Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Ceux et celles qui me connaissent le savent : j’ai tendance à tout faire à l’envers. Ainsi, j’ai rédigé mon dernier devoir maison dans le désordre le plus total : j’ai commencé par la troisième partie, puis la deuxième, puis la première, puis la conclusion, et j’ai terminé avec l’introduction ! Dans la lecture, c’est exactement pareil : je ne lis jamais les chroniques d’un livre avant d’avoir lu celui-ci, mais seulement après. Les chroniques ne me servent pas du tout à me décider à acheter ou lire tel ou tel roman, mais uniquement à confronter mon opinion avec celles des autres blogueurs et blogueuses. C’est un peu bizarre, j’en ai bien conscience, mais je déteste savoir ce que pensent les autres tant que je ne me suis pas fait mon propre avis. Ensuite, seulement, j’aime découvrir les différents points de vue sur la question. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec Quelqu’un comme toi, comme pour les livres de Sarah Dessen en général, il semblerait que soit ça passe, soit ça casse. Vous vous en doutez surement, mais je suis dans la catégorie « ça passe », et plutôt deux fois qu’une !
Depuis toujours, il y a Halley et Scarlett, Scarlett et Halley : inséparables, indissociables, elles sont les meilleures amies du monde. Halley la timide, Scarlett l’intrépide : main dans la main, elles sont prêtes à affronter toutes les embuches qui se dresseront sur leur chemin. Du moins, c’est ce qu’elles pensaient. Car quand Michael, le petit ami de Scarlett, meurt dans un accident de moto, et que la jeune fille découvre qu’elle est enceinte de lui, Halley ne se sent pas à la hauteur : comment parviendra-t-elle à soutenir son amie, alors que c’est elle qui avait toujours besoin de son aide, de ses conseils, de son réconfort ? Sa tâche se complique d’autant plus que ses propres relations avec sa mère se détériorent progressivement, et que son esprit et son cœur sont de plus en plus absorbés par Tristan, le meilleur ami de Michael, qui ne cesse de lui tourner autour depuis la rentrée ….
L’on reproche parfois à Sarah Dessen ses intrigues trop « simplistes » … mais personnellement, c’est tout ce que j’aime chez elle, cette simplicité. On ne va pas se mentir : il ne se passe rien d’extraordinaire palpitant dans ce roman, pas de rebondissements rocambolesques, pas de suspense abracadabresque … Juste la vie. La vie dans toute sa banalité et sa singularité. Car Halley est à la fois une adolescente parfaitement comme une autre, avec son petit boulot d’été, ses petits tracas familiaux, ses soirées avec sa meilleure amie et les premiers émois de son cœur … Et une jeune fille pas comme les autres, car elle se retrouve du jour au lendemain « soutien émotionnel » de sa meilleure amie enceinte jusqu’aux dents d’un jeune homme décédé il y a peu. Mais contrairement à certains auteurs qui abordent la question de la grossesse à l’adolescence avec grands fracas et du pathos à n’en plus finir, Sarah Dessen reste admirablement discrète et délicatesse à ce propos. Oui, Scarlett est enceinte alors qu’elle n’a que seize ans, mais non, ce n’est pas l’élément central et important de cette histoire ….
Car le plus essentiel, finalement, c’est le cheminement d’Halley, qui en l’espace de quelques mois, grandit, murit, apprend à connaitre qui elle est et qui elle veut devenir. Apprend à tracer son propre chemin, à évoluer contre vents et marées ... Rien de plus, rien de moins. Ce roman, c’est celui des choix, petits et grands, insignifiants ou importants, qui font de nous ce que nous sommes, qui dictent ce que nous serons. Halley, cette jeune fille réservée, effacée, qui n’a jamais dit un mot plus haut que l’autre, qui a toujours fait ce qu’on attendait d’elle, qui s’est toujours reposée sur les décisions des autres, se dévoile à elle-même. Tandis que son cœur bat de plus en plus fort pour Tristan, Halley a le sentiment d’exister enfin : elle est quelqu’un. Pas uniquement l’ombre de sa meilleure amie ou de sa mère, mais elle, purement et totalement elle. Et même si, tout comme Scarlett, on brule d’envie de lui dire de se méfier de ce jeune homme bien trop différent d’elle, même si, comme sa mère, on aimerait la protéger de ce drame qui se profile à l’horizon, on sait, on sent, qu’elle doit vivre cette expérience jusqu’au bout pour en tirer quelque chose. Quelque chose qui la fera peut-être souffrir, mais qui la fera surtout grandir.
