"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une bande dessinée qui me fait découvrir des bribes de vies de ces deux icônes.
Et j’avoue que je ne les connaissais pas du tout avant.
En exergue, les mots de Pier Paolo Pasolini, extrait de Poésies 1943-1970 :
« Dans ce monde coupable, qui se contente d’acheter et de mépriser,
Le plus coupable, c’est moi, desséché par l’amertume. »
Les dessins de Sara Briotti et les textes de Jean Dufaux nous font entrer dans le monde de ces deux artistes au moment où Maria a été abandonnée par le richissime Aristote Onassis et Pier Paolo Pasolini par Ninetto, un garçon de la bourgeoisie rencontré lors d’un tournage. La célèbre cantatrice et le réalisateur se retrouvent pour tourner le film Médée, adaptation du texte mythique d’Euripide.
La désillusion et une grande solitude sont souvent présentes pour ces deux artistes à ce moment de leur vie. Deux belles pages sépias évoquent les manifestions étudiantes de Pier Paolo et ses espoirs politiques qui semblent loin maintenant : « La jeunesse… Cette jeunesse que j’aime car elle m’a appris l’essentiel… Mais je ne la reconnais plus à présent, tant elle me semble triste... »
A la fin de volume, j’ai apprécié de trouver un dossier fournissant des éléments supplémentaires - avec de beaux portraits crayonnés de la Callas - où il est précisé : « Qu’est-ce que la réalité sans légende ? Pour autant respectons la réalité. ».
J’ai apprécié le talent de la dessinatrice pour la minutie des détails, sa capacité à rendre la luxuriance des intérieurs bourgeois et plus encore celle des paysages et des rues du Brésil. Quelquefois, le dessin jaillit du cadre, procédé permettant d’apporter du mouvement. La coloriste Alice Scimia apporte ses merveilleuses couleurs. L’air de la Habanera colle parfaitement à ce superbe album qui nous rend proches de ces deux artistes malheureux, Maria décédée à cinquante trois ans dans la solitude et Pier Paolo assassiné sur une plage. Mais la vie pétille toujours quand on écoute une fois encore Maria chanter « L'amour est un oiseau rebelle », à retrouver en illustration sur le blog Bibliofeel ou page Facebook Clesbibliofeel...
Maria Callas est une personne que j’apprécie tout particulièrement, en tant qu’artiste lyrique, mais aussi en tant que femme. Jusqu’à présent en bande dessinée, seul l'album “Callas, je suis Maria Callas”, lui était consacré.
Avec La Callas et Pasolini, un amour impossible de Jean Dufaux (scénario) et Sara Briotti (Dessin, Couleurs) publié chez Aire Libre, l’approche est toute autre.
Maria Callas n’existe pas en raison de sa relation contrariée avec Aristote Onassis. Elle n’est plus la diva adulée qu’elle était.
À cette période critique de sa vie, en 1969, elle est très proche de Pier Paolo Pasolini le grand réalisateur et poète italien qui a été abandonné par son compagnon qu’il adorait.
Ces deux êtres, trompés par les personnes qu’ils aimaient plus que tout, vont se rapprocher et vivre une passion pendant un voyage au Brésil.
La Callas et Pasolini se sont rencontrés en Turquie sur le tournage du film Médée. Tout chez Pier Paolo plaît à Maria. Sa beauté, son intelligence, son humour.
Mais l’homosexualité du réalisateur rend improbable cet amour. Comme ce fut d’ailleurs le cas précédemment pour Maria Callas avec Luchino Visconti.
Deux hommes qui ont profondément aimé la Diva, mais pas comme elle l’aurait espéré, pas comme elle le désirait.
Pendant quelques jours, à l’occasion de la promotion du film Médée en Amérique du Sud, Maria et Pier Paolo vont vivre ensemble dans un endroit totalement improbable, la favela de la Rocinha à Rio de Janeiro.
Un lieu où personne ne les connaît, là où ils vont pouvoir être enfin eux-mêmes et où Maria va imaginer qu’un amour impossible puisse prendre vie.
Quelle est la part de réalité dans ce récit ? Quelle est la part de fiction apportée par Jean Dufaux ? Peu m’importe, cet album m’aura permis de retrouver Maria Callas la femme magnifiquement mise en image par le trait de la jeune dessinatrice Sara Briotti.
Elle est belle, amoureuse, rayonnante, heureuse de vivre. Elle est enfin une femme à qui un homme brillant fait attention et qui ne voit pas seulement en elle l’immense cantatrice qu’elle était.
Cet ouvrage est un très bel hommage à celle dont la voix dans La Traviata, Tosca ou Norma ne pourra que vous émouvoir.
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