allemagne coupée en deux après la 2e guerre mondiale mais aussi ce qu'est le Droit, comment il est définit, comment il est construit, comment il évolue. Cette réflexion arrive dans la 4e partie et elle est forte tant le Droit nous parait naturel et juste alors que c'est une construction qui répond souvent à des intérêts spécifiques qu'ils soient sociétaux ou plus individuels. L'auteur questionne aussi nos idées reçues sur ce que nous comprenons de l'Histoire et comment nous jugeons ceux qui ont vécu en pensant être nous-mêmes à l'abri de tout.
Seul bémol, et de taille, c'est la traduction. Elle est particulièrement maladroite et lourde ce qui ne rend pas service à cette oeuvre : des erreurs de vocabulaire ("les encombrements" pour les embouteillages p. 85 ; la "middlelife-crisis" qui est la crise de la quarantaine p. 95, "disputer" pour débattre qui n'est presque plus usité; etc.) ; des pléonasmes ("noria continue des avions" p. 321, etc.) et un style vraiment désuet et ampoulé.
Je suis tombée par hasard sur ce recueil de nouvelles. Par hasard et par bonheur.
Étonnamment, j'ai lu et beaucoup aimé le liseur, mais il ne m'est pas venu à l'esprit d'essayer un autre de ses ouvrages. La page Bernard Schlink était refermée.
Ça m'aura pris, quoi, à peine vingt ans, une broutille, pour pallier à cette erreur.
Sept nouvelles aussi cinématographiques que le liseur. Aussi habilement et intelligemment écrites.
On y retrouve vraisemblablement son thème de prédilection, le mensonge ou la fuite de la vérité. Et celle-ci qui surgit toujours, comme une ennemie finalement. Là où elle pourrait, devrait soulager, ne reste souvent que des hommes brisés.
Bien évidemment, l'impacte de l'Histoire n'est pas anodine dans sa littérature. Mais chez Bernard Schlink, on rudoie les tabous, on les brise, à grand renfort d'amour, de retrouvailles et de déchirures, les mêmes armes qu'à la chute du mur de Berlin en somme...
Ce recueil, ne serait-ce que pour les nouvelles La Circoncision ou Les pois gourmands, finement affûtées l'une et l'autre, mérite qu'on fasse le détour. Qu'on s'arrête à la station-service, avec ou sans... femme.
Un couple juif-allemand.
Un père qui a peut-être volé une toile de valeur pendant la guerre.
La découverte d'une liaison après la mort de son épouse...
J'aurais pu faire plus concis. Et simplement vous dire que si vous avez aimé le liseur, vous aimerez Amours en fuite.
J'aurais pu...
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