Ce qui est merveilleux avec ce roman, comme avec tous ceux de Sarah Dessen par ailleurs, c’est qu’il n’est nullement moralisateur : il n’y a absolument aucun jugement de valeur. Jamais. C’est justement là tout le message de ce roman, qui nous exhorte à ne jamais laisser quiconque vous juger, et surtout à ne jamais ne laisser influencer par les jugements des autres. Votre vie vous appartient, à vous et à personne d’autre. Il nous rappelle que, parfois, « il faut se battre contre vents et marées pour faire valoir qu’on est en accord avec soi-même. Avec sa conscience. Pur. Intègre. » Qu’il ne faut jamais laisser quelqu’un vous guider votre ligne de conduite, vous obliger à devenir quelqu’un que vous n’êtes pas. C’est difficile, Halley s’en rend compte : elle ne veut décevoir personne, et surtout pas ceux qu’elle aime et qui l’aiment … Mais Sarah Dessen nous murmurent ici « des mots qui expliquent, consolent et donnent du courage, dans la langue des comètes et des femmes que nous ne sommes pas encore mais que nous devenons toutes ».
En bref, vous l’aurez bien compris, ce fut vraiment une très belle lecture. Je dois reconnaitre qu’après avoir lu plusieurs ouvrages haletants de fantasy, j’ai eu du mal à me réhabituer à la lenteur de ce récit, qui nous rappelle finalement que la vie n’est pas une course, et qu’il faut parfois prendre le temps pour savoir qui l’on est et où on va. J’ai retrouvé avec plaisir cette douceur qui caractérise la plume et les récits de Sarah Dessen, cette douceur qui apaise les cœurs et les âmes : j’ai tourné la dernière page avec le sentiment d’être à nouveau en paix avec moi-même, revigorée pour l’avenir, soulagée des maux et des doutes qui m’assaillaient auparavant. Oui, vraiment, ses histoires guérissent tout en nous faisant passer de très bons moments en compagnie de personnages tout simplement attachants, tout en nous faisant rêver d’une magnifique amitié comme on n’en trouve que dans les livres, tout en nous faisant trembler tandis qu’un premier amour éclot sous nos yeux. J’ai bien conscience que l’histoire est peut-être trop simple, banale, presque clichée, pour plaire à tout le monde, mais moi, vraiment, ça me réussit !
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2020/05/quelquun-comme-toi-sarah-dessen.html
C’est l’histoire d’Auden, jeune adolescente qui a en apparence tout pour être heureuse : parcours scolaire excellent, expériences professionnelles gratifiantes et maturité exceptionnelle. Mais l’envers du décor est tout autre : parents divorcés, mère hautaine et sarcastique, père fainéant et égoïste, vie sociale proche du zéro absolu … Mais surtout, Auden est hantée par la culpabilité : celle de ne pas avoir réussi à empêcher la séparation de ses parents, celle de ne pas être aussi à la hauteur des espoirs de sa mère … Tout commence quand Auden, sur un coup de tête, décide de passer les vacances d’été chez son père, sa belle-mère et sa petite demi-sœur. Et ce qui au départ n’était dans son esprit qu’une vague imitation du voyage planétaire de son ainé se transforme, au gré des rencontres, en véritable épopée initiatique durant laquelle elle va découvrir tout ce dont son enfance a été dépourvue : amitié, virée shopping, fête arrosée, partie de bowling et premier mètre sur un vélo. C’est Eliott, tout aussi insomniaque qu’elle et hanté par son propre passé, qui va se charger de l’aider à accomplir sa « quête » nuit après nuit, tandis qu’une complicité précaire s’installe entre eux …
Comme pour tous les romans de Sarah Dessen, la force de celui-ci réside dans les personnages, principaux comme secondaires. Auden est une adolescente à la personnalité complexe, à la fois arrogante et irréprochable de par l’éducation maternelle et fragile et vulnérable depuis le divorce de ses parents. Auden est tiraillée entre l’envie de correspondre aux attentes de sa mère, de lui ressembler et de lui plaire, et le besoin d’être elle-même, de découvrir sa personnalité propre et de vivre la vie d’une adolescente normale. Eliott est un jeune homme discret et tout aussi complexe qu’Auden : d’un côté il exprime plus facilement ses sentiments, et de l’autre il reste très secret sur certains points de son passé. Eliott est à la fois populaire et réservé, il s’adapte aux événements et aux personnes qui l’entourent, il sait être drôle quand il le faut et sérieux quand cela est nécessaire. Auden et Eliott se ressemblent autant qu’ils se complètent : leurs différentes les rapprochent.
