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Le roman prend la forme d'une longue lettre en vers et découpée en 16 mouvements. C'est une mère accroc au crack qui écrit à sa fille. Elle lui a été arrachée par les services sociaux alors qu'elle n'avait que quelques mois. Elle l'appelle "Ma douce". Elle veut lui dire son amour, lui expliquer sa déchéance, sa honte et aussi son espoir de la voir grandir et vivre.
"De minuit à minuit" parle de déterminisme social et de l'héritage des traumatismes. Cette mère va, en écrivant cette lettre, casser la chaîne de ce destin inévitable de néant qu'ont connu les femmes de sa lignée.
Ce récit est dur et noir. On comprend entre les mots ce que cette femme a subi dans l'enfance. Elle porte à la fois une voix remplie de rage et de douceur.
Je ne pourrais pas dire que j'ai aimé ce livre mais je ne pourrais pas dire non plus le contraire. En fait j'ai enchaîné plusieurs lectures avec des thèmes difficiles liés notamment à l'addiction et aux traumatismes. Celui-ci était peut-être de trop. Cela n'enlève en rien la qualité d'écriture de l'autrice. La fin de la lettre étant bouleversante et criante d'amour.
Un roman poème qui ne laisse pas indifférent.
La narratrice écrit une longue lettre à son bébé-fille dont la garde vient de lui être enlevée par les services sociaux. Afin de répondre aux questions que la future adulte pourrait se poser sur sa mère biologique, elle revient sur son passé misérable et douloureux et les traumatismes et addictions qui ont conduit à sa déshérence.
Beaucoup de douleur et de désespoir dans ce livre poignant qui reste longtemps imprimé dans l’esprit du lecteur/de la lectrice, bien loin des attentes de lumière que fait naître la 4e de couverture. C’est un texte lucide et féroce qui devrait sans mal trouver sa place sur scène, avec une comédienne qui scandera des mots parfois réalistes, parfois évanescents, toujours noirs et bien plombants.
J’ai vu que l’auteure a déjà publié un livre de poésie, elle reste dans cette veine avec « De minuit à minuit » : écriture en vers libre, structure en mouvements (et non en chapitres), retours à la ligne, pensées qui s’envolent... C’est parfois déroutant mais parfaitement adapté au chaos qu’elle décrit.
Ce livre voyage dans le cadre des 68 premières fois, merci à l’équipe pour cette belle aventure.
Ce texte, c'est d'abord et avant tout une voix, celle d'une mère junkie qui vient de perdre la garde de sa fille encore bébé, et s'adresse à elle, « ma douce », pour le jour où elle osera demander qui est sa mère biologique.
Une voix en seize chapitres nommés très justement « mouvements » tant le texte est mobile, liquide avec sa forme versifiée qui oscille entre prose et vers libres. N'étant que peu habituée à cette forme poétique, il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer et que le cri de cette mère me parvienne et que son instinctivité, sa sincérité brute me touche.
« L'écriture surgit de l'absence. Si je trace des plans sur le grand vide, sauras-tu funambuler jusqu'à moi ?
Je me suis dit : le fil, tisse le fil, je me suis dit : tresse le langage,
et la corde
jetée dans l'océan pour que tu puisses franchir le jour.
Il s'agir de vivre.
Aller de minuit à minuit,
encore
et encore
et encore. »
La déstructuration de ces phrases, avec leur syntaxe dérangée par les retours à la ligne, saccade le rythme de lecture pour dire au plus profond la fibre humaine qui anime cette mère déchue dont on découvre le parcours tragique, de l'enfance saccagée à la toxicomanie irréversible. On reçoit immédiatement toutes les nuances des mots choisis avec précision par l'autrice. La liberté de l'agencement des mots répond à la liberté trouvée à écrire, donnant ainsi un pouvoir sur le réel.
« Ils disent qu'on vit sur la colline du crack.
On vit sur le seul bout de terre
qu'ils nous ont laissé.
On crève.
On a l'iris-océan sur la dernière
grève et si la fin vient à venir, s'ils nous chassent
de la colline, on prendra les égouts et le silence de la nuit
pour leur rappeler qu'on existe. »
Le sujet n'est pas l'addiction, même si elle est très présente avec cette « colline du crack - « grand charnier hurlant à l'ombre de la ville des lumières et du pays de l'égalité, de la fraternité et de la liberté » - où vit la mère ; il s'agit avant tout de solitude de l'être, d'une femme, non blanche, née pauvre, à qui Sarah Mychkine donne la parole comme elle la donnerait à quelqu'un qui n'est pas censé l'avoir, une de ses invisibles, marginaux considérés comme un rebut de la société.
« Si tu savais,
je t'aimerai jusqu'à ce qu'ils me tuent,
parce qu'ils finiront par nous tuer,
à menton-poignard
d'indifférence.
Mais je t'aimerai
jusqu'au bout et au-delà encore.
Je t'aimerai pour tous leurs silences, ma douce. »
Le récit se fait rapidement politique car la mère, à la fois martyre et témoin, veut montrer à sa fille la réalité d'un monde qui crée de la violence, maltraite les corps des plus faibles et tolère la misère sociale du moment qu'elle est loin des regards. La mère crie pour être, comme un contre-récit à la déréliction qui l'entoure et la submerge. Elle crie pour s'arracher à sa condition de mère-néant, guidée par cet amour maternel qu'elle crie dans le silence car cette adresse sera forcément sans réponse.
« Pardonne-moi.
J'aurais voulu accoucher de soleils pour que tu te saches plus
grande que l'univers.
Pardonne-moi.
Entre mes cuisses,
il n'y a que poussière. »
Un très beau texte à fleur de mots souvent au flow déchirant et puissant.
Lu grâce aux 68 premières fois
Je sens que je suis à contre-courant avec cette lecture.
J'aurais dû , j'aurais pu être plus touchée par ce texte, par cette lettre. . Mais voilà j'ai été souvent agacée par cette victimisation ambiante. Les coupables ce sont les autres, les blancs. Aucune remise en question. On retombe encore dans un cliché.
Désolée pas d'empathie et je le regrette
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