Mais chez Sarah Dessen, les personnages secondaires sont tout aussi indispensables que les protagonistes : c’est en les rencontrant et en apprenant à les connaitre qu’Auden va changer son regard sur le monde qui l’entoure. Au contact d’Heidi, elle va comprendre que coquetterie ne rime pas seulement avec niaiserie – comme sa mère aime le répéter – mais aussi avec sympathie. Grâce à l’amitié inattendue de Maggie, Leah et Esther, elle va apprendre à faire confiance à autrui et à accepter les mains tendues. Son frère Hollis va lui prouver que l’amour peut changer une vie et réussir là où la raison seule avait échoué. Sarah Dessen a réussi à donner vie à tous ses personnages, à les rendre humains en leur offrant une personnalité nuancée et en évitant les clichés. Même la petite Thisbé, du haut de ses quelques mois, possède un caractère qui lui est propre et qui la rend unique, aux yeux du lecteur comme à ceux des personnages.
J’ai également eu l’agréable surprise de retrouver Jason, le petit ami de l’héroïne de Pour toujours jusqu’à demain ! Les deux histoires sont parfaitement indépendantes et il n’est donc absolument pas nécessaire de lire les deux car Jason est un personnage secondaire et aurait parfaitement pu s’appeler Albert que le récit aurait été le même. Je trouve cependant qu’il est très amusant de retrouver le même personnage dans un contexte totalement différent, on découvre ainsi une autre facette de sa vie et de sa personnalité. J’adore quand un auteur glisse dans un roman une allusion discrète à un autre de ses récits, et j’espère que je vais retrouver d’autres petits clins d’œil de ce genre dans les autres livres de Sarah Dessen !
Nous avons ici une histoire assez simple, uniquement ciblée sur le personnage d’Auden et son évolution au fil du temps et des rencontres. Sarah Dessen ne nous offre pas une intrigue digne d’un roman policier, avec des secrets de famille et des complots à dénouer, elle nous invite à suivre une bribe de la vie d’Auden, de l’accompagner au cours de cet été durant lequel elle va prendre conscience de la richesse de la vie et va enfin apprendre à s’ouvrir à autrui. J’aime beaucoup ce genre de récit tout en fluidité et en simplicité, où l’accent est mis sur la psychologie des personnages et sur les relations entre les individus. Ce roman est un condensé de légèreté, de douceur, de finesse et de petits bonheurs. La narration elle-même est toute en tendresse et en délicatesse. En clair, ce roman est vraiment rafraîchissant et apaisant !
Mais l’évolution d’Auden est la conséquence d’un véritable travail de réflexion de sa part. Comme elle, le lecteur est invité à se poser des questions sur l’adolescence, le rapport mère-fille, la culpabilité mais aussi sur les préjugés, l’égoïsme et l’amitié. En route pour l’avenir est donc un roman en demi-teinte, léger et sérieux, mignon et profond. Sarah Dessen a un véritable donc pour exprimer les doutes et les craintes de l’adolescence, pour proposer des réponses simples et imagées à des questions que toutes les jeunes femmes en devenir peuvent un jour se poser. Aussi, je conseille ce livre à toutes les adolescentes qui cherchent un sens à leur vie, mais également à toutes les mamans qui souhaitent comprendre un peu mieux leurs filles. Plus généralement, je conseille ce livre à tous ceux qui cherchent un roman sympathique pour passer un bon moment de lecture !
Nous faisons donc la connaissance de McLean. Ou Lizbet, ou Eliza, ou peut-être Beth. On ne sait pas trop, et elle non plus : à force de changer d’identité à chaque déménagement, on finit par en oublier qui on est vraiment, au fond de son âme. D’autant plus quand on tente de faire table rase sur le passé et qu’on sait pertinemment bien qu’on ne va pas s’éterniser dans notre nouvel environnement. Mais très rapidement, le célèbre adage « Chassez le naturel, il revient au galop » prend tout son sens dans la vie de McLean qui, pour la première fois en l’espace de deux ans de pérégrinations, s’est retrouvée incapable de se cacher derrière un nouveau rôle. Soudainement obligée d’être de nouveau elle-même, elle va progressivement renouer avec son passé, sa famille et son identité. Et quelque chose pousse à croire que David, son nouveau voisin, n’est pas totalement étranger à ce soudain revirement de situation …
Une fois de plus, Sarah Dessen nous offre un roman aussi profond que léger, une histoire qui fait sourire et réfléchir. Par l’intermédiaire d’une narration aussi fluide que vivante, elle nous invite à s’immiscer dans les pensées d’une adolescente en souffrance suite au divorce de ses parents, d’une jeune fille en conflit permanent avec sa mère depuis qu’elle a décidé de suivre son père dans ses nombreuses tribulations professionnelles. Il ne faut pas bien longtemps pour comprendre les grandes étapes de la vie de McLean, moins longtemps encore pour distinguer son mal-être et s’attacher à elle. L’éclatement de sa famille a également sonné la rupture de son identité : à chaque nouveau déménagement, son père voguant de restaurants en faillite en restaurants en faillite pour tenter de les remettre sur les rails, McLean change d’identité pour ne plus avoir à porter le fardeau de son passé, mais aussi pour ne pas s’attacher trop profondément à ceux qu’elle rencontre et qu’elle va quitter quelques mois plus tard. Au bout de quelques chapitres, on comprend cependant que cela ne peut plus continuer ainsi et que nous allons assister au grand chamboulement qui va l’aider à renouer avec sa véritable identité.
Autour de McLean gravitent un certain nombre de personnages secondaires, qui ont cependant le mérite d’être bien plus profonds que de simples figurants destinés à servir l’intrigue. Ce que je veux dire par là ? C’est que tous les personnages, tous, sans exception, sont terriblement bien construits et qu’on pourrait parfaitement bien imaginer un roman consacré à chacun d’entre eux. Je pense par exemple à Deb, personnage qui m’a particulièrement touchée car elle a une histoire en dehors de celle que nous raconte ce roman. Je serai terriblement ravie si Sarah Dessen se décidait à nous en apprendre plus sur ce personnage, sur son passé ou son futur, dans un autre roman. Et je pourrais dire la même chose pour absolument tous les personnages dits secondaires, David en premier lieu : on sent que l’auteur a veillé à ce qu’ils ne soient pas uniquement des individus croisant la route de McLean, mais qu’ils soient au contraire de véritables personnages à part entière. Des personnages qui ont une vie avant et après l’instant I de l’intrigue. J’ai ainsi eu le plaisir de retrouver Jason, déjà présent dans Pour toujours jusqu’à demain et dans En route pour l’avenir, qui a bien évolué depuis ces deux romans mais qui fait allusion à ce passé que seuls les lecteurs de la bibliographie complète de Sarah Dessen peuvent comprendre. Même remarque pour Heidi, personnage secondaire d’En route pour l’avenir, que nous retrouvons ici des années plus tard, dans un autre contexte, un autre cadre, et qui a également changé depuis l’autre roman.
Une fois encore, Sarah Dessen a misé sur la simplicité pour son intrigue. Contrairement à certains auteurs qui s’obstinent à vouloir insérer des mystères et des complots dans leur histoire pour la pimenter, Sarah Dessen se contente de nous raconter les conflits intérieurs d’une adolescente en plein bouleversement émotionnel. Et c’est tout. Alors bien sûr, afin de servir cette évolution psychologique, l’auteur a choisi d’insérer quelques éléments annexes : le devenir du restaurant que son père tente de remettre sur pieds, la construction de la maquette en prévision du centenaire de la ville, le voyage estival des nouveaux amis de McLean … Ce sont des événements du quotidien, qui n’ont rien d’extraordinaire mais qui servent admirablement le récit par leur simplicité même. Il est vrai qu’il ne se passe « pas grand-chose » dans ce récit : pas de suspense insoutenable, pas d’actions spectaculaires, non, juste la représentation fidèle de cette étape dans la vie de McLean. Même la romance présente dans ce récit est d’une simplicité merveilleuse : pas de cliché, pas de surcharge, non, juste deux jeunes gens qui apprennent progressivement à se connaitre et à s’aimer. Bref, vous l’aurez compris, j’aime cette simplicité.
Et plus généralement, j’ai aimé ce livre, tout simplement. Ce n’est bien évidemment pas le chef-d’œuvre du siècle, mais c’est vraiment un roman très sympathique à lire et relire. On s’attache très facilement aux personnages, on accroche très rapidement à la narration simple et épurée, on prend plaisir à suivre l’évolution de McLean. Un roman tout en douceur et en finesse qui invite le lecteur à prendre conscience de la déchirure que représente un divorce, pas uniquement pour le couple en question mais aussi pour les enfants, qui sont parfois amenés à choisir l’un ou l’autre de leur parent et en ressentir une certaine culpabilité. Une histoire d’amour et d’amitié, de tolérance et de pardon, qui ravira tous les lecteurs, jeunes ou moins jeunes, ceux qui cherchent à se détendre comme ceux qui souhaitent réfléchir. Une narration fluide qui porte admirablement ce récit, sans lourdeur ou longueur. Bref, un très beau roman !
On a tous un livre qui est arrivé dans notre vie au bon moment, un livre qui faisait parfaitement écho avec notre état d’esprit, un livre qui depuis a une place toute particulière dans notre cœur et notre vie. Je ne fais pas exception à la règle. J’ai découvert ce livre au moment opportun pour l’apprécier vraiment, le méditer, pour m’en imprégner et en saisir toutes les subtilités. Et à chaque lecture, il me rappelle qu’il n’est pas nécessaire que tout soit parfaitement ordonné et sans le moindre petit défaut et qu’il faut savoir accepter les imprévus et les imperfections. Aussi je le relis assez régulièrement, comme piqûre de rappel !
Nous faisons donc la connaissance de Macy, la narratrice, qui a vu mourir son père et qui ne peut s’empêcher de se juger responsable de ce décès. Suite à ce jour tragique, Macy va vivre une longue période de confusion et d’incertitude : son monde s’est effondré autour d’elle et elle ne sait comment le reconstruire. Sa rencontre avec son petit copain, Jason, un lycéen modèle qui réussit dans tout ce qu’il entreprend, va lui donner une ligne de conduite, un objectif à atteindre, un modèle à reproduire. A partir de ce moment-là, Macy va tenter de tout contrôler, de tout régenter, afin de faire taire cet insupportable sentiment d’impuissance et d’insécurité.
Malgré tous ses efforts, Macy ne parvient pas à surmonter sa tristesse, à faire son deuil. Ne pouvant en parler avec sa mère, qui refuse toute conversation à ce sujet et qui semble ravie de constater que sa fille est parvenue à reprendre sa vie en main en se concentrant sur ses études, Macy se replie progressivement sur elle-même. Mais tout va changer lorsqu’elle rencontre Delia et son neveu, Tim, avec qui elle va découvrir que la vie est bien plus belle lorsque l’on accepte de se laisser surprendre par elle, lorsque l’on se laisse aller à s’émerveiller de ces petits instants de bonheur qu’on risquerait de manquer en étant obnubilé par une perfection par nature inaccessible.
Ce roman met en scène des personnages tous aussi attachants les uns que les autres. Macy est une adolescente fragilisée par la vie, qui n’arrive pas à gérer et partager ses émotions et qui va au cours de ce livre connaitre une véritable évolution. J’ai pris plaisir à la voir s’épanouir, grandir et se trouver. Tim est un jeune homme assez mystérieux, au passé tumultueux, que j’adorerai avoir comme grand frère : il est attentionné, honnête, drôle et sérieux à la fois. Son petit frère, Greg, est l’un de mes personnages fétiches de ce roman : il est tellement attendrissant avec sa passion pour les théories sur la fin du monde, avec ses gouts vestimentaires assez discutables et son envie d’être considéré comme un grand. Kristie, Monica et Delia sont à mes yeux des personnages qui auraient mérité une place plus importante car elles ont des tas de choses à nous apprendre !
Certains personnages sont pourtant moins sympathiques, du moins au premier abord. Beaucoup de lecteurs semblent avoir détesté Jason. Je peux comprendre leur point de vue, car il a causé beaucoup de tristesse à Macy, mais je ne le partage pas. Je pense qu’à sa manière, Jason est également un adolescent perdu qui a besoin de se rassurer par ses listes et ses décisions parfaitement rationnelles. De la même façon, je ne trouve absolument pas la mère de Macy antipathique ou détestable, bien au contraire. Dévastée par la mort de son mari, elle s’est réfugiée dans le travail et dans la routine du quotidien, et voit avec angoisse le moindre changement. Elle ne sait pas comment faire face à cette tristesse et cette douleur et préfère donc ne pas remuer le couteau dans la plaie et éviter toute allusion à ce sujet. Je plains cette femme plus que je ne la blâme, même s’il est vrai qu’elle n’est pas toujours très attentive aux besoins de sa cadette.
L’histoire en elle-même est assez « simple » : pas d’intrigue surchargée, pas d’éléments surajoutés. Sarah Dessen nous propose ici une incursion dans le quotidien d’une jeune fille mal dans sa peau, nous décrit tout simplement les circonstances qui l’ont conduit à retrouver gout à la vie. Pendant quelques centaines de pages, on chemine aux côtés de Macy, on pleure et on souffre avec elle, on rit et on sourit avec elle. La romance en elle-même n’est qu’esquissée, presque suggérée, car elle vient servir la reconstruction de Macy sans s’y substituer. Macy fait de nouvelles rencontres, noue de nouvelles amitiés et fait de nouvelles expériences, et je trouve toutes ses situations assez réalistes : Macy ne s’adapte pas facilement à ces situations inhabituelles, il lui faut du temps pour s’y sentir sereine. J’ai plus globalement apprécié le réalisme et la simplicité de l’histoire racontée : ceci aurait pu arriver à n’importe qui, ce qui ne rendait le roman que plus agréable à lire !
Concernant la plume de Sarah Dessen, même remarque : c’est simple mais sympathique. Pas de phrases alambiquées, pas de mots compliqués, on reste dans la clarté et la limpidité. J’ai trouvé les dialogues très vivants, chaque personnage avait ses tics de langage, sa manière de s’exprimer, et l’auteur a réussi le pari de nous décrire très justement les intonations et les particularités de langage propres à chacun. Mais la grande force de ce roman, c’est bien le flux d’émotions qu’il est parvenu à me faire ressentir ! Les pensées de Macy sont tellement bien retranscrites qu’on ne peut qu’être en empathie avec elle et ressentir les mêmes choses qu’elle. A chaque fois que je lis ce roman, je pleure et je ris, je tremble et je souris.
Pour résumer un peu tout cela, je vais faire très simple : ce roman est une véritable perle, un livre que je prends plaisir à lire et relire régulièrement. Par sa simplicité-même, il nous fait éprouver de nombreuses émotions, nous invite à nous laisser porter par la vie, à ne pas chercher à tout contrôler sous quoi nous risquerions de louper tout un tas de petits bonheurs ordinaires. Il s’agit également d’un livre très pertinent sur le deuil, sur la perte d’un être cher, un roman qui permet de comprendre qu’il est possible de retrouver le sourire suite à un pareil drame. J’ai eu un gros coup de cœur pour les personnages qui font toute la force et la puissance de ce récit. Je ne peux que vous recommander ce livre qui est vraiment très beau et très émouvant !
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